L'épopée des explorations de l'épave du Titanic

 

A la rencontre de l'épave du Titanic

 

A peine le Titanic avait-il été englouti par les flots que les rumeurs de cargaison de grande valeur et de trésors fabuleux circulaient: diamants et bijoux, lingots d'or et valeurs, la copie des Rubaiyat ornée de pierres précieuses, etc ... ; les imaginations étaient sans limites.
L'épave du paquebot suscita donc très vite les convoitises que les plus cupides rêvaient de satisfaire en allant l'explorer et même de la renflouer.

Ce thème, en 2 parties, donne la liste chronologique des nombreux projets d'exploration de l'épave du Titanic. Certains d'entre eux, sont des plus farfelus, voire complètement utopiques, alors que d'autres, issus d'analyses de faisabilité faites par des scientifiques et des professionnels, ont pu été concrétisés, avec ou sans succès.
Les grandes réussites ont mis en oeuvre les technologies les plus avancées de leur époque, en particulier l'expédition Titanic 2000 à laquelle une page spécifique est consacrée.

Ce document ne tient pas compte des "plongées touristiques" qui ont lieu, selon les années, sur l'épave. N'ayant, à priori, pas d'objectif à caractère scientifique, historique ou cinématographique, ces "expéditions" font l'objet d'une page spécifique.

 

En parallèle aux projets d'exploration, farfelus ou sérieux, et résultant d'une intention de réalisation de la part de leurs concepteurs, divers ouvrages de fiction ont aussi mis en scène le renflouement du Titanic ou l'exploitation de son épave au fond de l'océan. L'un d'eux, utopique lui aussi, s'intègre parfaitement dans l'ensemble des projets volontaristes échafaudés ...

En 1976, Clive Cussler, Président de la très sérieuse National Underwater & Marine Agency (NUMA) des Etats-Unis qui découvrira plus tard les épaves du croiseur HMS Hawke et du Carpathia, publie un ouvrage de fiction intitulé "Renflouez le Titanic !".
Dans ce livre, le héros Dirk Pitt, après avoir renfloué le paquebot, le ramène dans le port de New York afin d'y récupérer des caisses contenant l'unique réserve de minerai d'un métal rare appelé byzanium.
Pour remonter le
Titanic, 4 engins sous-marins participent à l'opération. La brèche faite par l'iceberg dans la coque ainsi que les ouvertures principales du navire sont colmatées à l'aide d'une substance appelée "Aquacier" contenue dans des réservoirs placés autour de l'épave, malléable à l'air et qui se rigidifie dans l'eau.
Le
Titanic est rempli d'air comprimé grâce à un système de pompage et lorsque le volume d'air calculé est atteint, le navire est prêt pour la remontée. Un coussin de bulles créé de manière chimique et qui annihile la friction sur les sédiments, permet à l'énorme carcasse de se libérer de la succion et de remonter.

 

 

1912 - Merritt & Chapman Derrick and Wrecking Company

5 jours seulement après la tragédie, un projet de localisation de l'épave du Titanic fut débattu.
Vincent Astor, le fils de John Jacob Astor, déclara qu'il voulait trouver l'épave et faire explorer sa coque afin de retrouver le corps de son père disparu. Les restes de J.J. Astor furent cependant découverts le surlendemain par le navire câblier
Mackay-Bennett et le projet fut abandonné.

 


Le projet Merritt & Chapman
( Le Virginian-Pilot, 24 Avril 1912 )
La légende dit: "Impossible de remonter les corps"

 

Pourtant, plus tard cette année là, les familles Astor, Widener, et Guggenheim étudièrent la faisabilité de localiser et de remonter la coque du Titanic. Ils signèrent un contrat avec la Merritt & Chapman Derrick and Wrecking Company pour réaliser le travail, mais la compagnie refusa après avoir conclu que la tâche était impossible à une aussi grande profondeur, avec les moyens de l'époque.

 

1914 - Charles Smith

En Mars 1914, moins de deux ans après le naufrage, un architecte américain de Denver nommé Charles Smith, publia un projet de renflouement basé sur l'utilisation d'électroaimants attachés à un sous-marin spécialement conçu, qui devait plonger à la position estimée du Titanic.
La coque du paquebot devait attirer les électroaimants et amener le sous-marin à côté de l'épave. La position exacte de celle-ci étant alors connue, d'autres électroaimants seraient alors descendus et fixés directement sur la coque. Des câbles attachés à ces électroaimants seraient reliés à des treuils situés sur une flottille de barges placée au-dessus de l'épave.
A un signal donné, les treuils seraient mis en marche, remontant le
Titanic à la surface.
Pour réaliser son projet, Smith avait besoin de 162 hommes mais aussi de 1,5 million de dollars.
Il ne trouva pas le financement nécessaire.

