Hommage aux petits passagers
Ours
en peluche et poupée en porcelaine, jouets favoris des enfants gâtés |
Effroyable bilan
Selon le règlement de la White Star Line, étaient considérés comme enfants les passagers âgés de 1 à 12 ans et comme bébés les nourrissons de moins d'un an. C'est à eux que cette page est consacrée.
Le tableau suivant, extrait du bilan du naufrage établi en 1912 par la Commission Britannique d'Enquête, montre ce qu'il advint des enfants se trouvant à bord du Titanic:
BILAN DU NAUFRAGE |
1ère CLASSE |
2ème CLASSE |
3ème CLASSE |
TOTAL | ||||||||
Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | |
Enfants de sexe masculin |
5 | 0 | 5 | 11 | 0 | 11 | 13 | 35 | 48 | 29 | 35 | 64 |
Enfants de sexe féminin |
1 | 0 | 1 | 13 | 0 | 13 | 14 | 17 | 31 | 28 | 17 | 45 |
TOTAL | 6 (100 %) |
0 | 6 | 24 (100 %) |
0 | 24 | 27 (34,2 %) |
52 | 79 | 57 (52,3 %) |
52 | 109 |
Ces chiffres sont approximatifs car si, pour
la plupart des enfants, un âge inférieur à 12 ans est une
évidence, pour d'autres, elle repose sur des témoignages avec
les imprécisions qu'ils comportent. Certains enfants, en limite
d'âge, ont probablement étés considérés comme adultes et
réciproquement.
Les chiffres relatifs aux enfants de 1ère
Classe contiennent, en outre, une erreur manifeste: la petite
Loraine Allison, âgée d'à peine 3 ans, fut victime du
naufrage. Le bilan ci-dessus, tels qu'ils fut publié, mérite
donc correction.
Avec les informations aujourd'hui disponibles, il est maintenant possible de dresser une liste des petits passagers, s'approchant au plus près de la réalité. La liste présentée ci-dessous peut cependant contenir quelques erreurs, en très faible nombre, mais en tout cas plus proche de la vérité que celle établie à l'époque du naufrage. De telles anomalies peuvent s'expliquer par le fait qu'au début du siècle dernier, dans certains pays étrangers notamment, les déclarations de naissances ne faisaient pas l'objet d'actes officiels. Des approximations d'âges demeurent donc et ne pourront probablement jamais être corrigées.
Les petits
passagers du Titanic
(les survivants sont
indiquées en caractères gras)
CLASSE | NOM | AGE | SEXE | CANOT / (CORPS) |
1 | ALLISON,
Helen Loraine ALLISON, Hudson Trevor CARTER, William Thornton II DODGE, Washington SPEDDEN, Robert Douglas
Nota: |
2 ans 10 mois 11 mois 11 ans 4ans 6 ans |
F M M M M |
- 11 4 5 3 |
2 | BECKER,
Marion Louise BECKER, Richard F. CALDWELL, Alden Gates COLLYER, Marjorie Charlotte "Madge" DAVIES, John Morgan Jr DREW, Marshall Brines HÄMÄLÄINEN, Wiljo HARPER, Annie Jessie "Nina" HART, Eva Miriam LAROCHE, Louise LAROCHE, Simone Marie Anne Andrée MALLET, André Clément NAVRATIL, Edmond Roger NAVRATIL, Michel Marcel QUICK, Winifred Vera QUICK, Phyllis May RICHARDS, William Rowe RICHARDS, Sibley George WELLS, Joan WELLS, Ralph Lester WEST, Constance Miriam WEST, Barbara Joyce Nota: |
4 ans 21 mois 10 mois 8 ans 8 ans 8 ans 8 mois 6 ans 7 ans 21 mois 3 ans 22 mois 2 ans 4 ans 8 ans 2 ans 3 ans 9 mois 4 ans 2 ans 4 ans 10 mois |
F M M F M M M F F F F M M M F F M M F M F F |
11 11 13 14 14 10? 4 11 14 14? 14? 10? D D 11 11 4? 4? 14 14 10 10 |
3 |
AKS, Frank Philip ANDERSSON, Sigrid Elisabeth ANDERSSON, Ingeborg Constanzia ANDERSSON, Ebba Iris Alfrida ANDERSSON, Sigvard Harald Elias ANDERSSON, Ellis Anna Maria ASPLUND, Carl Edgar ASPLUND, Clarence Gustaf Hugo ASPLUND, Lillian Gertrud ASPLUND, Edvin Rojj Felix BACLINI, Marie Catherine BACLINI, Eugenie BACLINI, Helene Barbara BETROS, Seman BOULOS, Nourelian "Laura" BOULOS, Akar COUTTS, William Loch "Willie" COUTTS, Neville Leslie DANBOM, Gilbert Sigvard Emanuel DEAN, Bertram Vere DEAN, Elizabeth Gladys "Millvina" EMANUEL, Virginia Ethel FORD, Robina Maggie GOLDSMITH, Frank John William "Frankie" GOODWIN, William Frederick GOODWIN, Jessie Allis GOODWIN, Harold Victor GOODWIN, Sidney Leslie HASSAN, Houssein G. N. HIRVONEN, Hildur Elisabeth JOHNSON, Harold Theodor JOHNSON, Eleanor Ileen JOHNSTON, William Andrew JOHNSTON, Catherine Nellie KARUN, Manca KINK-HEILMANN, Luise Gretchen KLASÉN, Gertrud Emilia LEFEBVRE, Henri LEFEBVRE, Ida LEFEBVRE, Jeanne MOOR, Meier MOUBAREK, Gerios ("George") MOUBAREK, Halim Gonios ("William George") NAKID, Maria NICOLA-YARRED, Elias ("Louis Garrett") OLSEN, Artur Karl PANULA, Juha Niilo PANULA, Urho Abraham PANULA, Eino Viljami PÅLSSON, Gösta Leonard PÅLSSON, Paul Folke PÅLSSON, Stina Viola PÅLSSON, Torborg Danira PEACOCK, Alfred Edward PEACOCK, Treasteall PETER / JOSEPH, Michael J. ("Michael Joseph") PETER / JOSEPH, Anna ("Mary Joseph") RICE, Albert RICE, George Hugh RICE, Eric RICE, Arthur RICE, Eugene Francis ROSBLOM, Salli Helena SAGE, Elizabeth Ada SAGE, Constance Gladys SAGE, Thomas Henry SANDSTRÖM, Beatrice Irene SANDSTRÖM, Marguerite Rut SKOOG, Karl Thorsten SKOOG, Harald SKOOG, Mabel SKOOG, Margit Elizabeth STRÖM, Telma Matilda THOMAS / TANNOUS, Tannous Assad Alexander TOUMA, Maria Youssef ("Mary Thomas") TOUMA, Georges Youssef ("George Thomas") VAN BILLIARD, James William VAN BILLIARD, Walter John VAN IMPE, Catharina Nota: |
10 mois 11 ans 9 ans 6 ans 4 ans 2 ans 5 ans 9 ans 5 ans 3 ans 5 ans 3 ans 9 mois 10 ans 7 ans 9 ans 9 ans 3 ans 5 mois 1 an 10 semaines 5 ans 7 ans 9 ans 11 ans 10 ans 9 ans 19 mois 11 ans 2 ans 4 ans 18 mois 8 ans 7 ans 4 ans 4 ans 16 mois 5 ans 3 ans 8 ans 7 ans 7 ans 4 ans 18 mois 12 ans 9 ans 7 ans 2 ans 13 mois 2 ans 6 ans 3 ans 8 ans 7 mois 3 ans 4 ans 2 ans 10 ans 8 ans 7 ans 4 ans 18 mois 2 ans 10 ans 7 ans 4 ans 15 mois 4 ans 11 ans 5 ans 9 ans 2 ans 2 ans 5 mois 9 ans 8 ans 10 ans 9 ans 10 ans |
M F F F M F M M F M F F F M F M M M M M F F F M M F M M M F M F M F F F F M F F M M M F M M M M M M M F F M F M F M M M M M F F F M F F M M F F F M F M M M F |
11 - - - - - - - 15 15 C C C - - - 2 2 - 10 10 13 - D - - - - - 15 15 15 - - 15 2 - - - - 14 C C C C 13 - - (4) - - - - - - D(?C) C(?D) - - - - - - - - - 13 13 - - - - - 16 C C - (1) - |
Compte tenu de la liste ci-dessus, le bilan du naufrage revu et corrigé s'établit ainsi:
BILAN DU NAUFRAGE |
1ère CLASSE |
2ème CLASSE |
3ème CLASSE |
TOTAL | ||||||||
Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | Sauvés | Victimes | Total | |
Enfants de sexe masculin |
4 | 0 | 4 | 11 | 0 | 11 | 15 | 28 | 43 | 30 | 28 | 58 |
Enfants de sexe féminin |
0 | 1 | 1 | 11 | 0 | 11 | 15 | 21 | 36 | 26 | 22 | 48 |
TOTAL | 4 (80 %) |
1 | 5 | 22 (100 %) |
0 | 22 | 30 (38,0 %) |
49 | 79 | 56 (55,8 %) |
50 | 106 |
Sur les 1316 passagers qui se trouvaient à bord du Titanic, 106 étaient des enfants de moins de 12 ans. Parmi eux, 50 furent victimes du naufrage: seule Loraine Allison voyageait en 1ère Classe, toutes les autres petites victimes étant en 3ème Classe. On ne retrouva seulement que 2 corps: Walter John van Billiard, 9 ans, qui fut la première des victimes retrouvées sur le lieu du naufrage, et Sydney Leslie Goodwin, 19 mois, qui resta, jusqu'en 2007, "l'enfant inconnu".
