Le Restaurant à la Carte du Titanic
Cette page est consacrée au Restaurant
à la Carte du Titanic.
Ouvert exclusivement aux passagers de 1ère
Classe sur le Titanic
comme sur son jumeau l'Olympic,
et souvent confondu avec la Salle à Manger de 1ère
Classe,
il était l'un des lieux les plus majestueux du navire et
c'est pour cela qu'il mérite d'être mieux connu.
"Suprêmement
élégant"
est l'expression qui le caractérisait le
mieux.
"La
dernière nuit, nous avons dîné au Ritz. C'était le
summum du luxe. Les tables étaient joyeusement décorées
de roses et de marguerites, les femmes avaient revêtu de
ravissantes robes de satin et de soie, les hommes étaient
impeccables et tirés à quatre épingles, les violons de
l'orchestre jouaient Puccini et Tchaïkowski. Le dîner
était somptueux: caviar, homards, cailles d'Égypte, oeufs
de vanneau, raisin de serre et pêches fraîches. La nuit
était froide et claire, la mer de cristal." Mrs Walter Douglas, passagère rescapée de 1ère Classe |
Les thèmes Une nouveauté |
Publicité pour la moutarde Colman servie dans le Restaurant à la Carte |
L'idée du Restaurant à la Carte à bord des paquebots fut trouvée par Albert Ballin, Directeur Général de la Hamburg-Amerika Linie, en coopération avec les hôtels Ritz-Carlton. Le premier des restaurants fut installé à bord de l'Amerika en 1905 et la Compagnie les baptisait de noms américains de manière à cultiver l'image d'accueil des immigrants. Le Lusitania, lancé en Juin 1906, et son jumeau le Mauretania, lancé en Septembre 1906, en étaient ainsi équipés.
La White Star Line reprit ce principe pour créer les premiers des siens sur l'Olympic et le Titanic. Par analogie, ils étaient souvent appelés "Ritz".La nourriture à bord du Titanic était à la hauteur de la réputation du navire en présentant tout ce que les meilleurs restaurants de Paris, Londres ou New York pouvaient offrir. Le Restaurant à la Carte, réservé aux passagers de1ère Classe, était en tout point l'égal du Café Royal ou du Savoy Grill, en proposant ce qu'il y avait de plus raffiné en matière de nourriture et de vins.
Les passagers qui ne souhaitaient pas prendre leurs repas aux heures établies de la Salle à Manger située sur le pont D et où il n'était pas proposé de menu à la carte, pouvaient se rendre au Restaurant à la Carte situé sur le pont B, tous les jours et à n'importe quelle heure comprise entre 8 h et 23 h. Un vaste menu, renouvelé quotidiennement pour satisfaire chaque caprice aristocratique, leur était proposé et, même si les tables y étaient plus occupées que celles de la Salle à Manger, prendre ses repas avec des compagnons de son choix prouvait son immense popularité. Ils pouvaient, en outre, bénéficier des conseils du gérant pour se faire préparer un plat particulier ou y célébrer un événement important.
Les prix des repas n'était pas inclus dans le prix de la traversée. Si les passagers choisissaient de prendre tous leurs repas dans l'établissement et à condition qu'ils l'aient déclaré avant le départ, ils se voyaient accorder, en fin de traversée, une remise de 3 £ (ou 15 $) sur le prix de leur voyage, cette réduction étant portée à 5 £ (ou 25 $) si leur billet avait coûté plus de 35 £ (ou 175 $) ; ceci en reconnaissance du fait qu'ils devaient payer leurs repas séparément. Le Commissaire de bord leur faisait alors signer un reçu.
Le Restaurant à la Carte était situé sur le pont B, à l'arrière du navire et à l'aplomb de la 4ème cheminée, entre le Fumoir de 2ème Classe et l'escalier arrière de 1ère Classe.
Côté bâbord, ses larges baies vitrées donnaient directement sur le pont, tandis que, côté tribord, le Café Parisien lui était adjacent et donnait sur le pont.