Un chapelier, John Marcus, prétendit qu'il était possible de ramener l'épave à la surface grâce à des aimants. S'il avait les idées, il n'eut pas le financement.
Un autre projet devait faire appel à des aimants fixés sur le
Titanic et reliés par des câbles à des flotteurs contenant un vide et s'élevant au-dessus de la carcasse comme une grappe de ballons.
Lorsqu'un nombre suffisant de flotteurs aurait été ajouté, le paquebot aurait vraisemblablement été remonté.

Cette même année, le magazine américain Popular Mechanics prédit que les enfants de certaines victimes du Titanic pourraient "vivre pour examiner la véritable image du grand paquebot gisant au fond de l'océan". L'article décrivait les derniers développements de la photographie sous-marine en expliquant que des films pouvant déjà être réalisés sous la surface de l'océan grâce à une "ingénieuse sphère de 1,20 m possédant une vitre de 7,5 cm d'épaisseur à une extrémité". La sphère pouvait être descendue à une profondeur maximale de 90 m partir d'une barge qui avait reçu, à juste titre, le nom de l'écrivain de science-fiction Jules Verne.

La 1ère Guerre Mondiale fit oublier toutes les idées de localisation et de renflouement du Titanic et il fallut attendre la fin de le 2ème Guerre Mondiale pour que de nouveaux projets voient le jour.

 

1953/1954 - Risdon Beazley Ltd

En Juin 1953, le navire britannique de récupération Help que le Ministère de la Marine avait placé sous contrat auprès de la compagnie de sauvetage Risdon Beazley Ltd., quitta le port de Southampton pour se rendre à la position estimée du Titanic.
Là, le
Help effectua des tirs sous-marins à l'aide de violents explosifs afin d'obtenir des profils d'écho. Il était équipé de téléobjectifs de profondeur et d'un système de récupération télécommandé.
Il est vraisemblable que les chercheurs espéraient ouvrir la coque afin d'y récupérer les trésors qui étaient supposés s'y trouver.
Rien ne fut découvert, même pas la trace du paquebot et le
Help rentra l'été suivant.
Risdon Beazley Ltd. abandonna le projet.

 

1968 - Douglas Woolley / Titanic Salvage Company

Dans les années 1960, apparaît un Anglais, Douglas Woolley. Il était ouvrier d'usine, employé à la teinture de bas nylon. Autodidacte, sans notions d'océanographie, sans expérience scientifique et sans ressources financières, il était cependant obsédé par le Titanic et passait des heures à rêver de découvrir et renflouer le paquebot.
Parvenu à gagner l'écoute de la presse, il annonça en 1966 ses projets et les actualisa régulièrement.
Wolley déclarait qu'il allait rechercher, trouver, photographier, remonter et remettre en état le
Titanic dans l'objectif de le ramener à Liverpool et de le transformer en musée flottant. Mais il était aussi persuadé que le paquebot contenait 100 000 000 £ d'or et d'argent ...

A l'origine, il devait découvrir le Titanic au moyen d'un bathyscaphe puis le remonter à l'aide de ballons en plastique attachés à sa coque. Ceux-ci seraient remplis d'air, faisant ainsi remonter le navire à la surface. La manière de gonfler les ballons à 3900 mètres de profondeur était cependant obscure.

En 1968, un groupe nébuleux d'investisseurs allemands promit les capitaux nécessaires et, avec l'aide d'un comptable londonien, la société Titanic Salvage Company fut constituée.
Woolley trouva un bateau qu'il pensa transformer en navire de sauvetage et crut que son rêve était en train de devenir réalité.
Deux inventeurs hongrois, Ambros Balas et Lazslo Sazkoe, projetèrent d'utiliser des sacs de plastique renforcé qui seraient remplis de 65000 m
3 d'hydrogène produit par l'électrolyse de l'eau de mer, provoquée par des décharges électriques, mais leur théorie fut rapidement démolie.
Finalement, les capitaux ne furent jamais réunis et le projet échoua.