La catastrophe du Titanic provoqua
une émotion considérable dans le monde entier et plus
particulièrement au Royaume-Uni d'où étaient originaires
nombre de passagers et la quasi totalité de l'équipage.
A l'annonce de la nouvelle du naufrage, les enfants des écoles
furent bouleversés, comme en témoigne cet extrait du Journal de
l'École de
Filles de Northam, Southampton, datant du 15 Avril 1912: "Un
grand nombre de filles sont absentes cet après-midi à cause des
tristes nouvelles concernant le Titanic. Des pères et des
frères sont sur le navire. Quelques unes des petites ont été
en pleurs tout l'après-midi".
Les enfants britanniques s'engagèrent avec tout leur coeur dans un grand élan de solidarité, en déposant leurs dons et en participant à la collecte des fonds de secours aux familles des victimes.
La traversée des enfants et le naufrage
Parmi les riches passagers de 1ère Classe, certains étaient accompagnés de leurs domestiques et, en particulier, d'une nurse chargée de veiller sur leurs jeunes enfants. Il en était ainsi pour les familles Allison et Spedden.
Les enfants voyageant en 2ème et
3ème Classes étaient, par principe,
autorisés à prendre leurs repas avec leurs familles dans les
Salles à manger correspondantes (ponts D et F).
En revanche, en 1ère Classe, l'accès
des enfants à la Salle à manger du pont D et au Restaurant à
la Carte, sur le pont B, ne leur était autorisé que parce que
la capacité de logement de la 1ère
Classe n'était pas atteinte. Certains prirent cependant leurs
repas dans leur cabine.
Pendant la traversée, les enfants pouvaient avoir différentes distractions:
En 1ère Classe:
- monter sur un cheval ou un chameau mécanique au gymnase, ou sur une bicyclette fixe, ou encore s'entraîner sur une machine à ramer.
Le gymnase leur était réservé de 13 h à 15 h, chaque jour. Le moniteur, T. W. McCawley, aimait leur montrer comment se servir de ces équipements;- regarder les chiens des passagers quand ils étaient conduits en promenade, matin et soir, sur le pont arrière;
- jouer au palet, aux quilles, au passe-boules ou à d'autres jeux de pont;
- assister à un concert dans le Grand Salon, le soir;
- s'amuser dans le Café Véranda qui servit de salle de jeux.
En 2ème Classe:
- patiner ou jouer aux petits chevaux, sur le pont.
Ruth Becker, 12 ans 1/2, aurait aurait promené son jeune frère Richard, 21 mois, dans un landau mis à disposition par la White Star Line;- lire dans la bibliothèque.
En 3ème Classe:
- jouer sur le pont de poupe.
Frank Goldsmith, 9 ans, se balança sur la grue à bagages, sur le pont inférieur, et se tacha les mains de graisse. Avec un groupe de petits camarades, il monta et descendit en courant les escaliers pour explorer toutes les parties permises du navire. Il descendit même dans une chaufferie et fit des signes aux soutiers qui pelletaient le charbon.
Auprès du Commissaire de bord, les parents pouvaient louer des poussettes mises à leur disposition par la White Star Line.
Les enfants étaient heureux d'avoir des jouets dans leurs bagages afin de se distraire à bord. Pour les plus gâtés, ou les plus fortunés, un ours en peluche (comme Eva Hart, 7 ans, et Douglas Spedden, 6 ans) ou une poupée en porcelaine (comme Eva Hart et Marjorie Collyer, 8 ans, qui perdit la sienne) était un compagnon des plus appréciés. D'autres devaient se contenter d'une poupée de chiffon ou d'un souvenir que leurs parents pouvaient acheter dans les boutiques des coiffeurs.
Au moment du naufrage, la plupart des enfants étaient
endormis. Leurs parents durent les réveiller et les habiller à
la hâte, lorsqu'ils en eurent le temps.
Certains furent difficiles à convaincre qu'il était nécessaire
de monter sur le pont et, malgré tous les prétextes
compréhensibles pour leur âge, la tâche fut délicate. Ceux
qui avaient atteint l'âge de raison comprirent l'urgence de la
situation, mais les plus jeunes n'en eurent pas conscience.
La montée des passagers de 3ème Classe des ponts inférieurs jusqu'au pont des embarcations fut parsemée d'obstacles et certains restèrent prisonniers des installations, avec leurs enfants.
Sur le pont, la consigne "les femmes et les enfants d'abord" ne fut pas toujours respectée. Mais il convient de dire aussi que nombre de passagers furent réticents à prendre place dans une frêle embarcation de sauvetage devant affronter une descente jusqu'à la mer, préférant rester sur un grand paquebot où, le pensaient-ils, ils seraient plus en sécurité.
Pour réconforter les enfants à bord des canots, les parents d'efforcèrent de faire bonne contenance et jouèrent avec eux pour ne pas les inquiéter. Par exemple:
Lorsque les canots accostèrent le Carpathia, les hommes grimpèrent par des échelles de corde alors que les femmes furent hissées assises dans des noeuds de chaise. Les enfants, trop petits pour monter ainsi, furent hissés dans des sacs de cendres en toile. A bord, ils furent installés au chaud et réconfortés. On leur donna des boissons chaudes et des couvertures. Certains bénéficièrent de vêtements que leur donnèrent les passagers du Carpathia, mais d'autres durent se contenter d'habits de fortune taillés dans l'urgence.
William Rowe Richards,
3 ans,
vêtu d'une robe de chambre taillée
dans une couverture du Carpathia
Hommage aux enfants
Parmi tous les petits passagers dont la plupart, et notamment en 3ème Classe, appartenaient à des familles d'émigrants partis avec l'espoir d'une vie meilleure en Amérique, certains eurent un sort particulier, tragique ou heureux, ou encore vécurent des instants étonnants. Ces faits méritent notre attention ...
Leah Aks, 18 ans, d'origine polonaise, voyageait en 3ème Classe avec son petit "Filly", 10 mois, pour rejoindre son mari Samuel qui s'était installé comme tailleur à Norfolk, en Virginie. Comme la 3ème Classe n'était pas entièrement occupée, Leah et Filly avaient la chance d'avoir une cabine pour eux seuls.
La nuit du naufrage, au moment de l'évacuation, Leah Aks réveilla Filly et suivit la foule jusqu'au pied de l'escalier arrière de 3ème Classe. Il y avait tant de monde qu'elle se rendit compte qu'elle ne pourrait pas passer, aussi elle recula. Voyant la situation dans laquelle elle se trouvait avec son bébé, des marins formèrent une échelle humaine avec leurs bras: ils la poussèrent et le hissèrent jusqu'en 2ème Classe, et c'est grâce à eux qu'elle put atteindre le pont des embarcations.
Alors qu'elle attendait de pouvoir embarquer sur un canot de sauvetage, Leah se retrouva à côté de Madeleine Astor. En voyant le bébé, Mrs Astor, qui était enceinte de 5 mois, ôta son châle et l'enroula autour de lui pour qu'il ne prenne pas froid.
