Exploration de la partie avant de l'épave
"Toute cette
immense tragédie me le fait considérer comme une sorte
de tombe différente. Le navire est son propre mémorial.
Laissez-le là-bas." |
"Je pense que si la
recherche et le sauvetage du Titanic peuvent profiter à
tout le monde, alors il faut encourager ces
activités." |
Cette page vous emmène à la découverte de l'épave du Titanic et vous décrit dans quel état elle se trouve.
De nombreux objets ayant appartenu au bateau ou aux passagers ont été ramenés du fond de l'océan; une liste et des photographies des plus intéressants vous sont présentées.
Comme on pourra le constater, la France a pris une part importante dans les explorations de l'épave et la conservation des objets qui en sont ramenés: ses compétences humaines et ses moyens technologiques de pointe sont universellement reconnus.
Pour tout savoir, cliquez sur la section désirée.
Le
mythe La découverte L'état de l'épave Les droits sur l'épave Les expéditions Les objets retrouvés Les photos d'objets Les expositions d'objets L'avenir |
La proue |
Depuis son tragique naufrage dans la nuit du 14 Avril 1912, le Titanic, symbole du luxe flottant, n'a cessé de passionner et de captiver les imaginations.
Pour certains, la localisation précise et l'atteinte de l'épave engloutie ont ainsi constitué un défi scientifique et une obsession.
La présence, à bord du navire, d'un coffre-fort qui contiendrait 300 millions de dollars de bijoux stimule d'autant plus les passions ...
Depuis 1912, les projets d'exploration ou de
renflouement de l'épave n'ont pas manqué. Beaucoup se sont
soldés par des échecs.
Peu de temps après le naufrage, un consortium de riches familles
( les Guggenheim, les Astor, les Widener ) passa un contrat avec
la compagnie Merritt & Chapman Derrick & Wrecking Co.
pour renflouer le navire et retrouver les corps des victimes.
Merritt & Chapman étudièrent la proposition mais
concluèrent que leur équipement, en 1912, ne leur permettait
pas technologiquement de tenter la récupération des corps des
disparus à une aussi grande profondeur.
En Mars 1914, 2 ans après le naufrage, un architecte de Denver,
Charles Smith, établit des plans pour remonter le Titanic à
l'aide d'électro-aimants et d'un sous-marin, mais son projet
échoua faute de moyens financiers.
Il fallut encore attendre une quarantaine d'années pour que des
projets plus sérieux voient le jour ...
Le projet Merritt & Chapman
( Le Virginian-Pilot, 24 Avril 1912 )
Ce fut le cas de la tentative du Britannique Douglas Woolley en 1953, puis de celles d'Allemands et d'Américains. La société Walt Disney aurait dépensé la bagatelle de 700 000 dollars en études préliminaires dans l'espoir de tourner un film sur le site de l'épave. Au début des années 1980, le pétrolier et milliardaire texan Jack Grimm consacra 2 millions de dollars à financer 3 expéditions ( en 1980, 1981 et 1983 ) équipées d'un matériel ultrasophistiqué. Peine perdue ... Lors de l'expédition de 1981, on crut identifier une hélice de la taille de celles du Titanic, mais ce ne fut jamais confirmé.
Un océanographe américain, ancien de l'US Navy et spécialiste de l'ingénierie sous-marine, refuse pourtant de se laisser décourager. Depuis des années, il rêve de découvrir l'épave accumule des informations sur les conditions du naufrage et la topographie du site du naufrage.
C'est le Professeur Robert D. Ballard, Directeur de recherches à l'Institut Océanographique de Woods Hole, dans le Massachusetts, qui, après plusieurs années de préparation ( recherches historiques, océanographiques et relèvements par satellite ) entend relever le défi scientifique consistant à parcourir le site de l'épave et photographier le Titanic.
En 1982, Robert Ballard contacte l'US Navy afin d'obtenir le financement nécessaire à son expédition mais les militaires refusent de consacrer une fortune pour localiser un paquebot qui ne les intéresse pas. Cependant, puisque Ballard possède la technologie d'exploration des grands fonds, contrairement à la Navy, les deux parties parviennent à l'accord suivant: Ballard ne sera autorisé à rechercher l'épave du Titanic qu'après avoir localisé les épaves des sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire USS Thresher et USS Scorpion, disparus au cours de la Guerre Froide, pour lesquels la Navy veut découvrir les causes de leur naufrage. Bien entendu, l'aspect militaire de la mission et la nature du financement doivent demeurer "secret défense". Ce dernier ne sera levé qu'en 2008 et c'est alors que Ballard révèlera les conditions de son expédition.