 

Années 1970

Dans les années 1970, au moins huit groupes différents projetèrent d'explorer le Titanic. Certains voulaient simplement le localiser et le filmer, d'autres espéraient le renflouer à grands renforts d'ingéniosité. Parmi ces projets, citons:

 


Schéma de principe d'un projet de renflouement

Explication du projet illustré:

Des cylindres sont reliés par des câbles à des électroaimants fixés sur la coque du Titanic. Le vide créé dans les cylindres provoque la suspension du navire dans l'eau, tel un ludion. La variation de pression du vide, commandée par un navire de surface, permet au Titanic de remonter pas à pas en empruntant un trajet en marches d'escalier situé sur le fond sous-marin, probablement afin de ménager sa structure et lui éviter une trop brusque remontée. Quelle imagination !

 

Tous ces projets n'étaient que théories souvent farfelues qui ne furent jamais appliquées. Ils avaient, en outre, deux défauts majeurs: d'une part, ils coûtaient trop cher (238 millions de dollars pour le projet "glaçon") et, d'autre part, ils oubliaient que le Titanic s'était brisé en deux parties dans sa chute et ne pouvait que présenter d'incommensurables plaies béantes.
La position exacte du
Titanic demeurait incertaine et on ne donnait généralement pas plus de 50% à 60% de chances de découvrir l'épave.

 

1977 - Robert Ballard / Alcoa Aluminium Company

En 1977, Le Dr. Robert D. Ballard, Directeur du Laboratoire de Plongée Profonde à l'Institut Océanographique de Woods Hole, Massachusetts, aidé par le géant de l'aluminium Alcoa Aluminium Company, organisa une expédition destinée à tenter de localiser le Titanic et à tester le matériel océanographique qu'il prévoyait d'utiliser ultérieurement pour retrouver l'épave. Cela faisait déjà 4 années qu'il préparait son projet.

A bord du navire de forage Alcoa Sea Probe, il fit descendre une nacelle fixée à un tubage d'acier mais un grave incident technique se produisit: le train de tiges se brisa et le contrepoids situé au sommet du derrick tomba. La nacelle et tout le matériel qu'elle contenait tomba au fond de l'océan, ce qui mit fin à l'opération.

 

 

 


L'Alcoa Sea Probe

 

1978 - Walt Disney Productions / National Geographic Society

En 1978, un projet plus sérieux vit le jour, à l'initiative des Productions Walt Disney associées à la National Geographic Society de Washington.
L'objectif était d'aller photographier et filmer l'épave pour en tirer des reportages et un film long métrage.
Les études furent menées par Alcoa Corporation et prévoyaient d'utiliser son submersible
Aluminaut à la coque d'aluminium, long de 15,50 m et pesant 83 tonnes.
Après une dépense préliminaire de 700 000 dollars, Roy Disney abandonna le projet.

 

 


L'Aluminaut

 

1978 - Robert Ballard / Seaonics International

En 1978, le Dr. Robert Ballard créa la société Seaonics International en collaboration avec William (Bill) H. Tantum IV, Président / co-fondateur de la Titanic Historical Society.
L'objectif était de rechercher l'épave et de prévoir son exploration. Le groupe comprenait plusieurs scientifiques de premier plan et des explorateurs.
Les fonds nécessaires à la création submersibles remorqués capables de photographier l'épave ne furent cependant pas trouvés et le projet échoua.

 

 

 

1979 - John Grattan / Seawise & Titanic Salvage

Fin 1979, avec le soutien financier de l'industriel et financier Sir James Goldsmith, la société britannique Seawise & Titanic Salvage fut créée par deux jeunes entrepreneurs, Philip Slade et Jack Ramsay, avec pour objectif d'aller explorer l'épave.
James Goldsmith espérait tirer bénéfice de l'exploration grâce à l'exclusivité pour son magazine Now.
Elle avait engagé comme chef d'expédition John Grattan, Commandant en retraite de la Royal Navy et spécialiste des reliefs sous-marins, ainsi que Derek Berwin, spécialiste de la photographie sous-marine. Grattan effectua de nombreuses recherches documentaires et estima être capable de localiser l'épave grâce à des techniques très sophistiquées.
Une nouvelle fois, faute d'avoir réuni les fonds nécessaires, ce fut un projet qui ne vit pas le jour.