Alors que le canot N° 11 commençait sa descente, un homme tenta de resquiller et de s'y introduire mais fut refoulé par des stewards qui lui crièrent que la priorité était aux femmes et aux enfants. Fou de rage, il arracha Filly à Leah alors qu'elle le serrait contre elle et le lança dans le canot. Leah se battit pour le récupérer mais fut repoussée par des hommes d'équipage qui lui dirent d'aller chercher plus loin son propre salut. Dans sa chute, Filly fut attrapé au vol par une femme que l'on suppose être l'Italienne Argene del Carlo (on dit aussi qu'il pourrait aussi s'agir de Elizabeth Nye) qui l'assit sur ses genoux puis l'enveloppa dans une couverture afin de le tenir bien au chaud. Argene del Carlo était enceinte et son mari, Sebastiano, n'avait pu prendre place dans le canot car, ne parlant que l'Italien, ils n'étaient pas parvenus à faire comprendre aux Officiers qu'Argene avait besoin que son mari reste près d'elle. Sebastiano était resté sur le Titanic.Pendant ce temps, Leah Aks, en état de choc et n'ayant pas eu l'autorisation de monter pour accompagner son bébé, fut poussée dans le canot N° 13 où Selena Rogers Cook la surveilla et la réconforta toute la nuit. Dans ce même canot, Ruth Becker, 12 ans 1/2, émue par la détresse de Leah, lui promit de l'aider à retrouver son bébé. Filly était tellement emmitouflé dans les couvertures que Leah craignait qu'on ne le prenne pour un bagage et qu'on le jette dans l'océan. Tout bagage en excès était, en effet, jeté à la mer. On raconta même que Filly aurait été confondu avec un ballot de linge et que quelqu'un, pour faire de la place dans le canot, aurait voulu jeter le paquet à la mer mais que les cris du bébé l'auraient sauvé juste à temps. Fort heureusement, il n'en fut rien, et les 2 canots furent récupérés par le Carpathia.
Quand le canot N° 11 atteignit le Carpathia, Filly fut hissé dans un seau. Arrivée aussitôt après sur le pont, Argene del Carlo le saisit des bras d'un passager qui l'avait sorti du seau, en déclarant que c'était son enfant.
A son arrivée sur le Carpathia, Leah parcourut le pont à la recherche de Filly mais, acceptant finalement ce qui lui semblait être la vérité, elle partit se recroqueviller sur un matelas et s'abandonna à sa douleur. Selena Rogers Cook continua à veiller sur elle pendant 2 jours tandis qu'elle demeurait inconsolable et s'affaiblissait en raison du manque de nourriture. Le 17 Avril, Serena insista pour que Leah aille prendre l'air dans l'espoir de stimuler son appétit. Laeh n'accepta que parce que Serena la convainquit qu'elle devait rester forte pour son mari, Sam. Les larmes aux yeux, Leah s'assit sur le pont en compagnie de Selena. Tout à coup, elle entendit les pleurs de Filly, comme seule une mère sait reconnaître ceux de son enfant. Levant les yeux, elle vit une femme assise à proximité, serrant un bébé contre elle. Leah se précipita et lui agrippa le bras. Filly reconnut joyeusement sa maman et lui tendit ses petits bras. Mais la femme ne voulut pas le rendre et se défendit en disant que, dans le canot, l'enfant lui était tombé dans les bras et que c'était un don du ciel (elle aurait aussi prétendu qu'il s'agissait de son propre bébé). Elle s'éloigna en vitesse, le regard apeuré et serrant davantage le bébé. Leah et Selena partirent aussitôt s'adresser au Commandant Rostron et Leah lui demanda de l'aider à reprendre son bébé. Rostron réunit les 2 rivales dans ses quartiers et demanda à chacune de lui fournir une preuve d'identification. Leah décrivit une tache de naissance que Filly avait sur la poitrine et celui-ci lui fut immédiatement rendu (une autre version dit que la famille Aks étant de confession juive, le facteur critique de l'identification aurait été que Filly était circoncis !). Ruth Becker, qui avait promis d'aider Leah, fut ravie d'apprendre ces heureuses retrouvailles. C'est en raison de cette aventure que Filly Aks fut appelé le "Bébé du Titanic".Lorsque, l'année suivante, Leah Aks donna naissance à une fille, elle la prénomma "Sarah Carpathia", en témoignage de reconnaissance envers le Commandant Rostron du Carpathia. Mais, en rédigeant le certificat de naissance, les religieuses de l'hôpital inscrivirent "Sarah Titanic Aks" !
Helen Loraine, 2 ans et 10 mois, et Hudson Trevor Allison, 11 mois, étaient les 2 enfants de Hudson et Bess Allison.
Hudson Allison était un brillant courtier de banque de Montréal. En Décembre 1911, Hudson partit en voyage d'affaires en Angleterre et emmena sa famille.Pour leur voyage de retour, les Allison embarquèrent en 1ère Classe sur le Titanic, accompagnés de leurs domestiques, en particulier d'Alice Cleaver, la nurse du petit Trevor.
Trevor et Loraine Allison
Lors du naufrage du Titanic, la famille Allison vécut un terrible drame. Tous les détails sont donnés ici.
Loraine Allison fut le seul enfant de 1ère et 2ème Classes à ne pas survivre à la catastrophe.
Lillian Gertrud et Carl Edgar ASPLUND
Parmi les petits passagers du Titanic, se trouvaient 2 enfants jumeaux: Lillian Gertrud et Carl Edgar Asplund, 5 ans.
Leurs parents, Carl et Selma, avaient déjà vécu quelque temps aux États-Unis où ils s'étaient mariés. Ils étaient revenus en Suède, leur pays d'origine, avec leurs 4 enfants: Filip Oscar, Clarence Gustaf Hugo, et les jumeaux. Un nouvel enfant, Edvin Rojj Felix, était né en Suède.
La famille décida d'émigrer de nouveau et embarqua en 3ème Classe sur le Titanic pour aller s'installer à Worcester, Massachusetts.
Lillian et Felix Asplund
Lors du naufrage, des 7 membres de la famille Asplund, seuls furent sauvés Selma, la mère, et les enfants Lillian, 5 ans, et Felix, 3 ans.
Lillian fut ainsi séparée pour toujours de Carl, son frère jumeau.
Alden Gates Caldwell, 10 mois, était le fils unique de Albert Francis et Sylvia Mae Caldwell, professeurs dans une école chrétienne au Siam. Alden était né à Bangkok, le 10 Juin 1911.
En Avril 1912, la famille Caldwell revint chez elle, à Roseville dans L'Iilinois, et embarqua en 2ème Classe sur le Titanic pour lequel ils avaient vu une publicité en passant par Naples.Lors de l'embarquement, Sylvia Caldwell demanda à l'un des hommes d'équipage: "Ce navire ne peut-il vraiment pas couler ?". L'homme lui fit cette réplique, aujourd'hui célèbre: "Non, Madame, Dieu lui-même ne pourrait le faire couler".
Le soir du 14 Avril 1912, les Caldwell furent réveillés par le bruit de la collision avec l'iceberg suivi de l'arrêt des machines. Sylvia ressentit violemment le choc, ce qui la fera déclarer: "On aurait dit un gros chien en train de secouer un petit chat dans sa gueule". Ils montèrent sur le pont où un marin leur parla de l'iceberg mais leur dit qu'il n'y avait pas de danger pour le navire. Ils retournèrent se coucher et furent à nouveau réveillés pas quelqu'un qui tapait sur leur porte en criant: "Tout le monde sur le pont avec les gilets de sauvetage".
Peu inquiet, Albert s'habilla sommairement, laissant son plus beau costume. Il monta ensuite sur le pont, avec Sylvia et tenant le petit Alden enroulé dans une couverture.Au moment où le canot N° 13 allait descendre, Sylvia Caldwell monta et s'installa au milieu du canot. Pendant ce temps, quelqu'un lança le paquet que portait son mari au steward Frederick Dent Ray, assis à l'arrière. En l'ouvrant, Ray constata que ce colis contenait en réalité le bébé Alden Caldwell. Quelques secondes plus tard, Albert embarqua à son tour, à l'avant. A l'extrémité du canot, une femme tint le bébé car Sylvia était coincée au milieu et ne pouvait se déplacer. Le petit Alden dormit ainsi pendant une heure dans les bras d'une nurse occasionnelle. Mais, tout à coup, le bébé éclata en sanglots. La femme se tourna vers son voisin, Lawrence Beesley, et lui demanda: "Voudriez-vous vous pencher et voir si les pieds du bébé ne dépassent pas de la couverture ? Je ne connais pas grand-chose aux tout-petits, mais je sais que leurs pieds doivent rester au chaud". Beesley constata que les pieds d'Alden étaient exposés au froid et dès qu'il les enveloppa dans la couverture, les pleurs s'arrêtèrent.
A l'aube, le Carpathia vint les recueillir.
William Thornton "Billy" Carter, 11 ans, accompagnait ses parents William Ernest et Lucile Carter ainsi que sa soeur Lucile, 14 ans. Les Carter rentraient chez eux, à Philadelphie, après une année passée en Angleterre où William Ernest Carter avait passé le temps à la chasse au renard pendant que ses enfants suivaient leur scolarité. Ils voyageaient en 1ère Classe.
