L'Expédition 2004 "Retour au Titanic"

   

 

"Le Titanic est une pyramide des abysses."
Robert D. Ballard

 

Du 27 Mai au 12 Juin 2004, Le Dr Robert Ballard, découvreur de l'épave en 1985, est revenu sur le site où gît le Titanic par 3850 m de fond, et a retrouvé son "vieux complice" qu'il n'avait pas revu depuis sa seconde expédition, en 1986.

Cette mission d'exploration, de type "regarder sans toucher", s'inscrit dans le programme d'exploration de la National Ocean and Atmospheric Administration des États-Unis.

 

 

 


La mission ...
 

L'objectif

L'équipe

Les moyens

Les résultats

Anecdotes

La proue du Titanic, toujours intacte

 

L'objectif

L'expédition "Retour au Titanic" a pu être réalisée grâce au partenariat de plusieurs organismes dont:

L'objectif de cette mission d'exploration "regarder sans toucher" est ainsi décrit dans diverses déclarations de Robert Ballard:

"Je reviens sur le site pour montrer au monde que le Titanic a un avenir meilleur que ce qu'il a subi. Je veux parler à la nouvelle génération des possibilités que le futur réserve pour eux et pour le Titanic. Je veux prouver que leurs priorités ne sont pas le pillage des pyramides des abysses, mais le soin et la reconnaissance à long terme".

"Je reviens pour voir ce qu'il est advenu du navire pendant les presque 20 ans qui se sont écoulés depuis que j'en ai fait la découverte. Au moyen de caméras à haute définition, nous prendrons des images du navire et du champ des débris environnant, et nous les comparerons à celles que nous avons prises en 1985 et 1986. Cela permettra à notre équipe et aux téléspectateurs de mettre en contraste le passé et le présent du navire, et de voir par nous-mêmes le degré d'évolution".

"Les abysses sont un musée qui contient davantage d'histoire que tous les musées du monde réunis. Il n'y a pourtant aucune loi régissant la grande majorité des épaves, et c'est un risque majeur".

Robert Ballard est en effet convaincu que la dégradation de l'épave à été provoquée par les visites répétées sur le site même ainsi que son environnement; les visiteurs incluant des aventuriers, des opérateurs de voyages, des réalisateurs de cinéma et des récupérateurs qui ont ramassé plus de 6000 objets. Sans compter les innombrables micro-organismes marins qui ont dévoré le fer et le bois du navire.

Le Titanic est détérioré au point qu'il est en grand danger d'effondrement s'il n'est pas préservé. L'objectif poursuivi par la mission "Retour au Titanic" est donc d'effectuer un état des lieux et d'identifier les stratégies de préservation de l'épave pour les futures générations.

L'idée directrice, que Ballard défend en effet depuis 20 ans, est que le site de l'épave du Titanic doit demeurer un mémorial maritime inviolé. Pour atteindre cet objectif, il souhaite faire interdire toute plongée sur l'épave et son environnement, tout en les recréant virtuellement afin de les porter à la connaissance de tous.

 

L'équipe

La mission d'exploration "Retour au Titanic" est placée sous la responsabilité de Robert Ballard, découvreur de l'épave, le 1er Septembre 1985.

 


Robert Ballard

 

Robert Ballard, âgé de 62 ans et qui a quitté l'Institut Océanographique de Woods Hole, dans le Massachusetts, après y avoir passé 30 ans, est le président fondateur de l'Institut pour l'Exploration (institution à but non lucratif) associé à l'Aquarium de Mystic, dans le Connecticut.
L'effectif de la mission est de 32 personnes: ingénieurs, scientifiques, archéologues et membres des organismes partenaires.

 

Les moyens

Les moyens d'exploration sont composés de 4 unités: le navire de recherches Ronald H. Brown ainsi que 3 submersibles inhabités. Ces engins sont: le robot remorqué Argus, ainsi que 2 robots de type ROV (Remotely Operated Vehicle / Véhicule télécommandé) baptisés Little Hercules et Hercules, chargés d'explorer et de transmettre les prises de vues vidéo.