C'est grâce à ce financement que Robert Ballard va pouvoir relever le défi qu'il s'est lancé et dont l'objectif est aussi que le succès de la découverte soit assuré avec tout le respect et la dignité dus au navire, aux victimes et à leur sépulture.
Ainsi, 73 ans après la tragédie et plusieurs expéditions infructueuses, les gros titres de la presse, qui avaient jadis bouleversé le monde, annoncent le 1er Septembre 1985 : " LE TITANIC EST RETROUVÉ ! ".
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La mission du succès est
cependant franco-américaine: l'IFREMER ( Institut Français de Recherche
pour l'Exploitation de la Mer ), qui bénéficie de la technologie la plus
avancée, s'associe à la recherche du Titanic mais, conformément aux
engagements qu'il a pris, Robert Ballard, ne dévoile pas aux Français l'origine
de son financement ni le secret de sa mission sur les USS Thresher et
USS Scorpion.
La mission de recherche du Titanic regroupe ainsi 25 personnes les plus qualifiées en recherche océanographique, dont
Jean-Louis Michel, responsable de l'équipe française.
La recherche du Titanic s'effectue dans la zone entourant le point où les données historiques situent le navire: 41°46' Nord et 50°14' Ouest, à 325 milles ( 600 km ) du Cap Race, pointe sud-est de Terre-Neuve.
La stratégie est double:
Une première phase de recherche par sonar est réalisée, à partir du 5 Juillet 1985, par l'équipe française à bord du navire Le Suroit (qui a appareillé de Brest le 5 Juillet) et au moyen du SAR (Sonar Acoustique Remorqué). Le 12 Juillet, Robert Ballard rejoint l'équipe. Malheureusement, les recherches s'avèrent infructueuses.
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Le 12 Août, Robert Ballard et Jean-Louis Michel quittent le site pour rejoindre, aux Açores, le navire océanographique américain Knorr qui vient de terminer sa mission secrète sur l'USS Scorpion. Le Knorr fait ensuite route vers l'Atlantique Nord pour effectuer une seconde phase de recherche du Titanic, visuelle et complétée par sonar grâce à son robot remorqué Argo, équipé de caméras.
Un schéma montre le "balayage" effectué par le robot Argo pendant la seconde phase de recherche.
Le matin du 1er Septembre 1985, Argo découvre enfin le premier objet identifié comme appartenant au Titanic: une chaudière.
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Le Titanic git par 3780 mètres de fond dans un paysage doucement vallonné surplombant un petit canyon.
Il se trouve, en réalité, à 41°43' Nord
et 49°56' Ouest soit à 25,5 km au sud-est de sa position supposée.
Cet écart important est lié à une erreur du point effectué
par le 4ème Officier Boxhall le 14
Avril 1912 à 17 heures, due peut-être à un décalage d'heure
et aggravée par l'existence d'un courant sud-est et une
surestimation de la vitesse du navire.
Les positions précises sont:
Lors du naufrage, le paquebot s'est brisé
entre les cheminées N° 3 et N° 4 ( voir Plans N° 1 ), la proue et la poupe tombant séparément.
On estime que la vitesse de la chute fut de l'ordre de 40 à 55
km/h et que sa durée fut d'environ 6 minutes.
L'arrière, long d'environ 110 mètres, est tombé verticalement et est enterré de 15 à 18 mètres au niveau du safran du gouvernail.
L'avant, long d'environ 137 mètres, a heurté le fond suivant un angle aigu; l'étrave est enterrée de plus de 20 mètres au niveau des ancres ( ce qui rend presque invisibles les traces laissées par l'iceberg ).
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L'état de la partie arrière |
Prise à plus de 60 m de la proue lors de l'expédition sur l'épave réalisée en 2001, l'image sonar ci-dessous révèle un grand nombre de détails dont les plus visibles sont les équipements (tels que les bollards) du gaillard d'avant, le mât avant tombé, et les contours montrant l'énorme déchirure de la coque qui s'est produite vers l'arrière, lors de la cassure.