 


Sir James Goldsmith et Derek Berwin

 

1980 - Jack Grimm / International Expeditions Inc.

En 1980, apparut Jack Grimm, 54 ans, pétrolier texan milliardaire et Président de la Grimm Oil Company située à Abilene, au Texas. Il avait déjà parrainé des expéditions à la recherche de L'Arche de Noë, du Monstre du Loch Ness et de Big Foot, l'Abominable Homme des Neiges.
Lorsque Mike Harris, producteur de cinéma mais aussi chef d'expéditions lui suggéra le
Titanic comme nouveau projet, il accepta: les chances de découvrir le Titanic étaient aussi importantes que celles de trouver du pétrole.
Entouré de professionnels et ayant réuni les financements ainsi que les moyens techniques envisagés, Jack Grimm fonda la société International Expeditions Inc. et parvint à mettre sur pied son projet.

 


Mike Harris, William Ryan et Fred Spiess

 

Le 17 Juin 1980, le navire de recherche H.J.W. Fay appareilla de Port Everglades, en Floride, avec un équipage comprenant 38 personnes dont 20 scientifiques et dirigé par 2 océanographes: le Dr. William Ryan, géophysicien du Geological Observatory Lamont-Doherty de l'Université de Columbia, et le Dr. Fred Spiess, du laboratoire de physique marine de la Scripps Institution of Oceanography de l'Université de Californie.

 


Le H.J.W. Fay et le Sea Marc 1

 

Le 29 Juin, il arriva sur la zone de recherche qu'il sillonna sans résultats probants, à l'aide du sonar Sea Marc 1. Seules 14 cibles non intéressantes furent repérées et, en raison du mauvais temps, l'expédition abandonna et rejoignit le port de Boston.
L'expédition identifia que l'épave repose au fond d'un canyon sous-marin.

 

1981 - Jack Grimm / Scripps Institution of Oceanography / Geological Observatory Lamont-Doherty

Du 29 Juin au 31 Août 1981, une deuxième expédition Grimm reprit les recherches à bord du Gyre, mieux équipé et possédant un magnétomètre, le sonar Remorque Profonde et un système vidéo couleur sous-marin.
Elle retrouva les 14 objets repérés l'été précédent mais ne les identifia pas comme appartenant au
Titanic. A l'aide de caméras vidéo, un objet ressemblant à une hélice fut repéré mais sans confirmation possible.

 


Le Gyre et le Remorque Profonde

 

1981 - Scripps Institution of Oceanography / Woods Hole Oceanographic Institution

En Juin 1981, un voyage d'exploration fut réalisé en vue d'une expédition de recherche financée par l'Office of Naval Research des Etats-Unis. Y participaient des scientifiques des instituts California Scripps Institution of Oceanography et Woods Hole Oceanographic Institution.

 

1983 - Jack Grimm / Scripps Institution of Oceanography / Geological Observatory Lamont-Doherty

En Juillet 1983, à bord du navire de recherche Robert Conrad, la 3ème et dernière expédition Grimm tenta de retrouver "l'hélice" mais les caméras vidéo fonctionnèrent mal et la mer était mauvaise. La tentative se solda par un échec.

 

1985 - Robert Ballard / Woods Hole Oceanographic Institution / IFREMER - La découverte

Sachant tous les efforts infructueux, la presse ne prêta pas attention, au début de l'été 1985, à un autre projet monté pour retrouver le Titanic. Robert Ballard, alors âgé de 42 ans, prenait à nouveau l'initiative d'une expédition avec le support de l'Office of Naval Research.
Cette mission à laquelle participèrent des scientifiques français, coûta 6 millions de dollars ou 15 millions en comptant les équipements. Les contribuables français ainsi que la prestigieuse National Geographic Society payèrent une partie du coût.

En 1985, la technologie d'exploration en eaux profondes s'était considérablement améliorée. En particulier, l'institut océanographique français IFREMER (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer) avait développé de nouveaux moyens sonar à balayage latéral disposant d'un faisceau de 1000 mètres de largeur. En outre, l'US Navy avait équipé un submersible inhabité et remorquable de caméras vidéos sophistiquées et d'une sonde éclairante.

Pendant l'été, les scientifiques français et américains organisèrent une expédition conjointe de 2 mois afin de tester les nouveaux équipements. Le second objectif de l'expédition était aussi de retrouver et de photographier l'épave du Titanic.