 

Le Ronald H. Brown

Ce navire de recherches est la propriété de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis. Long de 83,50 m et déplaçant 3250 t, c'est de son poste de commande que sont pilotés les ROV à l'aide de manettes.

 


Le Ronald H. Brown

 

Le poste de commande et de contrôle est composé de 2 containers posés sur le pont et remplis de matériel électronique: ordinateurs, système de commande, moniteurs vidéo à écrans plasma. Il est occupé par le chef de quart, le pilote des ROV, un navigateur, un opérateur vidéo, un enregistreur de données et Robert Ballard qui suit toutes les opérations.

 

Argus

Argus est un robot submersible long de 3,50 m et pesant 1,2 t, suspendu à l'extrémité d'un câble long de 4,2 km, relié au navire de surface et contenant des fibres optiques,.
Assimilable à un traîneau, Argus est manœuvré depuis le Ronald H. Brown en montant ou en descendant le câble et est positionné en orientant le navire. A bord de celui-ci, le pilote affine les déplacements d'Argus en envoyant des ordres à travers le câble pour commander ses propulseurs à hélice.

 


Le traîneau submersible
Argus

 

Argus, qui constitue la plate-forme relais éclairante du dispositif d'exploration, est équipé d'un sonar, de moteurs permettant d'activer ses hélices pour diriger ses projecteurs (2 kW) et ses caméras vers des cibles intéressantes ainsi que vers les deux autres ROV, Little Hercules et Hercules.

 

Little Hercules

Le ROV Little Hercules (appelé aussi Little Herc) est le plus petit des deux robots fureteurs et a été conçu pour la prise de vues vidéo à haute définition. Étant donné ses petites dimensions, il était essentiellement destiné à l'exploration de l'intérieur de l'épave.
D'un poids de 250 kg dans l'air, il possède un compartiment flottant qui lui assure une mobilité en quasi apesanteur dans l'eau (4 kg maximum), grâce à ses propulseurs à hélice.

 


Robert Ballard et le ROV Little Hercules

 

Little Hercules est relié à Argus au moyen d'un câble laisse d'une longueur de 30 m et contenant des fibres optiques. Il peut ainsi être piloté en 3 dimensions depuis le navire de surface.
Lors de la descente sur le site, Little Hercules est rangé dans un compartiment du traîneau Argus. Au moment où, au moyen de ses projecteurs, Argus fait une découverte intéressante visionnée sur les écrans du poste de commande du Ronald H. Brown, le pilote libère Little Hercules du traîneau et en prend la commande directionnelle. Les images vidéo prises par les caméras de Little Hercules sous l'éclairage de ses propres projecteurs sont alors transmises en surface via Argus et les liaisons par fibres optiques. Robert Ballard et son équipe visionnent ces images à l'intérieur du container de commande placé sur le Ronald H. Brown.
Ces mêmes images sont aussi acheminées par liaison satellite, lors d'émissions en direct, aux téléspectateurs lointains de la chaîne National Geographic, aux écoles participant au programme Titanic de la Fondation JASON pour l'Éducation (Robert Ballard reçut des milliers de lettres d'écoliers lui demandant comment il avait découvert le Titanic), ainsi qu'à des laboratoires de recherches, à travers le monde.

Robert Ballard aurait aimé envoyer le ROV Little Hercules faire la descente de la cage béante du Grand Escalier de 1ère Classe, mais il dut renoncer dans le seul but de ne pas endommager le Titanic. Le plus petit des deux ROV joua donc un rôle limité.

 

Hercules

Le ROV Hercules (appelé aussi Big Herc), long de 2,10 m et pesant 2,3 t, est du même type que son petit frère, Little Hercules, mais plus volumineux.
Conçu à l'origine pour la recherche archéologique sous-marine, il est essentiellement utilisé pour l'exploration à l'extérieur de l'épave.