Le jeune Billy avait emmené ses 2 chiens: un vieil airedale et un épagneul King-Charles.
Les Carter emmenaient aussi aux États-Unis leur voiture Renault modèle 1912, flambant neuve.Le 14 Avril 1912, au soir, Billy et sa soeur Lucile dînèrent probablement dans leur cabine.
Au moment du naufrage, pendant que l'on chargeait le canot N° 4, un steward tenta de s'opposer à ce que Jack Ryerson, 13 ans, embarque. Son père insista pour qu'il y aille avec sa mère et le steward laissa faire en déclarant: "Pas d'autre garçon". Entendant cela, la mère de Billy Carter le coiffa de son chapeau et il prit place à bord avec sa mère et sa soeur, sans se faire remarquer. Il dut cependant abandonner ses chiens sur le navire, confiant son airedale en laisse au Colonel John Jacob Astor. Billy pleura mais fut rassuré par le Colonel Astor qui lui dit qu'il prendrait soin de ses chiens. Ce fut la dernière fois que Billy Carter vit son airedale. John Jacob Astor disparut tragiquement dans le naufrage ...Son pére, William Ernest Carter, embarqua plus tard à bord du radeau pliable C.
Après le naufrage, William Ernest Carter réclama un dédommagement de 200 $ et 100 $ pour la perte des 2 chiens.
Billy Carter n'aima jamais parler de la catastrophe du Titanic, non pas à cause de la perte des vies humaines ou de la tragédie dans son ensemble. C'est plutôt parce que, garçonnet de 11 ans, il n'avait jamais oublié qu'il avait dû abandonner son vieil airedale encore en laisse. Billy savait que le 2ème Officier Lightoller n'aurait pas permis aux chiens de monter dans le canot avec le reste de la famille.
Marjorie Charlotte "Madge" COLLYER
Harvey Collyer, 31 ans, prit sa fille sur ses genoux et lui demanda: "Comment aimerais-tu aller en Amérique ?". Madge, 8 ans, pensait qu'elle aimerait beaucoup ça, particulièrement si le nouveau climat contribuait à améliorer la santé de sa mère Charlotte qui souffrait de tuberculose.
Les Collyer avaient décidé de rejoindre des amis qui avaient acheté une exploitation fruitière à Payette, dans l'Idaho.
Malgré ses crises d'épilepsie, Harvey avait bien réussi dans l'épicerie qu'il tenait à Bishopstoke, village anglais du Hampshire, mais les Collyer avaient le fervent espoir que l'Amérique leur apporterait une vie meilleure.Harvey, Charlotte et Marjorie "Madge" Collyer embarquèrent sur le Titanic à Southampton, en 2ème Classe.
Lorsque le paquebot heurta l'iceberg, Charlotte dit que "c'était comme si le bateau avait été saisi par la main d'un géant, tremblant une fois, deux fois, puis il s'arrêta".
Harvey partit se renseigner puis revint, pâle et bouleversé. Lisant la peur dans son regard, Charlotte enfila une robe de chambre et un léger manteau, et attacha ses longs cheveux dans son cou avec un ruban. Harvey enveloppa Madge dans une couverture de la White Star Line et tous trois quittèrent leur cabine pour monter sur le pont promenade de 2ème Classe. Ils s'aperçurent alors que Harvey avait laissé sa montre sur son oreiller et Madge sa poupée favorite qui lui avait été offerte deux Noëls auparavant, mais ils ne purent pas revenir les chercher.
Lorsque Charlotte demanda s'il y avait du danger, un chauffeur lui cria, comme si elle était idiote: "Du danger ! C'est le moins qu'on puisse dire ! C'est l'enfer en dessous. Regardez-moi ! Ce navire va couler comme une pierre dans dix minutes".Les Collyer montèrent sur le pont des embarcations. Charlotte ne voulait pas quitter son mari. Un matelot attrapa Madge et la précipita dans le canot N° 14 puis prit Charlotte par la taille et la força à rejoindre sa fille tandis que Harvey criait: "Allez, Lottie ! Pour l'amour de Dieu, sois courageuse et vas-y ! Je trouverai une place dans un autre canot". Mais, comme on le sait, cela n'arriva pas.
Dans le canot N° 14, se trouvaient d'autres enfants: Eva Hart et les petites Simone et Louise Laroche.Après avoir débarqué à New York, Madge fut interviewée pat un reporter du Brooklyn Eagle et une photographie touchante la montre serrant une nouvelle poupée qu'elle avait baptisée "Eleanor" et que des enfants, qui avaient entendu parler de sa situation difficile, lui avaient donnée. La photographie était accompagnée du récit suivant:
"Mon père me souleva dans ses bras et m'embrassa, puis il embrassa ma mère. Elle me suivit dans le canot. Les femmes de l'un des autres canots dirent qu'elles voulaient que quelqu'un rame à leur place et mon père est parti dans ce canot là. [Elle ignore encore que son père est mort. Sa mère lui a peut-être raconté cela pour expliquer son absence]. Les étoiles brillaient et c'était comme s'il faisait jour. Un marin entoura ma mère d'une couverture pour qu'elle ait chaud. Nous étions si nombreux dans notre canot que nous devions nous tenir tout le temps bien droit. Personne ne pouvait s'allonger. Ma mère était si près de l'un des marins tenant les avirons qu'une rame accrochait ses cheveux et en arracha de grosses touffes. Dans notre canot, il y avait un Officier qui avait un pistolet. Des hommes grimpèrent dans le canot sur des femmes et les écrasèrent. L'Officier dit que s'ils n'arrêtaient pas, il tirerait. Un autre homme sauta et il le tua. Ma mère dit que j'ai crié « Ne tirez pas ! », mais je ne m'en souviens pas.
Tandis que nous nous éloignions à la rame, nous avons entendu des tas de gens crier et les femmes de notre canot demandèrent à l'Officier ce qu'était ce bruit. Il répondit que c'était des gens qui chantaient sur les ponts. Nous avons ramé pendant 7 heures. J'ai eu tout le temps très peur et j'ai parfois pleuré. J'ai pleuré le plus quand j'ai pensé à ma petite poupée restée là-bas dans l'eau avec personne pour s'en occuper et empêcher qu'elle soit mouillée".
Marjorie Collyer
et sa nouvelle poupée "Eleanor"
Pour lire le récit complet des épreuves qu'elle a vécues, consulter la page La tragédie de la famille Collyer.
Willie Coutts, 9 ans, et son petit frère Neville, 3 ans, étaient les 2 fils de William et Winnie "Minnie" Coutts. Leur père était parti travailler comme graveur à New York et avait réussi à économiser l'argent nécessaire pour faire venir sa famille. Pour réduire la dépense, Minnie réserva des billets sur le Titanic, en 3ème Classe.
La nuit du naufrage, Minnie Coutts fut réveillée par le bruit régnant à l'extérieur de sa cabine. Elle ouvrit pour se renseigner puis décida d'attendre les ordres avant de réveiller ses enfants. Ne pouvant patienter plus longtemps, elle les habilla alors qu'ils dormaient encore, mais ne trouva que 2 gilets de sauvetage. Ils empruntèrent le dédale des coursives et des escaliers, et se perdirent. Un homme d'équipage leur indiqua un chemin pour monter mais une grille leur fit obstacle. Par chance, un autre homme d'équipage passa; il leur indiqua un autre chemin et leur donna un autre gilet.
Alors qu'ils étaient parvenus sur le pont et qu'ils allaient prendre place dans le canot N° 2, l'un des derniers, Willie faillit se voir refuser d'embarquer à cause de son chapeau: il fut ramené en arrière parce que, avec son chapeau de paille, il avait l'air d'un adulte. Minnie plaida sa cause auprès d'un Officier et, finalement, Willie fut autorisé à quitter le navire en perdition. Minnie, Willie et Neville Coutts furent ainsi tous trois rescapés.
Elizabeth Gladys "Millvina" DEAN, la plus jeune passagère
Elizabeth Gladys Millvina Dean, née le 2 Février 1912, était la plus jeune passagère du Titanic.
Elle est aussi l'une des 3 rescapées toujours en vie.Millvina, 9 semaines, avait un "grand" frère âgé de presque 2 ans: Bertram Vere.
Leurs parents, Bertram Frank et Georgette Eva "Ettie" Dean, tenaient un pub, à Londres. Début 1912, Bertram Dean décida d'émigrer à Wichita, au Kansas, où il avait de la famille et des amis. Là-bas, une maison les attendait et Bertram projetait d'ouvrir un débit de tabac. Ils vendirent leur pub et s'achetèrent des billets de 3ème Classe à destination de l'Amérique.