Image sonar
enregistrée lors de l'expédition 2001
L'image suivante résulte de l'assemblage de
108 photographies de la partie avant intacte du navire, prises en
1986 par l'équipe de Robert Ballard à une altitude moyenne de 8
mètres.
Cette mosaïque est divisée en 4 éléments cliquables
révélant chacun un agrandissement ainsi qu'une description.
On remarque le mât avant, couché, sur lequel se trouve encore
le nid-de-pie.
Mosaïque de
la partie avant du Titanic, en 1986
(Cliquez pour agrandir chaque élément et lire sa description)
Croquis de la partie
avant, réalisé en 2001
(Cliquez pour agrandir)
Autre mosaïque
photographique des parties arrière et avant de l'épave, en 2001
De multiples débris sont dispersés sur le
fond, près de l'épave sur plus de 3 km2.
Pour la plupart, ils sont concentrés près de la partie
arrière, très endommagée
( les ponts s'étant écroulés sur eux-mêmes ), qui se situe à
environ 700 mètres de la partie avant en bien meilleur état.
Contrairement à la partie avant déjà envahie par les eaux au
moment du naufrage, l'arrière, rempli d'air, a été soumis à
de fortes pressions pendant la chute, ce qui explique sa
dislocation et son état de délabrement.
L'arrière est orienté dans l'axe de l'avant mais s'est inversé
en ayant pivoté de 180°.
Toutes les parties de l'épave sont rongées
par des micro-organismes et on estime qu'elles sont actuellement
recouvertes par 650 tonnes de rouille.
20% de la partie avant sont déjà dévorés par les bactéries qui rongent environ
45 kg de fer par jour.
La nature des dégâts provoqués lors du
choc contre l'iceberg a longtemps donné lieu à controverses.
La commission d'enquête de 1912 avait conclu à une faille de 30
mètres de long. Les calculs, effectués par la suite à partir
de cette hypothèse, ont démontré que le Titanic aurait coulé
en 10 minutes, ce qui est faux.
En 1996, on voulut savoir quel était l'état réel de la
"blessure" provoqués par l'iceberg sur la coque.
Une expédition sur l'épave, employant des techniques ( dont le
sonar ) rendant possible l'examen les dégâts sous la vase, a
permis de confirmer l'hypothèse de Edward Wilding ( architecte
naval des chantiers Harland et Wolff ) émise lors de l'enquête
de 1912 et selon laquelle, les 6 compartiments avant ayant été
envahis de façon inégale par les eaux, la blessure du Titanic
est constituée de parties distinctes.
Il n'existe donc pas une seule ouverture béante mais une série
de 6
entailles ( 3 longues et 3
courtes ) dont certaines ont à peine la largeur d'un doigt.
Elles sont réparties sur une longueur de 76 mètres, la plus
longue étant située au niveau du compartiment N°6 et leur
surface totale n'est que de 1 m2.
Selon les calculs, environ 7 tonnes d'eau par seconde se seraient
engouffrées par ces brèches dans le navire.
D'innombrables morceaux de charbon provenant
des soutes sont dispersés sur plus de 2 kilomètres.
De multiples objets et meubles du bord tapissent le fond de
l'océan.
Cependant, lors de l'expédition réalisée en 2004,
Robert Ballard a constaté une importante dégradation de l'épave
en raison des fréquentes plongées à but récupérateur,
cinématographique ou touristique.
Aujourd'hui, rongé par les bactéries, le nid-de-pie a disparu.
L'image suivante résulte de l'assemblage de
756 photographies de la partie avant du navire, prises par l'équipe de Robert Ballard
au cours de cette expédition.
Cette mosaïque est divisée en 4 éléments cliquables
révélant chacun un agrandissement ainsi qu'une description des dégradations
majeures.
Mosaïque de
la partie avant du Titanic, en 2004
(Cliquez pour agrandir chaque élément et lire sa description)
Lors de l'expédition de 2005, 2 gros morceaux de la partie basse de la coque, en bon état et longs de 12 m pour l'un et 27 m pour l'autre, ont été découverts à environ 500 m de la poupe de l'épave. Ces 2 morceaux ne formaient autrefois qu'un seul tronçon. Cette section de la coque n'ayant pas été repérée auparavant, on supposait qu'elle s'était fragmentée en une multitude de débris.