 


Le ROV Hercules

 

Comme Little Hercules, Hercules est relié à Argus par câble laisse, est piloté depuis le Ronald H. Brown, est équipé de projecteurs (1,8 kW) et caméras vidéo à haute définition, mais possède la particularité d'être équipé de 2 pompes à succion, de 2 pompes à jet d'eau et 2 bras manipulateurs lui permettant de récupérer des échantillons biologiques ainsi que d'effectuer du travail de fouilles.
En aucun cas, lors de la mission "Retour au
Titanic" les bras de Hercules n'ont été utilisés pour la récupération d'objets. Ils ont seulement servi à effectuer des prélèvement destinés à des analyses biologiques.

 

Les résultats

La mision "Retour au Titanic" fut une réussite que Robert Ballard commenta ainsi: "Tout ce qui aurait pu aller mal s'est bien passé". Et il ajouta: "Il m'a laissé entrer", parlant du Titanic au fond du capricieux Atlantique Nord, comme si le navire possédait des qualités humaines. "J'ai eu le véritable sentiment, par temps calme, qu'il m'a laissé entrer".

 

L'état de l'épave

Au cours de la mission dont les plongées débutèrent le 31 Mai et se terminèrent le 9 Juin 2004, furent notamment explorés:

Les premiers commentaires faits sur l'état de l'épave sont les suivants ...

La proue du Titanic a coulé quasiment intacte et ne s'est dégradée que très lentement par rapport à la poupe qui a implosé et s'est disloquée en heurtant le fond de l'océan. Extrêmement endommagée, la poupe est, selon le commentaire de Ballard "une maison hantée, une maison des horreurs". Toutes deux ont été attaquées par les micro-organismes ballottés par les courants, et recouvertes de "neige de mer" (particules organiques répandues au fond de l'océan et constituant une substance blanche composée de magnésium).

"Les submersibles sont comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, et la porcelaine va se casser" et "C'est comme si on entrait au Louvre avec un bulldozer" a déclaré Ballard qui a découvert, sur la proue, des traces de coups provoqués par des submersibles et, sur le pont, des trous aux endroits où les "visiteurs" ont effectué des atterrissages répétés.

Ballard a notamment remarqué l'effondrement des cloisons de la cabine du Commandant Smith et ce qu'il pense être des dégâts provoqués par un submersible sur la cabine du 1er Officier Henry Wilde, toutes deux situées à l'arrière de la passerelle. Cependant, selon lui, il est difficile de déterminer l'importance de l'effondrement dû aux impacts par rapport à la dégradation naturelle.

Le toit de la station radio Marconi a été le terrain d'atterrissage de prédilection pendant des années en raison de la proximité du Grand Escalier de 1ère Classe. Ces atterrissages y ont provoqué des trous et ont tout détruit, en particulier les organes de connexion de la salle sourde avec les câbles d'antenne, que l'on pouvait clairement reconnaître sur des photographies prises en 1986.

Le mât avant qui reposait jusqu'alors en équilibre sur le gaillard d'avant et la passerelle de navigation, s'est affaissé et le nid-de-pie, qui était encore solidaire du mât, a disparu (probablement tombé par une écoutille).

Une grande quantité d'informations a pu être recueillie pendant l'expédition. Il est désormais possible d'établir des mosaïques photographiques de la proue, de la poupe et du champ des débris, indispensables pour établir les comparaisons avec les images prises en 1985 et 1986.

L'écho-sondeur multifaisceaux équipant le Ronald H. Brown a donné, en outre, les informations permettant de dresser des cartes topographiques détaillées du fond de l'océan. En raison de la considérable évolution du matériel et de ses performances depuis 20 ans, la précision métrique des relevés est devenue millimétrique.

L'image suivante résulte de l'assemblage de 756 photographies de la partie avant du navire, prises par l'équipe de Robert Ballard au cours de cette expédition.
Cette mosaïque est divisée en 4 éléments cliquables révélant chacun un agrandissement ainsi qu'une description des dégradations majeures.

 

Mosaïque de la partie avant du Titanic, en 2004
(Cliquez pour agrandir chaque élément et lire sa description)

 

Les objets photographiés

Parmi les objets que les caméras des ROV ont pu filmer sur le champ des débris, on trouve:

En revanche, la tête de poupée en porcelaine, photographiée en 1986 sur le fond, n'a pas été retrouvée.