Le palier de l'escalier arrière était aménagé en Salle de Réception qui permettait aux passagers clients du Restaurant de se réunir et de converser avant d'aller prendre leur repas.
Un petit couloir reliant la Salle de Réception et longeant les installations annexes permettait d'accéder à la salle du Restaurant.
Vue en coupe du Titanic
L'emplacement du Restaurant à la Carte est encadré de rouge
Vue du pont B - Les installations du Restaurant à la Carte
correspondent aux zones grises
Au pied de l'escalier arrière de 1ère Classe, orné d'un chérubin de bronze brandissant une torche, une vaste Salle de Réception, avait été aménagée et permettait l'accès des passagers au Restaurant. Elle était constituée d'un vaste salon décoré dans le style georgien.
Ici, amis et groupes pouvaient s'y rencontrer avant d'aller prendre place au Restaurant.Les élégants canapés et les confortables fauteuils qui la meublaient, étaient recouverts de soie de couleur carmin brodée avec le meilleur goût. La largeur de la pièce et les panneaux muraux soigneusement proportionnés avec une corniche richement sculptée ainsi que les moulures environnantes, formaient un ensemble impressionnant, incontestablement agréable au regard.
Il existait aussi dans cette pièce un emplacement destiné à accueillir un orchestre.
La Salle de Réception du Restaurant à la Carte, sur le pont B
Le Restaurant, situé sur le pont B, était considéré par de nombreux connaisseurs comme le lieu le plus attrayant du navire. La salle, d'une beauté considérable, mesurait 18 m de long sur 14 m de large. Le style de décoration adopté était celui de l'époque Louis XVI.
La pièce était lambrissée du sol au plafond de panneaux de noyer français magnifiquement sculptés et d'une délicate couleur brun fauve, les moulures et les ornements étant luxueusement ciselés et dorés. De grandes appliques électriques en laiton moulé, ciselé et doré, et supportant des lampes chandelles, étaient fixées au centre des vastes panneaux. A droite de l'entrée, se trouvait un buffet au-dessus de marbre "fleur de pêcher", soutenu par des boiseries et du placage rappelant le style des panneaux muraux.
Le Restaurant à la Carte de l'Olympic
(on remarque les dessertes entourant les colonnes torsadées)
La pièce était très bien éclairée par de larges baies vitrées, une caractéristique originale qui créait une impression de grandes dimensions. Les fenêtres étaient munies de croisillons ornementaux en métal et étaient tendues de rideaux de soie de couleur fauve unie, aux bordures à fleurs et aux cantonnières luxueusement brodées.
Chaque petit détail, incluant même les fermetures et les charnières, avait été réalisé avec le plus grand respect de la pureté du style. Le plafond, soutenu par des colonnes aux torsades de bronze, était en plâtre dans lequel des fleurs modelées en bas-relief s'associaient pour former, au centre, un simple motif en treillis et des guirlandes sur les baies. A divers endroits bien choisis, étaient suspendus des lustres de cristal ornés de métal ciselé et doré.
Le sol était recouvert d'un élégant et épais tapis d'Axminster fabriqué par la manufacture anglaise BMK - Stoddard Ltd., dans un style discret d'époque Louis XVI. La couleur était d'un délicat "vieux rose" dans le ton connu sous le nom de "Rose du Barry", en parfaite harmonie avec l'environnement.
Autre photographie du Restaurant à la Carte de l'Olympic
(on y distingue les motifs de tapisserie)
Le confort avait été également pris en considération pour la disposition du mobilier. 49 petites tables avaient été installées, pouvant accueillir chacune de 2 à 8 personnes et au total 137 convives. Chaque table était éclairée par une lampe sur pied en cristal avec un abat-jour rose, et dressée de la plus fine argenterie et de vaisselle de porcelaine.
Les tables étaient fleuries de roses et de marguerites blanches.