Bertram et Millvina Dean
En raison de la grève des mineurs en Angleterre, le paquebot sur lequel ils devaient embarquer, peut-être l'Adriatic, ne put partir et leurs billets furent transférés sur le Titanic.
La nuit du naufrage, Bertram Frank Dean, ayant été averti du danger, quitta sa cabine pour aller aux nouvelles. A son retour, il réveilla sa famille et demanda à sa femme d'habiller les enfants pour les monter sur le pont. Arrivés sur le pont des embarcations, il fit monter sa femme et sa fille, probablement dans le canot de sauvetage N° 10, mais, au moment où elles embarquèrent, le petit Bertram était introuvable. Le petit garçon fut cependant sauvé, soit dans le canot N° 10, soit dans un autre canot. Ettie, Bertram et Millvina Dean ne revirent plus jamais leur mari et père.
Lire la Biographie de Millvina Dean
Marshall Drew, 8 ans, avait perdu sa mère 2 mois après sa naissance. Son père, William, émigré de Cornouailles, le confia alors à son frère et à sa belle-soeur, James et Lulu Drew, qui devinrent ses parents adoptifs.
Fin 1911, James et Lulu Drew emmenèrent Marshall en Cornouailles à bord de l'Olympic afin qu'il voie sa famille paternelle et plus particulièrement son grand-père.
Pour le retour, James Drew, sculpteur sur marbre, sensible au battage qui en était fait, réserva des places en 2ème Classe sur le Titanic.Au moment de l'embarquement, Marshall et son oncle furent autorisés à visiter les installations de 1ère Classe. Ils purent aussi jouer les curieux dans le gymnase ainsi que dans la boutique du coiffeur. C'est là que, parmi tous les souvenirs que l'on y vendait, James acheta à Marshall un ruban portant l'inscription "RMS TITANIC", tel que celui que portait la casquette des marins en uniforme.
Après la collision, son oncle et sa tante réveillèrent Marshall et l'obligèrent à s'habiller. Abandonner la chaleur de son lit fut pour le garçonnet une véritable torture. Malgré les explications de Lulu, il refusait de monter sur le pont pour voir les canots et voulait simplement dormir. Personne ne tint compte de ses volontés.
Marshall et sa tante Lulu embarquèrent dans le canot N° 10 mais Marshall pensa toujours que c'était le N° 11. James Drew disparut dans la catastrophe.Marshall Drew déclara, à propos de son séjour dans le canot de sauvetage: "A ce point de ma vie, j'avais été élevé comme un typique petit garçon anglais. On n'avait pas le droit de pleurer. On était un 'petit homme'. Aussi, comme un garçon calme, je m'allongeai au fond du canot et m'endormis. Lorsque je me suis réveillé, il faisait grand jour tandis que nous approchions du Carpathia. En regardant tout autour, par-dessus le plat-bord, cela m'apparut comme l'Arctique. Sur 360° d'énormes icebergs entouraient l'horizon".
Frank John William "Frankie" GOLDSMITH
Frankie Goldsmith, 9 ans, accompagnait ses parents qui émigraient d'Angleterre à Détroit, dans la Michigan.
Il emportait son pistolet à amorces qu'il avait dissimulé dans une caisse, à l'insu de ses parents.
L'histoire de la famille Goldsmith et de sa traversée transatlantique est relatée ici.
Frankie Goldsmith et sa mère Emily
Nina Harper, 6 ans, voyageait en 2ème Classe avec son père, le révérend John Harper, pasteur baptiste, et sa tante Jessie Leitch.
Nina était orpheline: une semaine après sa naissance, sa mère était décédée.
John Harper se rendait de Londres à Chicago pour participer à une série de réunions pour le renouveau de la foi.
Sa participation antérieure en Décembre 1911 - Janvier 1912 ayant été un succès, il lui avait été demandé de conduire une seconde série de réunions.Initialement, le pasteur Harper devait faire la traversée à bord du Lusitania de la Cunard Line, au départ du Samedi 6 Avril 1912. Le Mardi 2 Avril, il fut cependant informé par la Cunard que le Lusitania ne pourrait pas appareiller et que son passage était transféré à bord d'un autre paquebot. Ce dernier étant moins rapide, John Harper préféra embarquer quelques jours plus tard, le Mercredi 10 Avril, à bord du Titanic.
Pendant la traversée sur le Titanic, Nina Harper eut l'occasion de jouer avec le gros ours en peluche qu'Eva Hart, sa camarade de jeux, lui prêta.
Nina Harper sur les genoux de son père
Une photographie bien connue de passagers déambulant sur la promenade de 2ème Classe du pont des embarcations montre une fillette donnant la main à son père. On pense généralement qu'il s'agit de Nina et de son père.
Sur la promenade de 2ème Classe, Nina Harper donne la main à son père
La nuit du naufrage, John Harper et sa cousine Jessie Leitch admiraient le coucher du soleil sur le pont des embarcations. Harper remarqua: "Il fera beau demain matin", avant de se retirer pour la nuit.
Après la collision, le révérend Harper réveilla Nina, la prit et l'enroula dans une couverture avant de la monter sur le pont. Là, il l'embrassa et lui dit au revoir puis la tendit à un homme d'équipage qui la mit dans le canot N° 11 auprès de sa tante. Ayant déjà perdu sa maman, Nina ne revit jamais son père.
Eva Miriam Hart, 7 ans, effectuait la traversée en 2ème Classe avec ses parents Benjamin et Esther. Ils quittaient l'Angleterre pour s'installer à Winnipeg, au Canada. Ils avaient d'abord réservé leur passage sur le Philadelphia mais, en raison de la grève du charbon, leurs billets avaient été transférés sur le Titanic.
Esther Hart considérait l'idée que le Titanic puisse être "insubmersible" comme "une insulte à Dieu". Aussi, tenta-t-elle, sans succès, de persuader son mari de changer de navire.
Une fois à bord, convaincue que le malheur allait les frapper tous, elle resta dans sa cabine sauf pour les repas, dormit le jour et resta éveillée la nuit car elle était persuadée que c'est à ce moment-là que ses prémonitions se réaliseraient.Pendant la traversée, Eva Hart et son père qui se séparaient rarement firent ensemble le tour du navire. Eva possédait une poupée et un ours en peluche qui lui avait été offert pour le Noël précédent et qui ne la quittait pas. Lorsque son père l'avait acheté, il se trouvait au milieu de l'étalage de Noël du grand magasin Gamage, dans la quartier d'Holborn, à Londres. Eva eut pour camarade de jeux une autre fillette de son âge: Nina Harper, 6 ans, qui avait beaucoup de tendresse pour son gros ours. Sur l'insistance de son père, Eva prêta son ours chéri à Nina et les 2 fillettes firent de leur compagnon le centre de leurs jeux ainsi qu'une quasi attraction pour les autres passagers.
Eva Hart et sa poupée
Le Dimanche 14 Avril 1912, un office anglican fut célébré dans la salle à manger de 2ème Classe, sous la houlette de Reginald Barker, le Commissaire de bord en second. Eva fut ravie de se joindre aux fidèles qui chantèrent l'un de ses cantiques favoris O God Our Help in Ages Past (Ô Dieu, Notre Sauveur des Temps Anciens), et elle y mit tout son coeur.
C'est sur le pont arrière du Titanic que la petite Eva fit une étonnante rencontre qui la bouleversa: en le voyant se promener, elle tomba follement amoureuse de Gamin de Pycombe, le bouledogue français de concours que Robert Williams Daniel, 27 ans, passager américain, avait acheté en Angleterre. Le chien devint aussi son compagnon de jeux.
Dans le naufrage, Gamin de Pycombe réussit à quitter le navire mais fut victime des eaux glacées. Toute sa vie, Eva Hart conserva pour sa race une affection particulière.
Eva Hart et ses parents
La nuit du naufrage, Eva dormait dans sa couchette, au-dessous de celle de son père, en serrant sa poupée contre elle. Son père se précipita pour la faire sortir de leur cabine. Eva se mit à pleurer car on abandonnait son ours en peluche et sa poupée. Lorsqu'ils arrivèrent sur le pont, Eva demanda à retourner chercher son gros ours mais son père lui répondit sèchement: "Personne ne retournera jamais". Benjamin Hart dit plus tard à sa femme et à sa fille que tout se passerait bien et qu'il prendrait un autre canot. Eva, qui prit place avec sa mère dans le canot N° 14, ne le revit jamais. Les dernières paroles que lui adressa son père furent "Sois bien sage".