Avant cette découverte, les experts pensaient que le Titanic s'était simplement brisé net en 2 parties. La présence des 2 morceaux de coque tend désormais à montrer que le navire a coulé beaucoup plus rapidement qu'on ne le croyait. L'hypothèse émise pas les experts est que, après que cette partie basse retrouvée se soit brisée, la proue et la poupe se sont séparées. La poupe, qui était toujours en surface et où s'agglutinaient les passagers qui tentaient de survivre, se serait alors enfoncée dans les flots environ 5 minutes plus tard.
Le tableau ci-dessous regroupe quelques photographies montrant des éléments caractéristiques de l'épave. Cliquez sur les images afin de les agrandir ...
Étrave |
Hublot et stalactite de rouille |
Mât avant |
Ancre bâbord |
Bastingage de proue |
Fanal du mât avant |
The "Big Piece" |
Fenêtre d'un appartement |
Fenêtre du pont promenade |
En 2022 a eu lieu une importante opération de numérisation 3D de
l'intégralité de l'épave menée conjointement par les sociétés Magellan Ltd,
spécialiste des fonds marins, et Atlantic Productions afin de réaliser un
documentaire.
Grâce à des centaines de milliers d'images en haute résolution,
il est possible maintenant de visualiser des détails jusqu'alors indécelables et
d'observer l'importante dégradation subie par l'épave.
Quelques images sont
présentées sur la page Numérisation
3D de l'épave du Titanic, en 2022.
Depuis le 6 Octobre 1986, le RMS Titanic
Maritime Memorial Act, loi votée par le Congrès Américain et
signée le 21 Octobre par le Président Ronald Reagan fait de
l'épave du Titanic un mémorial maritime, en hommage aux
victimes.
Cette loi a pour but de "classer l'épave du Titanic comme
un mémorial maritime et prévoir des activités de recherche,
d'exploration et - si cela était approprié - de sauvetage
raisonnables en respectant l'épave."
Elle fait, en outre, obligation aux États-Unis
d'entrer en négociation avec les autres nations impliquées
(Royaume-Uni, Canada et France) afin d'établir des lignes
directrices visant "à protéger l'importance scientifique,
culturelle et historique du RMS Titanic". Les États-Unis
n'ont cependant recueilli que peu d'intérêt sur un accord de la
part des pays concernés.
Le Titanic restera donc un monument historique sous-marin.
Le navire ayant coulé dans les eaux
internationales et la White Star Line n'existant plus, l'épave
du Titanic n'est soumise à aucune juridiction nationale.
Cependant, depuis le 7 Juin 1994, date de l'arrêt de la Cour
Fédérale de Norfolk ( Virginie ), tous les droits d'exploration
exercés sur elle sont la propriété de la Société RMS Titanic Inc.
qui était alors la seule à avoir effectué des fouilles.
RMS Titanic Inc. est reconnue comme unique "sauveteur en
possession", sous réserve d'exercer son droit
par des expéditions régulières et que les objets
retrouvés ne soient pas commercialisés.
Ce droit lui confère l'exclusivité des visites de l'épave et
de la conservation des objets récupérés sur le site.
La vente des objets lui est interdite, excepté à des organismes
dont le but est de les présenter au public.
RMS Titanic Inc., fondée par George Tulloch ( propriétaire, dans les années 1970, de la plus importante concession BMW américaine ), est une société commerciale cotée à la bourse de New York et détenue par des investisseurs américains, canadiens et britanniques.
Les bénéfices acquis par l'exposition des objets retrouvés ainsi que les droits de télévision permettent à RMS Titanic Inc. de financer des campagnes d'exploration ( seul devoir de RMS Titanic Inc. au regard de la loi ).
En Novembre 1999, Arnie
Geller co-fondateur de RMS
Titanic Inc. et ancien producteur de disques, devient le
nouveau Président. Plusieurs lui ont succédé depuis.
D'autre part, le statut de RMS Titanic Inc. a été confirmé en
Avril 2000 par la Cour Fédérale de Virginie.