Etude du Restaurant publiée par la White Star Line
(on remarque les panneaux muraux lambrissés, les colonnes torsadées,
les lampes sur les tables et la tapisserie recouvrant les fauteuils)
Les fauteuils avaient été parfaitement étudiés et étaient en noyer français clair, identique à celui des murs. Leur ébénisterie était sculptée et lustrée à la cire. Ils étaient recouverts de tapisserie d'Aubusson aux tons sobres, représentant un treillage de roses.
Pour les besoins du service, il existait plusieurs dessertes entourant les colonnes et faisant partie de l'arrangement décoratif.
Un kiosque à orchestre, partiellement en retrait et monté sur une estrade, était prévu à l'extrémité arrière. De chaque côté du kiosque se trouvait un buffet sculpté dont la partie basse était utilisée pour la coutellerie et la partie supérieure pour le service d'argenterie, complétant ainsi les besoins d'un restaurant bien pourvu afin de satisfaire toutes les exigences.
Colonne d'angle formant une gerbe |
Trumeau formant le haut d'un panneau de noyer avec ses détails sculptés et dorés Ensemble de panneaux muraux entourant une porte d'accès au Restaurant, installé dans une résidence privée d'Angleterre |
Eléments de décoration
et lambris du Restaurant à la Carte de l'Olympic
enlevés et vendus aux enchères
lorsque le paquebot fut désarmé
et vendu à la casse en 1935
Le service du Restaurant à la Carte n'était pas, comme à bord des navires de la Hamburg-Amerika Linie, assuré par du personnel de l'Hôtel Carlton de Londres, mais franchisé en gérance par un restaurant londonien et simplement baptisé "Restaurant à la Carte".
Afin d'assurer un service parfait, le mode de sélection des cuisiniers et des gérants de restaurant était très strict: ils devaient faire preuve des plus grandes qualités professionnelles.
C'est ainsi que la White Star Line avait choisi de confier à Gaspare Antonino Pietro (dit "Luigi") Gatti la gérance du Restaurant de l'Olympic puis de celui du Titanic.Luigi Gatti, âgé de 36 ans, était né dans une famille de 11 enfants à Montalto Pavese, et avait quitté assez jeune son Italie natale pour poursuivre sa carrière en Angleterre.
Il avait fait ses classes au fameux Ritz de Londres et venait du très chic Oddenino's Imperial Restaurant sur Picadilly.
Gatti était déjà gérant 2 restaurants Ritz à la mode situés à Londres: le "Gatti's Adelphi" et le "Gatti's Strand", où les cuisines française et italienne étaient à l'honneur.Gatti supervisait les achats et engageait lui-même son personnel qui était rémunéré par la White Star Line.
Chaque membre avait signé le rôle d'équipage et recevait de la compagnie maritime, outre son salaire, celui insignifiant de 1 shilling pour la traversée.Gatti avait, par le passé, engagé de nombreux Chefs Français qui avaient travaillé dans de grandes maisons londoniennes et, sachant qu'il ne pouvait prendre aucun risque concernant la cuisine proposée sur le Titanic, il avait engagé le Chef Français Pierre Rousseau pour diriger les cuisines du Restaurant à la Carte.
Des relations professionnelles de longue date unissaient les deux hommes car ils avaient travaillé ensemble dans de nombreux restaurants à terre et sur mer. Pierre Rousseau avait à son tour formé une équipe composée d'hommes de confiance qu'il avait rencontrés à Londres et à Paris. Se trouvèrent ainsi engagés 15 autres Français (1 réceptionniste/secrétaire, 11 cuisiniers, 3 serveurs et aides).
Luigi Gatti
(Gérant du
Restaurant)Pierre Rousseau
(Chef de cuisine)Paul Maugé
(Réceptionniste
de cuisine /
Secrétaire du Chef)
Outre ce personnel Français, Luigi Gatti avait choisi le personnel de salle parmi les employés qu'il connaissait bien. Il avait ainsi fait venir plusieurs personnes de ses deux restaurants londoniens ou ayant auparavant travaillé sur l'Olympic. La plupart étaient Italiens dont une dizaine appartenaient à sa propre famille.