Au cours des témoignages qu'elle fit sur le naufrage, Eva Hart raconta:
"J'avais un énorme ours en peluche que mon père m'avait acheté pour Noël, avant notre départ. Il était presque aussi grand que moi. Je l'aimais et je jouais avec lui sur le pont, avec mon père. Le Capitaine s'arrêta plusieurs fois pour faire des remarques sur mon ours en peluche et parler à mon père qui l'appréciait beaucoup. J'ai voulu retourner chercher mon ours lorsque mon père me porta hors de la cabine pour me conduire sur le pont des embarcations. Je me souviens avoir dit: 'Je veux mon ours'. Il ne répondit rien et continua à me porter. Je n'ai jamais eu d'autre ours en peluche ... Je n'en ai jamais voulu".
Simone, 3 ans, et Louise Laroche, 21 mois, étaient les 2 filles de Joseph Philippe Lemercier et de Juliette Laroche.
Leur père, né à Haïti et de race noire, avait débarqué en France à l'âge de 15 ans pour y faire ses études. Il devint ingénieur et épousa Juliette Lafargue. Simone et Louise naquirent en 1910 et 1911.Malheureusement, la discrimination raciale empêcha Joseph d'occuper en France un emploi bien rémunéré et lui permettant de supporter les frais nécessaires à la santé fragile de la petite Louise. Le couple décida, début 1912, de quitter la France pour Haïti en 1913.
En Mars 1912, Juliette Laroche apprit qu'elle était enceinte et le couple précipita son départ.
Ayant réservé leur traversée à bord du paquebot France qui allait effectuer son voyage inaugural le 20 Avril 1912, ils s'aperçurent que le règlement intérieur du navire stipulait que les enfants devaient être gardés à la nursery et n'avaient pas la permission d'accompagner leurs parents au restaurant. Le couple décida alors d'échanger ses billets et leur réservation fut transférée en 2ème Classe à bord du Titanic, au départ de Cherbourg.A bord du Titanic, Joseph Laroche fut le seul passager de race noire.
Nées d'un mariage interracial, les deux petites filles étaient typées: teint olive, yeux noirs et cheveux noirs, ce qui fit dire à Kate Buss, passagère de 2ème Classe, dans une correspondance: "Il y a deux des plus jolies petites filles japonaises, âgées d'environ trois ou quatre ans, qui ont l'air de poupées courant dans tous les sens".
Le 11 Avril 1912, pendant que Juliette Laroche écrivait une lette à son père pour la poster lors de la toute proche escale de Queenstown, Joseph Laroche se promenait sur le pont avec ses deux filles, Simone roulant sa petite soeur Louise dans une poussette louée auprès du Commissaire de bord.
Simone amusa beaucoup sa mère car elle joua avec une petite anglaise qui lui avait prêté sa poupée. Simone lui tint une grande conversation, mais sa petite camarade de jeu ne la comprit pas.
Louise et Simone Laroche
Au moment du naufrage, Joseph Laroche mit dans son portefeuille toutes les ressources du ménage et rassembla, dans un petit sac qu'il mit dans sa poche de son manteau, tous les objets de valeur de la famille: les bijoux de sa femme et les porte-bonheur des fillettes.
Un steward leur demanda de mettre les gilets de sauvetage et Joseph conduisit Juliette et ses filles jusqu'aux canots, sur le pont des embarcations. Il étendit son manteau sur les épaules de Juliette en lui disant "Vous en aurez besoin. Je vous reverrai à New York. Je dois prendre un autre canot. Que Dieu soit avec vous !".
Juliette fut embarquée presque de force avec ses deux enfants sous les yeux de son mari qui s'efforça de la rassurer par ces dernières paroles: "A bientôt, ma chérie! ... Il y aura des places pour tout le monde. Va dans les embarcations ... Veille sur nos fillettes ... A bientôt!". Elles prirent place à bord d'un des canots (probablement le canot N° 14) où de l'eau se répandit aux pieds de Juliette.Juliette Laroche et ses deux filles furent sauvées par le Carpathia mais Joseph disparut dans la catastrophe.
Michel "Lolo" et Edmond "Monmon" NAVRATIL
"Lolo" et "Monmon" Navratil, 4 ans et 2 ans, avaient été enlevés par leur père, Michel, qui s'était séparé de leur mère.
Michel Navratil, tailleur à Nice, avait décidé de mener une nouvelle vie en Amérique et avait embarqué sur le Titanic sous un nom d'emprunt.
La tragique histoire de leur naufrage est relatée ici.
Monmon et Lolo Navratil
Elias Nicola-Yarred, 12 ans, et sa sur Jamila, 14 ans, quittaient le Liban en compagnie de leur père pour émigrer aux États-Unis où une partie de leur famille était déjà installée.
Malheureusement leur père, qui était meunier, se vit refuser le visa obligatoire de santé et les enfants embarquèrent seuls à bord du Titanic où ils voyagèrent en 3ème Classe.
Né le 12 Avril 1900, Elias fêta son anniversaire le 2ème jour de la traversée.
Leur histoire et celle de leur sauvetage sont racontées ici, grâce au témoignage d'Elias Nicola-Yarred qui, par la suite, changea son nom et devint Louis Garrett.
Artur Karl Olsen, 9 ans, était l'unique enfant de parents norvégiens, Karl Siegwart Andreas et Ragna Olsen, venus s'installer en 1894 à New York où il était né. En 1906, il perdit sa mère et son père l'emmena à Trondheim, en Norvège, afin qu'il y vive chez sa grand-mère. Karl Siegwart revint seul en Amérique où il épousa Esther, d'origine suédoise.
En 1911, au décès de la grand-mère d'Artur, Karl Siegwart retourna en Norvège pour régler la succession mais aussi pour chercher Artur et le ramener avec lui à New York où l'enfant ferait connaissance avec Esther, sa belle-mère. Karl avait réservé deux passages à bord du Philadelphia mais, en raison de la grève du charbon en Angleterre, leurs billets furent transférés en 3ème Classe sur le Titanic, au départ de Southampton.
A bord, ils partagèrent une cabine avec Fridtjof Arne Madsen, un marin norvégien venant lui aussi de Trondheim et se rendant à New York.Après la collision, Karl Siegwart porta son fils à peine réveillé jusqu'au pont des embarcations. Le canot N° 13 était sur le point d'être mis à l'eau. Voici le récit du sauvetage que fit le petit Artur, quelques jours après la catastrophe:
"J'étais sur le bateau avec Papa et quelque chose s'est produit. Papa m'a dit que je devrais me dépêcher de monter pour aller dans un canot et être sage. Nous avions un ami, Fridtjof Madsen, de la même ville que nous, et il m'a dit aussi d'y aller.
Le bateau avait une sorte de tremblement et tout le monde courait. Nous continuions à descendre tout près de l'eau, et l'eau était calme, comme un lac.
Alors je suis monté dans le canot et c'est la dernière fois que j'ai vu Papa. J'ai vu plein de gens en train de flotter tout autour, de se noyer ou d'essayer de s'agripper à notre canot. Puis, tout à coup, j'ai vu Mr Madsen nager près du canot et on l'a tiré de l'eau. Il s'est bien occupé de moi.
Dans notre canot, tout le monde pleurait et gémissait. Je suis resté très calme. Un homme est devenu complètement fou, puis s'est mis à pleurer comme un bébé. Un autre a sauté tout droit dans l'eau et a disparu.
Il faisait un froid épouvantable dans le canot, mais on m'avait chaudement habillé", comme nous le faisons en Norvège. J'avais dû mettre mes vêtements, quand mon Papa m'avait dit de le faire sur le grand navire. Je ne pouvais parler à personne, car je ne comprends pas la langue. Seul Mr Madsen m'a parlé et m'a dit de ne pas avoir peur, et je n'ai pas eu peur. Mr Madsen tremblait dans ses vêtements mouillés, mais il alla mieux après l'arrivée du Carpathia".A New York, Esther Olsen ignorait que son mari et son beau-fils se trouvaient à bord du Titanic. A l'arrivée d'Artur, désormais orphelin de ses 2 parents, c'est Mrs William Kissam Vanderbilt Jr. qui s'occupa de lui et le conduisit à la "Lisa Day Nursery", à Manhattan. Ce n'est que le 19 Avril, lorsque sa belle-mère vint le chercher, qu'Artur la rencontra pour la première fois.
Robert Douglas Spedden, 6 ans, était le fils unique de Frederic et Margaretta "Daisy" Spedden, couple de riches new-yorkais dont le passe-temps favori était de voyager à travers le monde.