Selon le projet, le navire français Le Suroît devait remorquer le nouveau système sonar baptisé SAR (Système Acoustique Remorqué) à 180 m au-dessus du fond. Long de 5,5 mètres et pesant 2,4 tonnes, le SAR était suspendu par un câble conducteur pouvant être déployé sur 8500 mètres, et doté d'un magnétomètre. L'équipe française, conduite par l'océanographe Jean-Louis Michel et le chef du projet Jean Jarry, devait "tondre le gazon" à l'aide du SAR, quadrillant une zone de 520 km2.

 


Jean-Louis Michel
 
Le SAR
 
Jean Jarry

 

L'équipe française avait pour objectif d'effectuer une campagne de recherches afin de localiser le Titanic tandis que l'équipe américaine, dirigée par Robert Ballard, utiliserait le système de recherche vidéo pour explorer et photographier l'épave. Si l'expédition conjointe réussissait à découvrir le Titanic, l'IFREMER amortirait ses dépenses grâce au contrat négocié avec la société privée de Ballard, DOSS, pour la vente de cassettes vidéo et de photographies de l'épave.

 


Schéma comparatif des méthodes de recherche:
française avec le
Le Suroît, et américaine avec le Knorr

 

Le Le Suroît arriva sur le site d'exploration le 5 Juillet 1985 avec, à son bord, une équipe d'une cinquantaine de personnes dont Robert Ballard. Le 7 Août, après 21 jours de constantes recherches au sonar couvrant 80% de la zone cible, aucune trace du Titanic n'avait été trouvée.
En réalité, le
Le Suroît était passé juste au-dessus de l'épave au tout début de la recherche. Les magnétomètres du navire avaient indiqué la présence d'une importante masse métallique sur le fond, mais l'équipe d'expédition n'avait pas accordé crédit à ces surprenantes lectures, les attribuant à des problèmes liés au matériel lui-même.

 


Le Le Suroît

 

Le 6 Août, le SAR effectua sa dernière plongée avant que le Le Suroît ne quitte le site de recherches pour partir vers une autre mission.
Le navire océanographique
Knorr de l'US Navy arriva à son tour sur le site, avec 24 scientifiques et un équipage de 25 hommes. Les chercheurs français et américains se trouvèrent alors réunis sur le Knorr. L'équipe conjointe reprit l'exploration de la zone de recherche, utilisant le nouveau système de recherche des Américains, monté sur le robot Argo.
Le 22 Août, Argo fit sa première plongée sur l'épave.

 


Le Knorr

 

Argo était un traîneau de la taille d'une automobile, constitué d'une armature en tubes d'acier. Relié par câble au navire de surface et possédant son propre système de propulsion, il était guidé par un sonar frontal et un sonar latéral, et équipé de caméras vidéo. Américains et Français recherchaient ensemble les débris tombés des navires naufragés, en particulier ceux du Titanic.

 


Le robot Argo

 

Dans la nuit du 31 Août au 1er Septembre 1895, alors que les hommes de quart de l'équipe franco-américaine inspectaient la zone cible à l'aide du dispositif de recherche vidéo et dans l'espoir de trouver des débris tombés des navires naufragés, en particulier ceux du Titanic. se produisit enfin l'événement attendu depuis si longtemps.

A 1 h 05 du matin, le 1er Septembre, Jean-Louis Michel de l'IFREMER, observant le moniteur vidéo du Knorr, vit apparaître l'image d'une énorme chaudière métallique, suivie de celles de plaques de tôles d'acier tordues, de hublots et d'un morceau de bastingage. Parmi les documents amenés à bord, figurait une photographie d'archive des chaudières et, au vu de tous les détails, Michel comprit, sans doute aucun, qu'ils avaient enfin trouvé le Titanic. Peu avant 2 h 00, il envoya un membre d'équipage réveiller Robert Ballard qui dormait dans sa cabine.
L'équipage du
Knorr se rassembla spontanément sur la poupe et hissa le pavillon des Chantiers Harland & Wolff, en mémoire du Titanic et des victimes de la catastrophe.