S'étant sagement entouré de grands professionnels, il avait, en même temps, donné l'opportunité à ses parents et compatriotes de s'initier dans la profession.Gatti avait ainsi constitué une équipe de 67 à 72 personnes (les chiffres du bilan du naufrage et du rôle d'équipage ne coïncidant pas) dont la majorité était de jeunes Français et Italiens. Cette équipe comprenait Chef, Réceptionniste/Secrétaire, Cuisiniers, Serveurs, Sommelier, Caissières, etc.
Cliquez sur le lien pour consulter la liste du Personnel du Restaurant à la Carte.
A l'exception de Luigi Gatti qui possédait une cabine située sur le pont D (sous le Restaurant et à l'avant de l'escalier de 2ème Classe), le personnel logeait en cabines multicouchettes situées à bâbord sur le pont E, le long d'une large coursive que les Officiers avaient appelée "Park Lane" et l'équipage "Scotland Road", du nom de deux grandes artères londoniennes.
Comme le publiait le magazine naval The Shipbuilder dans une édition de l'été 1911, "aucun secteur d'un navire de transport de passagers n'avait plus d'importance pour les passagers que celui associé à la préparation et au service de la nourriture, et aucun n'avait reçu de plus grandes améliorations durant les dernières années".
La White Star Line, accordant une grande importance à la cuisine, avait réservé de vastes espaces culinaires afin de satisfaire toutes les exigences. Le Titanic possédait ainsi des secteurs culinaires les plus complets au monde.A l'avant du Restaurant se trouvaient des installations qui lui étaient réservées: un office principal, une cuisine (coquerie), une cave à vins, deux celliers, un local à poisson et un local à fruits et fleurs (voir le schéma d'implantation du Restaurant).
La proximité de ces installations permettait de servir à tout moment de la nourriture chaude ou froide et de réduire le délai d'attente du service.
Rien n'était plus ennuyeux pour un passager qu'un déjeuner ou un dîner tiède, ou de longues attentes fréquemment vécues dans des restaurants publics. Ici, à bord du Titanic, aucune crainte de vivre de tels événements.Le Restaurant, bien que doté d'une cuisine particulière, devait probablement bénéficier des cuisines communes de 1ère et 2ème Classes situées sur le pont D, deux ponts en dessous. Un escalier en colimaçon permettait de communiquer entre les cuisines des deux ponts. Elles étaient approvisionnées à partir de divers magasins à vivres et d'une cale réfrigérée, contenant toutes sortes de produits allant des légumes à la viande fraîche, située sur le pont Orlop.
Consultez la liste des provisions de nourriture et boisson embarquées au départ de Southampton.
Vue des cuisines communes de l'Olympic
Les cuisines étaient dotées des équipements les plus modernes pour l'époque et fournis par la firme Henry Wilson & Co. Ltd de Liverpool, qu'aucune entreprise ne pouvait surpasser pour cette catégorie de matériel.
On trouvait ainsi: 2 énormes fourneaux ayant une façade de 29 m et contenant 19 fours (les plus gros pour l'époque) situés dans les cuisines communes, 4 grils, 2 grandes rôtissoires, divers fours et marmites à vapeur, armoires chaudes, bains-marie, tables à découper, hachoirs, éplucheuses à pommes de terre, batteurs et machines diverses à piler, à découper et à glace.Bien que moins grande que les cuisines communes, celle réservée au Restaurant était également des mieux équipées et on imagine qu'il s'y trouvait des équipements de ce type, aux proportions de la pièce et des besoins.
La pâtisserie et le pain consommés à bord étaient fabriqués dans les installations de Pâtisserie et de Boulangerie du pont D: gâteaux (dont certains réalisés sur commande), brioches, pain Viennois de toute première qualité, etc. étaient fabriqués quotidiennement sur place, grâce aux 200 barils de farine embarqués à Southampton et aux équipements les plus modernes de l'époque tels que pétrins électriques et fours.
C'est à partir de 4 h du matin, alors que les passagers étaient encore endormis, que les cuisines commençaient à s'animer avec le travail des boulangers. Le rythme de l'activité se poursuivait ainsi toute la journée jusqu'après le dîner.