Dans les faits, la loi est plus tolérante et concède à RMS Titanic Inc. le droit de vendre pour 25 dollars les morceaux de charbon remontés à la surface. Un profit énorme puisque l'on estime que le Titanic, qui avait appareillé avec 5892 tonnes de charbon dans ses cales, en possédait encore environ 2800 tonnes au moment du naufrage: 400 000 morceaux seront ainsi vendus dans un coffret et authentifiés par certificat ...
Par un jugement de Juin 1998, la Cour Fédérale de Virginie a recommandé à RMS Titanic Inc. de "maximiser la valeur historique de l'épave et de restituer à la Société les objets provenant de l'épave, pour l'usage du public et l'éducation de toute l'humanité".
Le 7 Octobre 2002, la Cour Suprême des États-Unis a confirmé le refus d'accorder à RMS Titanic Inc. les droits de propriété des objets récupérés sur l'épave, incluant les objets personnels des passagers, en précisant que RMS Titanic Inc. n'en est que le conservateur.
Depuis le 5 Avril 2012, l’épave du Titanic bénéficie de la protection de la Convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique (ce traité international ne s'applique qu'aux vestiges immergés depuis au moins 100 ans. Selon l'organisation onusienne: "Désormais, les États parties à la Convention pourront interdire la destruction, le pillage, la vente et la dispersion des objets trouvés sur le site. Ils peuvent prendre toutes les mesures en leur pouvoir pour protéger l'épave et faire en sorte que les restes humains soient traités dignement. Ils peuvent également saisir les objets sortis de l'eau illégalement et fermer leurs ports à tout navire se livrant à des activités d'exploration non conformes aux principes de la Convention".
En Juin 2016, le groupe Premier Exhibitions Inc. qui organise divers types d'expositions itinérantes à travers le monde et dont RMS Titanic Inc. est une filiale, s'est déclaré en faillite. Depuis, ses actionnaires font pression pour que le groupe puisse vendre sa collection de 5500 objets dont il n'a que la garde.
Les
expéditions citées ci-après sont les principales
missions d'exploration effectuées après la découverte. Pourtant, depuis 1912, de nombreux projets , des plus farfelus aux plus sérieux, ont été imaginés, réalisés ou non, avec ou sans succès. Pour en consulter la liste, lire la page: L'épopée des explorations. |
Depuis la découverte en 1985, de nombreuses expéditions ont été organisées pour explorer l'épave et, pour certaines, ramener des objets divers ( plus de 6000 ) destinés à des expositions fixes ou itinérantes en hommage aux victimes. Elles ont été entreprises en 1986, 1987, 1991 (à but cinématographique), 1993, 1994, 1995 (à but cinématographique), 1996, 1998, 2000, 2001 (à but cinématographique), 2004 et 2005 (à but cinématographique).
Ces expéditions ainsi que les visites de
l'épave ( dont trois effectuées par James Cameron ) ont permis
de ramener de très nombreuses photographies et séquences
vidéo.
Des émissions de télévision en direct ( voir principe ) ont également été diffusées sur les chaînes
américaines.
A titre d'exemple, un très beau cliché de ce qu'il reste du quartier des officiers ainsi qu'une photo de la cheminée du petit salon de la suite de luxe de 1ère classe B51 ( la suite identique B52 est occupée par Caledon Hockley dans le film de James Cameron ).
Toutes les informations recueillies montrent que les deux énormes parties du Titanic sont très endommagées et profondément envasées. C'est pourquoi il est techniquement impossible de les remonter à la surface. Seules certaines pièces peuvent être ramenées mais avec beaucoup de difficulté.
Robert Ballard et son équipe de l'Institut de Woods Hole reviennent sur l'épave découverte l'année précédente. Les plongées sont effectuées à l'aide du sous-marin habité Alvin et du robot téléguidé Jason Junior.
C'est lors de cette expédition que l'état exact de l'épave est découvert: avant et arrière séparés et rongés, ponts effondrés, etc.
2 plaques commémoratives sont déposées sur l'épave: l'une au nom de la Titanic Historical Society, l'autre au nom de l'Explorers Club.
C'est la 1ère d'une série de 5 expéditions menées par RMS Titanic Inc. et l'IFREMER qui conduiront à la récupération de 6000 objets et d'un morceau de coque.
Lors de celle-ci, plus d'un millier d'objets sont récupérés.