 


Le télémoteur de passerelle

 


Lustre, près du Grand Escalier de 1
ère Classe

 


© National Geographic Society & Institute for Exploration/University of Rhode Island
Chaussures d'un passager, reposant sur le fond de l'océan

 

Le dernier jour des explorations, Hercules effectua des prises de vues des machines alternatives géantes du Titanic. A leur sujet, Robert Ballard déclara:

"Elles se tiennent comme des monuments de la taille et de la magnificence des épaves les plus légendaires. Si le microbiologiste Roy Cullimore (membre de la mission) a raison, elles resteront très, très, longtemps.
Si l'épave continue à se dégrader, ces machines seront, un jour, le dernier souvenir de la poupe. Les rouillures, qui ont dévoré le fer du navire, ont trouvé plus de résistance à s'installer sur l'épais métal des chaudières et des machines que sur les plaques de pont et de coque relativement fines
".

De retour à terre, Ballard fit le commentaire suivant:

"Je peux vous assurer que cela vous parle vraiment quand vous y allez. Ce n'est pas juste un bateau. C'est un endroit très spécial et on devrait consacrer notre énergie à le conserver".

 

A l'issue de cette mission et bien que les premiers commentaires laissent entendre que le Titanic ne se détériore pas aussi rapidement qu'on aurait pu le penser auparavant, il convient désormais d'attendre l'ensemble des conclusions des experts afin que soit déterminée la stratégie de préservation de l'épave pour les générations futures.

Robert Ballard a cependant constaté que le navire avait été sérieusement endommagé par les visites de sous-marins qui se sont succédé au fil des ans. "Dans de nombreux cas, les sous-marins ont laissé des traces là où ils se sont posés et ont écrasé le pont", souligne-t-il.
"Nous ne sommes pas opposés à ce que l'on puisse descendre sur le site mais à condition de ne rien toucher. Vous n'allez par sur l'Arizona pour en piller des morceaux", dit-il en référence à un bâtiment américain coulé lors de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, qui est protégé comme mémorial de guerre. "Nous voulons établir des règles pour prolonger la vie du Titanic".
Ballard souhaite que les visiteurs respectent l'épave, témoignage de l'une des pires catastrophes maritimes de l'histoire.

"De nombreux objets ont été ramassés sur le champ de débris entourant l'épave", souligne l'explorateur et "il n'y a plus rien à prendre» sur le navire lui-même". Des visiteurs ont notamment prélevé des pièces de monnaie, de la vaisselle, des lampes, une boussole, une cloche, des anneaux ou encore des boutons de manchette. En revanche, des détritus et des tas de chaînes et de sacs de sable utilisés comme ballast pour les submersibles jonchent aujourd'hui le fond autour de l'épave.

Selon  Robert Ballard, "les touristes sont les pilleurs principaux des fragments du Titanic. Ils n'emportent pas seulement des détails du navire en tant que souvenirs, mais ils lui causent aussi un grand préjudice en exigeant que les pilotes des submersibles atterrissent à bord du navire. Déjà rouillé, le navire tombe en ruines à vue d'oeil".

Le 18 Juin 2004, une semaine à peine après la fin de l'expédition 2004, les États-Unis ont annoncé avoir signé un accord international destiné à préserver l'épave du Titanic et la protéger contre les pilleurs. Les quatre pays les plus étroitement liés au Titanic (Canada, France, Grande-Bretagne et États-Unis) ont négocié cet accord depuis 1997. En Novembre 2003, la Grande-Bretagne avait signé l'accord, qui entre en vigueur quand au moins deux pays l'ont ratifié ou accepté. Selon l'accord, le Titanic est considéré comme un "mémorial maritime international", ce qui permettra d'encadrer les activités de plongée sur le site de l'épave.
Le texte, qui a reçu l'accord de Washington, doit encore être ratifié par le Sénat américain. Robert Ballard espère également que la Russie, la France et le Japon feront aussi partie des signataires.

 

Anecdotes

 

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