Fin 1909, alors qu'il avait 4 ans, sa tante lui acheta un ours blanc en peluche dans le grand magasin de jouets de Frederick Otto Augustus Schwartz, bien connu à New York, et lui offrit le 8 Janvier 1910 au moment de son embarquement sur le Caronia de la Cunard Line qui allait le conduire, avec ses parents, vers Madère. Douglas baptisa l'ours "Polar". Celui-ci devint inséparable de son jeune ami qui l'emmenait partout où il allait.Polar n'était pas un ours comme les autres. Il avait été fabriqué artisanalement dans les ateliers Steiff, en Allemagne. Sa fourrure était en laine de mohair et il avait des pattes articulées ainsi que des yeux de verre noir. Polar possédait plusieurs tenues et même son petit mobilier. Polar était de toutes les fêtes et vacances familiales, pour lesquelles son maître le revêtait d'une tenue de circonstance.
A gauche: Douglas Spedden et ses parents. A ses pieds: Polar, le petit ours blanc.
A droite: Douglas Spedden, au milieu de ses jouets, en compagnie de sa nurse "Muddie Boons".
Fin 1911, la famille Spedden fit plusieurs traversées transatlantiques et l'on vit Douglas avec son ours à bord de l'Adriatic, ainsi que sur le Caronia à bord duquel elle repartit en voyage en Europe. Elle était accompagnée de deux domestiques: Helen Wilson, dame de compagnie de Daisy, et Elizabeth Burns, nurse particulière de Douglas, que l'enfant appelait "Muddie Boons" depuis qu'il était petit, ayant des difficultés à prononcer son nom.
Les Spedden débarquèrent à Alger puis effectuèrent un séjour en Europe qui se termina par Monte Carlo et Paris.
Pour son retour en Amérique, le groupe embarqua en 1ère Classe sur le Titanic, à Cherbourg.Pendant la traversée, on vit Douglas jouer sur le pont et une célèbre photographie, prise entre Southampton et Queenstown par le Révérend Père Frank Browne, le montre jouant à la toupie, sous les yeux de son père.
Robert Douglas Spedden, jouant à la toupie
Après la collision avec l'iceberg, Douglas fut réveillé par sa nurse Muddie qui lui dit qu'ils allaient faire "un voyage pour voir les étoiles". Avant de quitter leur cabine, sa mère lui fourra son ours en peluche dans les bras. Le groupe Spedden monta sur le pont des embarcations, à tribord, où les femmes et les enfants prenaient place dans les canots de sauvetage. Comme ceux-ci n'étaient pas remplis, Frederic Spedden put accompagner sa famille et tous se trouvèrent ainsi à bord du canot N° 3.
Dans le canot, le petit Douglas n'avait pas quitté son inséparable ours en peluche. Il s'endormit, tenant Polar sous son bras. Lorsqu'il se réveilla à l'aube et qu'il vit des icebergs tout autour, il s'écria: "Oh, Muddie, regarde le joli Pôle Nord sans Père Noël dessus". Le Carpathia arriva peu après et tous furent sauvés. Douglas oublia cependant Polar dans le canot et, pour le consoler de sa perte, Mrs Spedden acheta à Douglas un ours brun dans la boutique de souvenirs du Carpathia. Polar n'était pourtant pas perdu ... Lorsque le canot fut remonté à bord du Carpathia, l'ours tomba sur le pont. Un marin rescapé du Titanic reconnut l'ours blanc et alla le rendre à son jeune maître. Dès lors, Douglas n'eut d'yeux que pour Polar.
Robert Douglas Spedden
En 1913, alors que Douglas avait 8 ans, Daisy Spedden écrivit et illustra un conte pour enfants intitulé My Story (Mon Histoire) qu'elle offrit son fils comme cadeau de Noël. L'ours Polar y racontait son histoire: sa naissance chez un artisan, son arrivée dans une famille, ses voyages en Europe en compagnie d'un jeune ami devenu inséparable et de sa famille, sa traversée sur le Titanic et comment, se retrouvant seul dans un canot de sauvetage, il parvint à retrouver son compagnon.
Le Vendredi 6 Août 1915, vers 18 h, alors qu'il n'avait pas encore 10 ans, Douglas Spedden fut heurté par une camionnette de livraison à Winter Harbor, dans le Maine, près de la résidence familiale d'été. Il traversait une rue pour aller récupérer une balle de tennis qui lui avait échappé. Le chauffeur, Foster Harrington, qui n'avait pu l'éviter, le transporta inconscient chez lui. Douglas reprit conscience le lendemain mais son état s'empira et il décéda le Dimanche 8 Août au matin, des suites d'une commotion cérébrale. Il fut inhumé dans le cimetière de Green-Wood, à Brooklyn.
En 1982, un cousin des Spedden découvrit une malle oubliée et héritée 32 ans plus tôt. A l'intérieur, se trouvait le conte manuscrit écrit par Daisy.
C'est ainsi qu'en 1994, My Story fut édité par Little Brown & Co. pour le grand public et devint Polar, The Titanic Bear (Polar, l'Ours du Titanic).
Polar, l'Ours du Titanic
Que devint Polar ?
A la fin de sans son conte, Daisy Spedden fait dire à Polar, à propos de Douglas: "Il a été un bon maître et j'espère qu'il aura le bonheur d'avoir une vie longue et heureuse. Bien que je me rende compte que, les années passant, je le verrai de moins en moins, je serai toujours convaincu, quoi qu'il arrive, que j'occupe une grande place dans son coeur sincère et tendre et qu'il sera loyal envers moi jusqu'à la fin".
Après la mort de Douglas, ses parents laissèrent sa chambre en l'état. Au fond d'un panier, se trouvait Polar, au milieu d'autres jouets.
Des années plus tard, après le décès de Frederic et Daisy Spedden (1947 et 1950), la famille retrouva, dans une remise, une malle de voyage contenant divers documents et souvenirs. Ce n'est qu'en 1985 que l'on s'aperçut que le manuscrit de My Story s'y trouvait.
Quant à Polar, selon les héritiers des Spedden, il demeure aujourd'hui, en bon état, dans un caveau familial différent de la petite tombe de Douglas. Mais il a cependant rejoint son petit maître et ami dans le repos éternel.
Sauvetage en musique
Lors du naufrage du Titanic, plusieurs petits passagers rescapés vécurent de curieux moments à bord de leur canot de sauvetage ...
La passagère Edith Russell avait reçu de sa mère une mascotte: un petit cochon à musique recouvert de fourrure et qui jouait un air intitulé "The Maxixe" ("La Machiche") lorsqu'on lui tournait la queue. En Août 1911, sur la route de Paris à Rouen, elle avait miraculeusement échappé à un accident: le conducteur de la voiture dans laquelle elle se trouvait en avait perdu le contrôle et avait trouvé la mort. Sa mère lui avait demandé de garder toujours la mascotte avec elle, et Edith lui en avait fait la promesse.
La nuit du naufrage, alors qu'elle se trouvait sur le pont, équipée de son gilet de sauvetage, Edith Russell envoya le steward Robert Arthur Wareham chercher son cochon musical dans sa cabine. A son retour, Wareham lui déclara: "J'espère que nous sortirons d'ici sans problème. J'ai une femme et cinq petits à la maison". Au moment de monter dans un canot, un marin se saisit de sa mascotte qu'elle tenait sous son bras, enveloppée dans une couverture, et la jeta dans le canot en disant: "Eh bien, nous sauverons au moins votre bébé", confondant l'objet avec un bébé emmitouflé. Elle sentit alors qu'elle devait suivre son cochon, selon la promesse qu'elle a faite à sa mère.
C'est ainsi qu'Edith Russell fit partie des rescapés, dans le canot N° 11, accompagnée de son curieux porte-bonheur musical avec lequel elle calma la peur des enfants en le faisant jouer sans cesse. Elle le garda toute sa vie et le légua, à sa mort en 1975, à Walter Lord, écrivain et historien du Titanic.
Dans ce canot, se trouvaient: Frank Philip Aks, Hudson Trevor Allison, Marion Louise Becker, Richard F. Becker, Annie Jessie "Nina" Harper, Winifred Vera Quick et Phyllis May Quick, qui furent certainement ravis par cette amusante mascotte, au contraire des adultes que l'air répété exaspéra.
Écoutez The Maxixe
Edith Russell et sa mascotte musicale
L'enfant inconnu
Lors des recherches de victimes effectuées dans les jours qui suivirent le naufrage, le navire câblier Mackay-Bennett retrouva le corps d'un petit garçon blond qui fut ensuite inhumé, sans avoir pu être formellement identifié, dans le cimetière de Fairview à Halifax, province de Nouvelle-Écosse, Canada.