Une mission russo-canadienne effectue, au moyen du navire océanographique Akademik Mstislav Keldysh et de 2 sous-marins Mir 1 et Mir 2, 17 plongées sur l'épave: 11 plongées sur la partie avant et 6 sur la partie arrière.
De nombreux objets sont repérés mais non remontés.
Cette expédition réalise le tournage d'un film en IMAX et ramène 1200 km de pellicule desquelles sera issu le film "Titanica" sorti en 1992.
Au cours de la 2ème expédition RMS Titanic Inc. / IFREMER, 15 plongées sont effectuées à l'aide du sous-marin Nautile. 800 objets sont récupérés.
La 3ème expédition RMS Titanic Inc. / IFREMER constate que la corrosion du Titanic est très rapide. Parmi les objets qui sont remontés, se trouve quantité de morceaux de charbon provenant des soutes du navire. Ils seront exceptionnellement proposés à la vente.
Les équipes identifient un morceau de coque pesant plusieurs tonnes.
Pour la préparation de son film "Titanic", James Cameron et son équipe ont effectué, du 7 au 27 Septembre 1995, 12 doubles plongées afin de "s'imprégner" de ce qu'il reste du paquebot pour en restituer ensuite les images et modéliser l'épave en toute connaissance de cause.
Pour illustrer le niveau des difficultés rencontrées lors des expéditions, évoquons la 4ème expédition RMS Titanic Inc. / IFREMER qui fut organisée en Août 1996 et dont l'objectif était de remonter l'élément de coque identifié en 1994.
Pour cette tentative, George Tulloch, alors Président de RMS Titanic Inc., propriétaire des droits sur l'épave, fit appel aux Français de l'IFREMER qui utilisèrent le navire Nadir et le sous-marin Nautile .
Un repérage par plongée ainsi que les calculs effectués à partir des plans d'époque, permit d'évaluer à 18 tonnes la masse du fragment de coque identifié en 1994. Ce fragment bordait le côté tribord du navire, au niveau des cabines de 1ère Classe C79 et C81.
La technique mise en oeuvre pour la remontée fit appel à des ballons remplis de gazole, liquide plus léger que l'eau.
La difficulté, constituée par la descente de ces ballons au fond de l'océan, fut résolue en leur fixant des chaînes faisant office de lest, ainsi qu'un transpondeur.
Une fois au fond, grâce à ses bras manipulateurs, le Nautile fixa les ballons à l'élément de coque au moyen de filins. Plusieurs jours furent nécessaires à cette opération. Malheureusement, l'un des ballons se décrocha et dut être remplacé.
Au moment choisi, les transpondeurs, activés par signal radio, provoquèrent la libération des chaînes et la remontée commença. Lorsque les ballons parvinrent en surface, on constata que le morceau de coque était stoppé à 60 mètres sous la surface, hors de portée des plongeurs.
Sous la menace de l'ouragan Edward venu des Caraïbes, la mer se forma, bousculant les ballons et provoquant la rupture de filins. Les navires, rejoints par le remorqueur Jim Kilabruk de Terre-Neuve ( équipé d'un treuil pouvant hisser la pièce hors de l'eau ), durent alors quitter les lieux.
Une solution de fortune, consistant à remorquer la pièce sous l'eau à proximité des côtes où la profondeur est plus faible, échoua finalement et la pièce retomba au fond.
Cette première mission se solda donc par un échec.
L'avant dernière campagne d'exploration, d'une durée de 1 mois, débuta le 5 Août 1998 avec la participation de l'IFREMER: il s'agissait de la 5ème expédition RMS Titanic Inc. / IFREMER. Son objectif était de renflouer un autre fragment de coque, de permettre l'exploration de la proue et du pont du paquebot, ainsi que de remonter le transmetteur télégraphique Marconi qui permit de lancer le tragique appel de détresse du 15 Avril 1912.
"The Big Piece"
Le 10 Août 1998, la plaque rouillée mesurant environ 8,00 m sur 6,00 m et pesant 18 tonnes, facilement repérée grâce au transpondeur fixé en 1996 et dont la récupération avait échoué, a été remontée cette fois avec succès. Elle comprend 4 hublots et des centaines de rivets.
Ce morceau de coque a été baptisé "The Big Piece".