 


Première vue de l'épave: une chaudière
A gauche: la 1
ère photographie prise le 1er Septembre 1985

 

Robert Ballard décrivit ainsi le moment d'intense émotion qu'il vécut en voyant les toutes premières images de l'épave:

Quand je fis irruption dans le P.C., Stu Harris (le concepteur d'Argo) me raconta que Argo venait de passer au-dessus d'une énorme chaudière de bateau. L'exaltation première, dans la pièce, avait fait place à un frémissement, mais elle était prête à repartir à gros bouillons ! Rapidement, ils me repassèrent la cassette vidéo et, en toute certitude, je vis les images de la chaudière d'un très gros bateau, celle du Titanic. Je ne poussai ni soupir, ni hurlement. En fait, pendant quelques secondes, je restai muet. Ensuite, incapable de formuler une phrase, je répétai d'une voix calme, chargée d'incrédulité: "Nom de Dieu ! nom de Dieu !".

Le lendemain, l'équipe fit descendre Argo, équipé de 3 caméras vidéo et d'un sonar de détection, sur le Titanic. Les caméras révélèrent que l'épave reposait debout au fond de l'océan, la proue relativement intacte. L'équipe fit aussi descendre ANGUS (Acoustically Navigated Geophysical Underwater Survey), un traîneau du même type qu'Argo pesant 2 tonnes, remorqué par câble mais piloté sans visibilité, et équipé de 3 appareils photographiques couleur de 35 mm effectuant des prises de vues verticales. C'est seulement lorsque les membre d'équipage examinèrent les films en quittant le site qu'ils réalisèrent que le Titanic n'était pas en une seule partie, comme ils l'avaient annoncé à la presse, mais reposait sur le fond en 2 parties, avec ses 4 cheminées arrachées.

Parmi les photographies qui furent prises, se trouve celle d'un gros morceau de coque, qui sera l'objet de plusieurs tentatives de récupération lors d'expéditions ultérieures et qui sera finalement remonté en 1998: "The Big Piece".

 


Le robot ANGUS

 

Presque aussitôt après la découverte, un litige éclata entre l'IFREMER et DOSS, la société privée de Robert Ballard. L'IFREMER escomptait amortir les frais de l'expédition par la vente de photographies et de cassettes vidéo ainsi que leur sortie simultanée aux Etats-Unis et en France, selon le contrat signé avec Ballard. Au lieu de cela, Ballard se refusa à toute exploitation commerciale et mit le film à la disposition des médias du monde entier avant la sortie simultanée prévue, privant les français des bénéfices attendus.

Suite à ce différend juridique, les Français refusèrent de revenir sur le Titanic avec Ballard l'été suivant, comme celui-ci le souhaitait. Selon le projet initial de Ballard, cette seconde expédition devait tester les technologies française et américaine utilisées sur les robots en eaux profondes, et récupérer des objets dans le champ des débris, en utilisant le sous-marin habité Nautile.

 

Nota: Polémique ?

En 1977, 8 ans avant la découverte officielle du Titanic, le navire hydrographique HMS Hecate de la Royal Navy avait détecté un grand bateau coupé en deux, au fond de l'Océan Atlantique.
C'était l'époque de la guerre froide et les Britanniques partageaient alors, avec la marine américaine, la prospection de la future zone de patrouille des sous-marins nucléaires.
L'épave qui avait été repérée se situait dans le futur couloir de patrouille qui partait des côtes américaines et allait du côté de Mourmansk.
Cette épave, dont l'emplacement était désormais clairement identifié, figurait dès lors sur les cartes secrètes de la Royal Navy. Ses coordonnées et le fait qu'elle était coupée en deux, faisaient qu'elle ne pouvait être que celle d'un seul navire: le
Titanic.

La marine britannique gardait le secret: le Titanic constituait une cachette idéale pour les sous-marins stratégiques. Une telle masse métallique pouvait, en effet, parasiter les moyens de détection ennemis.
Pendant la phase de préparation de la recherche, Robert Ballard connaissait ces renseignements et les cartes secrètes où figurait l'épave.

Robert Ballard laissa-t-il s'égarer l'équipe française au début de la recherche, avant de donner des consignes influant sur la découverte de l'épave par l'équipe américaine qui prit la relève ?
A-t-il voulu s'attribuer le seul mérite de la découverte ?
C'est ce qu'affirme Paul-Henri Nargeolet, ancien responsable des moyens d’intervention de l’IFREMER et pilote du sous-marin Nautile dans de très nombreuses missions scientifiques dont plus de 30 plongées sur le Titanic.

Suite ...

 

  

Début de page

Page d'accueil

L'Épave