On supposa qu'il pouvait être le petit passager de 3ème Classe Gösta Leonard Pålsson, 2 ans, disparu avec sa mère et ses 3 frère et soeurs.
La tombe de l'enfant demeura cependant celle de "l'enfant inconnu" jusqu'à ce que, en 2007, la science permette enfin de découvrir et de lui rendre son identité: Sydney Leslie Goodwin, 19 mois.
Son histoire est racontée ici.
Sydney Leslie Goodwin
Les dernières rescapées décédées
Le 3 derniers enfants rescapés du Titanic qui sont décédés sont:
- Lillian Gertrud Asplund, américaine née le 21 Octobre 1906 à Worcester (États-Unis), et décédée le 6 Mai 2006,
- Barbara Joyce (West) Dainton, anglaise née le 24 Mai 1911 à Bournemouth (Angleterre), et décédée le 16 Octobre 2007,
- Elizabeth Gladys Millvina Dean, anglaise née le 2 Février 1912 à Londres (Angleterre) et décédée le 31 Mai 2009.
Des informations complémentaires sur les derniers rescapés du Titanic décédés sont données ici.
Des familles décimées
Comme on le sait, le naufrage du Titanic fit de nombreuses victimes parmi les émigrants voyageant en 3ème Classe, et certaines familles disparurent même totalement.
Dans la liste des petits passagers, on peut remarquer que certains noms de famille sont récurrents, en particulier pour les victimes. Il s'agit des familles les plus touchées ayant de jeunes enfants. Parmi celles-ci, citons:
- la famille suédoise Andersson: les parents et leurs 5 enfants, tous âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
La famille Andersson
- la famille anglaise Goodwin: les parents et leurs 6 enfants, dont 4 ayant moins de 12 ans. Tous disparus.
Son histoire est relatée ici.
La famille Goodwin
- la famille française Lefebvre: la mère et ses 4 enfants dont 3 âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
- la famille suédoise Pålsson: la mère et ses 4 enfants âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
- la famille finlandaise Panula: la mère et ses 5 enfants dont 3 âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
Son histoire est relatée ici.
- la famille irlandaise Rice: la mère et ses 5 fils, tous âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
Son histoire est relatée ici.
La famille Rice
- la famille anglaise Sage: les parents et leurs 9 enfants, dont 3 âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
La famille Sage
- la famille suédoise Skoog: les parents et leurs 4 enfants âgés de moins de 12 ans. Tous disparus.
Les enfants à naître
Si Millvina Dean était la plus jeune passagère présente sur le Titanic, d'autres "passagers" voyageaient "incognito", et pour cause: ils n'avaient pas encore vu le jour car leur mère était enceinte.
Si la grossesse de Madeleine Astor était notoire, celle d'autres passagères se déroulait de manière plus discrète. Certaines échappèrent à une fin tragique, mais d'autres perdirent la vie dans la catastrophe, avec l'enfant qu'elles portaient.
Qui étaient ces femmes enceintes ? Les recherches effectuées sur les biographies des passagères permettent de dresser la liste des futures mamans présentes à bord, et on pense même que 2 enfants furent conçus sur le Titanic:
Les
passagères enceintes du Titanic
(les survivantes sont
indiquées en caractères gras)
PASSAGERE ENCEINTE | CLASSE |
ASTOR,
Madeleine BACKSTROM, Maria BEANE, Ethel (voir Nota) BISHOP, Helen COREY, Mary del CARLO, Argene DOLING, Ada KENYON, Marion LAROCHE, Juliette, LINDELL, Gerda MARVIN, Mary NASSER, Adele O'BRIEN, Hannah PHILLIPS, Kate (voir Nota) SMITH, Eloise WEST, Ada |
1 3 2 1 2 2 2 1 2 3 1 2 3 2 1 2 |
Nota: Ethel Beane et Kate Phillips mirent au monde des enfants conçus à bord. Dans le cas d'Ethel Beane, ce fut un enfant mort-né. Le 11 Janvier 1913, Kate Phillips donna le jour à une fille prénommée Ellen Mary (Betty). Kate Phillips était la maîtresse de Henry Samuel Morley, homme marié et père d'un enfant, avec lequel elle effectuait la traversée en 2ème Classe. Ils voyageaient sous les noms de Mr et Mrs Marshall. |
L'ours en peluche, inséparable ami
Peu avant le jour du départ du Titanic de Southampton, Vittorio Gatti, jeune fils de Luigi Gatti, 36 ans, gérant du Restaurant à la Carte, donna à son père un petit ours en peluche provenant de chez le fabricant allemand Bing.
Luigi et Vittorio Gatti
Luigi Gatti périt dans la catastrophe et lorsque son corps fut retrouvé par le navire câblier Minia, on découvrit dans une poche de son manteau le petit ours qui contribua à l'identifier. Cet ours, que l'on appela l'ours "Gatti", fut remis à la veuve de Luigi Gatti qui le confia au musée de la Jeunesse de Ribchester, en Angleterre. En 1995, lorsque le musée ferma, l'ours "Gatti" fut vendu aux enchères à un particulier pour la somme de 9000 £.
La découverte de cet ours sur le corps de Luigi Gatti, publiée dans la presse de l'époque, n'est cependant pas confirmée par la liste des effets retrouvés sur son corps.
On attribue généralement la création de l'ours en peluche à l'allemand Richard Steiff qui conçut, en 1902, un ours jouet articulé recouvert de fourrure de mohair. Présenté, en Mars 1903, à la Foire de Leipzig, il eut un succès immédiat auprès des enfants et d'autres fabricants s'en inspirèrent à leur manière pour le bonheur des enfants du monde entier.
En 1912, après le naufrage du Titanic, Steiff fit fabriquer 494 ours noirs en peluche pour pleurer le disparition du paquebot.
Présentés dans les vitrines des boutiques de Londres, ils trouvèrent tous acquéreur.
Le succès des ours Steiff alla grandissant et, en 1907, 974000 ours sortirent des ateliers.
En 1994, l'un des ours fabriqués en 1912 fut vendu aux enchères pour 22000 £ et, en 1996, un autre atteignit la somme de 94000 £.
L'Ours noir "Titanic" fabriqué en 1912 par Richard Steiff
La poupée, au fond de l'océan, et les billes
En Septembre 1985, lors de la découverte de l'épave par le professeur Robert D. Ballard, l'équipe d'exploration photographia, par 3850 mètres de fond, la tête d'une poupée dont la vision spectrale et le réalisme du regard, pourtant dépourvu de ses yeux de verre, donnent le frisson.
Sur son lit de vase,
la poupée du Titanic nous interpelle du regard
Selon les experts, la tête est faite de biscuit de porcelaine et appartenait à une poupée-femme d'origine française ou allemande. Cette tête était montée sur un cou flexible permettant sa rotation, ajoutant à son réalisme. Les yeux étaient de verre et les oreilles sans doute percées pour le port de boucles d'oreilles. La tête était cousue, à la hauteur des épaules, sur un corps de chiffon. La poupée, de taille estimée à 60 cm, devait valoir au moins 40 $ de l'époque, somme considérable en 1912. C'était donc certainement le jouet de l'enfant d'un passager de 1ère Classe. Cette poupée aurait donc très bien pu appartenir à la petite Loraine Allison.
Une autre hypothèse existe cependant, associée au fait que la tête fut photographiée près de la poupe, où se tenaient la plupart des passagers de 3ème Classe, lors de leurs derniers instants.
La passagère suédoise de 3ème Classe Elin Ester Maria Braf, 20 ans, partait rejoindre sa sur à Chicago. Elle voyageait en compagnie d'une amie, Helmina Josefina Nilsson, 26 ans.
Elin transportait dans ses bagages une poupée destinée à sa nièce, Mabel.
Après la collision, les deux jeunes femmes s'habillèrent et Helmina se dépêcha de monter sur le pont tandis qu'Elin s'attarda pour prendre quelques affaires.
La poupée semble avoir été tenue à l'écart des autres bagages d'Elin et Helmina témoigna plus tard qu'Elin avait apporté avec elle, sur le pont, le paquet contenant la poupée.
Helmina fut sauvée, probablement à bord du canot N° 13, mais Elin, qui eut trop peur de monter dans un canot, disparut. Son corps ne fut jamais retrouvé.Il est probable que l'on ne déterminera jamais à qui appartenait cette poupée ou à qui elle était destinée.
Lors des expéditions ultérieures qui eurent lieu sur l'épave, des billes en argile furent découvertes et remontées en surface. Elles constituent un autre témoignage émouvant des jeux des petits passagers.
Billes en argile retrouvées au fond de l'océan