Quant au transmetteur Marconi, il ne put être localisé.
Cette expédition permit au petit robot télécommandé Robin de l'IFREMER, de pénétrer dans l'épave, jusqu'à 5 ponts sous le pont supérieur.
La dernière campagne de récupération, baptisée "Expédition Titanic 2000", s'est déroulée du 22 Juillet au 27 Août 2000.
Il s'agissait de la plus ambitieuse mission d'exploration et de récupération effectuée sur l'épave.
Pour en connaître les objectifs et les résultats, cliquez sur le lien.
Effectuée du 4 Août au 25 Septembre 2001, par James Cameron et son équipe, cette expédition a eu pour but de recueillir des prises de vues destinées à la réalisation du film "Ghosts of the Abyss" ("Les Fantômes du Titanic").
Cette mission d'exploration, baptisée "Retour au Titanic", s'est déroulée du 27 Mai au 12 Juin 2004, sous la responsabilité de Robert Ballard.
Son objectif était de faire le point sur la dégradation de l'épave et d'établir une stratégie de préservation.
Pour en connaître les détails, cliquez sur le lien.
La dernière mission d'exploration conduite par RMS Titanic Inc. a commencé le 25 Août et s'est terminée le 20 Septembre 2004.
Sous la responsabilité de Arnie Geller, Président de RMS Titanic Inc., son objectif était de vérifier la dégradation de l'épave, de récupérer quelques objets et d'en localiser d'autres pour des expéditions futures.
L'expédition a ainsi repéré, dans le champ des débris, un gros morceau de coque long d'environ 30 mètres et dont le poids est estimé à 90 tonnes.
Du 24 Juin au 5 Juillet, puis du 18 au 30 Juillet 2005, James Cameron a conduit une nouvelle expédition, en deux parties, en partenariat avec la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et la chaîne de télévision Discovery Channel, avec pour objectif la visite de l'intérieur de l'épave, en particulier de zones jusqu'alors inecplorées, et l'examen des détériorations récemment intervenues. Les prises de vues ont donné lieu au film documentaire "Last Mysteries of the Titanic" diffusé par Discovery Channel.
Cameron a fait appel aux moyens russes composés du navire océanographique Akademik Mstislav Keldysh et des 2 sous-marins Mir 1 et Mir 2, ainsi que de mini robots et de 16 caméras vidéo. Une cinquantaine de personnes, dont des scientifiques et des historiens du Titanic, composaient l'équipe.
Plus de 10 000 objets ayant appartenu au paquebot ou aux passagers eux-mêmes ont ainsi été photographiés lors des différentes expéditions. Certains ont été remontés grâce aux bras manipulateurs de capsules sous-marines habitées ( en particulier, le Nautile ).
Parmi les plus intéressants, on trouve:
- chaudières, grues, blocs-moteurs,
- embase de la cheminée N° 4,
- éléments de gouvernail, de barre du paquebot,
- transmetteurs d'ordres, téléphone de coupée, cloche de bord, lanternes, sifflets,
- hublots, lustres, fragments de vitraux,
- pieds de lit, radiateurs, cadres de bancs, balustrades d'escaliers,
- baignoires, cuvettes, lavabos,
- le coffre fort du Commissaire de bord,
- vaisselle, argenterie, bouteilles de vin,
- journaux, lettres, billets de banque, partitions musicales,
- valises, sacs, étuis,
- vêtements, chaussures, bottes,
- portefeuilles, stylos, montres, lunettes, bijoux,
- un chérubin en bronze ornant l'escalier arrière de 1ère classe.
Par exemple, ont été trouvées au fond de l'océan:
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Vous trouverez deux galeries de photos rassemblant quelques uns des objets, dont la plupart a été ramenée du fond de l'atlantique, qui perpétuent le souvenir du paquebot et de ses passagers.
Après avoir été immergés pendant plusieurs décennies, les objets remontés ont dû subir des traitements électrochimiques afin de les préserver de la dégradation et de la décomposition au contact de l'air.
La conservation et la restauration des objets est assurée par le laboratoire français LP3-Conservation situé à Semur-en-Auxois ( Côte d'Or ).
La société RMS Titanic Inc. est
responsable de l'exposition mondiale de centaines d'objets
récupérés sur le site de l'épave du Titanic, à 3800 mètres
sous l'Atlantique Nord.