L'office était, lui aussi, doté de matériels dernier cri tels que bain-marie, armoire chaude, presse-entrées, machine à café, bouilloire à oeufs automatique, stérilisateur à lait, chauffe-plats électriques, table à découper, qui étaient soigneusement disposés afin d'éviter toute bousculade et toute confusion parmi les serveurs.
Les ustensiles de cuisine et le couvert
Nul ne sait quelle était la dotation propre à la cuisine attenante au Restaurant. On connaît cependant celle de l'ensemble des cuisines.
Les ustensiles de cuisine, avaient été fournis par la compagnie Goldsmith & Silversmith Co. de Londres qui fournissait déjà les plus grands hôtels. La batterie de cuisine comprenait 10000 pièces pour l'ensemble du navire.
Parmi les nouveautés installées, se trouvaient:
- une imposante presse à canard, utilisée pour extraire le jus des carcasses après cuisson, lequel entrait dans la préparation du canard au sang et de sauces,
- une lampe portable à alcool, avec flamme à chauffage rapide, utilisée pour maintenir chaudes les sauces spéciales et faire du café turc,
- des timbales à fruits et des plats à caviar, dans lesquels les contenus étaient maintenus frais grâce à un bain de glace.
Sur les tables d'attente se trouvaient des réchauds électriques d'un modèle tout spécialement réalisé par la compagnie Goldsmith. Cet appareil avait l'avantage de maintenir le niveau de chaleur obtenu, grâce à une faible consommation d'électricité.
Il convient de mentionner aussi que poignées, couvercles, pièces et garnitures des ustensiles étaient interchangeables afin de faciliter le nettoyage et l'entretien général.
Les couteaux, cuillères, fourchettes et petits accessoires, soit plus de 21000 pièces et environ 3000 plats, soupières et autres articles, fournis par Elkington & Co. de Birmingham, équipaient l'ensemble du navire.
A l'image du luxe régnant dans une salle qui n'avait rien à envier aux plus grands établissements, les couverts du Restaurant étaient en argent, la verrerie du plus fin cristal fabriqué par la cristallerie Stuart & Sons Ltd de Stourbridge et la vaisselle en porcelaine tendre achetée à la firme Stonier de Liverpool, représentant plusieurs fabricants.
En effet, selon les chercheurs, le Restaurant utilisait 2 services distincts de vaisselle de porcelaine, créés exclusivement pour la White Star Line.
L'un était composé de 190 pièces fabriquées par la firme anglaise Spode & Copelands Ltd. de Stoke-on Trent et était décoré d'un bleu de cobalt rehaussé et bordé d'or fin, spécialement créé par les porcelainiers. Compte tenu de son faible nombre de pièces, il n'était probablement utilisé qu'aux tables accueillant des hôtes de marque ou célébrant des événements particuliers.
L'autre service, plus important et fabriqué en exclusivité par un autre fabricant anglais, Royal Crown Derby installé à Derby, était décoré sur fond blanc d'un motif vert / brun représentant des vrilles et des grappes de raisin descendant des bords extérieurs vers le centre.
Les pièces de ces services étaient estampillées du logo aux lettres entrelacées de l'O.S.N.C. (Oceanic Steamship Navigation Company), la société mère de la White Star Line.
Fourchette en argent du service de 1ère Classe
Eléments de service de table en
argenterie
Carafes en cristal à l'emblème de
la White Star Line
et
Assiette en porcelaine couleur bleu de cobalt avec liseré doré,
portant au centre le sigle de l'Oceanic Steamship Navigation
Company
(Société mère de la White Star Line)
Consultez la liste de la vaisselle, des verres et des couverts embarqués au départ de Southampton.
Aucun des survivants n'ayant conservé de menu, on ignore quelle était la composition quotidienne exacte de la Carte du Restaurant proposée aux passagers et on suppose qu'elle différait chaque jour.
Selon le témoignage de Mrs Walter Douglas, passagère rescapée de 1ère Classe, avaient été servis le soir du 14 Avril 1912: caviar, homards, cailles d'Égypte, oeufs de vanneau, raisin de serre et pêches fraîches.Pour mieux imaginer ce que pouvait être globalement la carte du Restaurant, il convient de se référer au menu servi dans la Salle à Manger de 1ère Classe, sur le pont D. Le menu dîner du 14 Avril 1912, le soir de la catastrophe, qui est présenté plus bas, se composait de pas moins de 11 plats accompagnés des plus grands vins français.
La nourriture de l'époque étant généralement riche et grasse, on imagine aisément les outrages au tour de taille qu'un tel festin pouvait provoquer malgré la finesse de leur préparation digne des plus grands restaurants à terre.
Consultez la liste des provisions de nourriture et boisson embarquées au départ de Southampton.
Bien entendu, caviar et foie gras étaient à l'honneur.
A chaque repas étaient proposés des fromages parmi un grand choix de fromages anglais et français.
Café et cigares permettaient de terminer agréablement les repas.
Menu du Dîner du
Dimanche 14 Avril 1912
servi en Salle à Manger de 1ère
Classe
DÎNER ~~~~~~ Premier Service - Hors-d'uvre Bordeaux Blanc,
Bourgogne Blanc ou Second Service - Consommé Madère ou
Sherry Troisième Service -
Poisson Vin sec du Rhin
ou de Moselle Quatrième Service -
Entrée Bordeaux Rouge Cinquième Service -
Relevé Bourgogne Rouge
ou Beaujolais Sixième Service - Punch
ou Sorbet Septième Service - Rôt Bourgogne Rouge Huitième Service -
Salade Neuvième Service -
Viande Froide Sauternes ou
Vin Doux du Rhin Dixième Service -
Entremets Vins Doux (Moscatel,
Tokay, Sauternes) Onzième Service -
Dessert Après Dîner Porto ou Digestifs |
A l'image de ce
menu de la Salle à Manger de 1ère
Classe,
quel festin devait-on faire au Restaurant !
Les vins les plus fins étaient disponibles à bord.
On pouvait y commander: Bordeaux rouges, Bourgogne, Beaujolais, Chablis, Sauternes, Tokay, vins du Rhin ou de Moselle, Madère, Muscat, Porto, Xérès, Digestifs divers, Whisky, Bourbon, Gin et autres alcools, ainsi que, bien sûr, du Champagne.
Leurs réserves étaient impressionnantes: 1500 bouteilles de vin avaient été embarquées, 20000 bouteilles de bière et 850 bouteilles d'alcool.
Certains historiens prétendent que le Titanic transportait 70 marques de Champagne, 54 crus de Bordeaux et 48 vins de Bourgogne, de Moselle et d'Italie. Mais on n'a retrouvé aucune liste exacte des vins du paquebot.Voici quelques exemples de prix (prix d'époque) à la bouteille:
- Champagne Veuve Cliquot 1900: 14 £ ( ou 3,50 $ )
- Sauternes: 4 £ ( ou 1 $ )
- Bourgogne Volnay: 5 £ ( ou 1,25 $ )
- Whisky Irlandais, 10 ans d'âge: 5 £ ( ou 1,25 $ )
- Chartreuse Verte: 15 £ ( ou 3,75 $ )
- Eau Perrier: 3 d ( ou 0,07 $ )
Et, pour les fumeurs, les tarifs étaient, par exemple:
- Cigarettes (marques diverses): 1 shilling ( ou 0,25 $ ) la boîte
- Cigares Fernandez Garcia, Vincedores: 1 £ ( ou 0,25 $ ) chacun
Nota: Lorsque Robert Ballard explora l'épave en Juillet 1986, il découvrit des centaines de bouteilles de vin éparpillées au fond de l'océan. Le bouchon des bouteilles non gazeuses avait implosé sous l'énorme pression de l'océan tandis que la plupart des bouteilles de champagne semblaient être intactes. Peut-être proviennent-elles de la cave à vins du Restaurant à la Carte ?