L'exposition fait revivre l'histoire inoubliable de la
catastrophe maritime la plus connue au monde, depuis la splendeur
et la somptuosité de la conception du Titanic, jusqu'aux
histoires personnelles de ses passagers, à la nuit tragique du
14 Avril 1912, à sa découverte ultérieure et à la
récupération de ses objets sur le fond de l'océan.
Jusqu'en 2017, plus de 25 millions de personnes ont visité les expositions d'objets du Titanic qui ont été organisées à travers le monde, par exemple:
Malgré le manque d'oxygène aux très
grandes profondeurs, les structures d'acier de l'épave du
Titanic sont cependant très endommagées par les attaques des
micro-organismes des fonds marins et se dégradent rapidement.
La comparaison des images vidéo prises lors des expéditions de
1993 à 1998 montre que cette dégradation a subi une importante
évolution en seulement 5 années.
L'expédition 2000 a confirmé que ce processus ne cessait de
s'accélérer.
En Juillet 2003, une équipe de chercheurs, de scientifiques et
d'explorateurs, a effectué plusieurs plongées sur l'épave.
Elle a constaté la détérioration progressive de la proue et
l'effondrement de l'infrastructure. Le mât avant,
le pont des embarcations et le quartier des officiers se sont
effondrés.
Selon une étude effectuée par des chercheurs de l'Université canadienne Dalhousie située à Halifax (Nouvelle-Écosse) et dévoilée en Mars 2017, ces scientifiques ont identifié une bactérie nouvelle, particulière et extrêmement résistante, qui dévore l'épave. Cette bactérie, qu'ils ont baptisée "Halomonas titanicae", du nom de sa victime, n'est freinée ni par l'obscurité, ni par la pression, ni par le froid des fonds marins. Cette étude prévoit que l'épave pourrait ne plus exister d'ici 2037, les prévisions les plus pessimistes envisageant la disparition complète d'ici 2031.
La charpente métallique du navire, rongée par cette bactérie, va ainsi s'écrouler progressivement, ensevelissant tout ce qu'elle abrite sous ses décombres.
En Août 2019, lors d'une série de 5 plongées réalisées à bord du submersible DSV Limiting Factor construit par la société américaine Triton Submarines, un groupe d'experts et de scientifiques a constaté une forte dégradation de l'état de l'épave et la disparition d'éléments emblématiques tels que la baignoire du Commandant Smith.
La lente dégradation de la partie avant
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Pour connaître les
causes de la dégradation, lire la page: La détérioration de l'épave et de son site. |
Afin de perpétuer la mémoire du navire et
de toutes les victimes de son naufrage, la récupération
d'objets situés à l'intérieur de l'épave a donc dû être
effectuée au plus tôt pour présenter le minimum de risques.
Dans quelques années, les recherches ne seront donc plus
possibles ...
Mais, à la suite de son expédition de 2004 qui a mis en évidence d'importantes dégradations, Robert Ballard s'est élevé contre de nouvelles visites de l'épave.
Le 18 Juin 2004, une semaine à peine après la fin l'expédition, les États-Unis ont annoncé avoir signé un accord international destiné à préserver l'épave du Titanic et la protéger contre les pilleurs, et qui sera ensuite ratifié par le Congrès américain. Les quatre pays les plus étroitement liés au Titanic (Canada, États-Unis, France et Grande-Bretagne) ont négocié cet accord depuis 1997. En Novembre 2003, la Grande-Bretagne avait signé l'accord, qui entre en vigueur quand au moins deux pays l'ont ratifié ou accepté. Selon l'accord, le Titanic est considéré comme un "mémorial maritime international", ce qui permettra d'encadrer les activités de plongée sur le site de l'épave.
Début Juin 2006, le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont décidé de s'unir pour accroître la protection du site où repose le Titanic. Les quatre pays se sont entendus pour refuser toute aide financière ou technique à quiconque organisera une expédition de récupération d'objets sur l'épave non parrainée par le groupe.
Une certitude est donc que l'épave du Titanic restera à jamais un mémorial maritime, en hommage aux victimes.
Le coffre-fort principal du navire gît toujours au fond de l'océan avec les 300 millions de dollars de bijoux qu'il est supposé contenir ...