Retrouvée au fond de l'océan, cette bouteille de champagne a conservé son bouchon et son muselet,
tandis que sous la pression, le bouchon de la bouteille de vin a pénétré à l'intérieur.
Au Restaurant à la Carte, les passagers pouvaient organiser des dîners de fête.
Ainsi, le Dimanche 14 Avril 1912, à partir de 19 h 30, un dîner y était offert par George et Eleanor Widener en l'honneur du Commandant Smith.George Widener était l'héritier de la plus grosse fortune de Philadelphie et était le propriétaire d'une compagnie de tramways. Son épouse Eleanor était parée de son collier de perles à double rang, assuré pour une valeur de 600 000 $ (valeur d'époque); la compagnie d'assurances Lloyd's exigeant d'elle qu'elle le porte au cou.
Les Widener étaient accompagnés de leur fils Harry et, parmi les autres invités du dîner, se trouvaient autour de la table d'autres célébrités de Philadelphie: John Thayer, second Vice-Président de la Compagnie des Chemins de Fer de Pennsylvanie, et son épouse Marian, William Carter, à la tête d'une autre grosse fortune, et son épouse Lucile, le Major Archibald Butt, aide de camp du Président Américain Taft.
Au cours du naufrage, seulement 3 membres du personnel du Restaurant à la Carte survécurent: les 2 caissières Anglaises et le Français Paul Maugé, Réceptionniste de cuisine et Secrétaire du Chef.
Luigi Gatti, très calme, se tint debout en plein milieu du pont des embarcations. Il fut l'image même de la dignité, son chapeau sur la tête, sa valise à la main et une couverture de voyage bien pliée sur le bras. Comme tant d'autres, il perdit la vie dans la catastrophe. Son corps fut retrouvé par le Minia: il portait un anneau d'or monté d'un diamant, des boutons de manchettes gravés aux initiales "LG" ainsi qu'une montre en or avec sa chaîne.
Il fut inhumé au cimetière multiconfessionnel de Fairview Lawn, à Halifax.Le corps de Henri Jaillet, Cuisinier à la pâtisserie, fut retrouvé par le Mackay-Bennett et inhumé au cimetière catholique romain du Mont des Oliviers à Halifax.
Les Chefs de France firent part de leur profonde douleur tout en faisant remarquer avec amertume que la White Star Line "aurait pu fournir le nombre exact de pots de confiture ou de sacs de farine embarqués sur le Titanic, mais était incapable de dire combien de cuisiniers se trouvaient à bord".
Lors de son témoignage devant la Commission Britannique d'Enquête, Paul Maugé, seul rescapé masculin, raconta comment il put échapper à la mort.
Paul Maugé dormait dans une cabine à 4 couchettes située le long de "Park Lane", la large coursive courant sur presque toute la longueur du navire, côté bâbord du pont E.
Au moment de la collision avec l'iceberg, il fut réveillé et se leva mais un steward lui conseilla de se rendormir, ce qu'il fit. Une cloche sonnant l'alarme le réveilla à nouveau. Il se leva puis sortit de sa cabine et se dirigea vers l'avant du pont des embarcations pour voir ce qui se passait, mais des stewards le renvoyèrent à sa cabine.
De retour à sa cabine, il prévint du danger le Chef de cuisine, Pierre Rousseau qui se trouvait dans une cabine voisine et lui dit qu'ils devaient remonter. Il demanda aux autres cuisiniers de les attendre. Tous s'équipèrent de leur gilet de sauvetage.
Paul Maugé et Pierre Rousseau, portant des vêtements civils et non pas leur tenue de travail, montèrent vers les ponts de 2ème Classe mais furent arrêtés par des stewards. Habillés comme des passagers et bien qu'ayant déclaré aux stewards qu'ils étaient le Secrétaire et le Chef de cuisine, ceux-ci les laissèrent passer.
Les cuisiniers, restés sur le pont E, se virent interdire, par les stewards, tout accès aux ponts supérieurs et trouvèrent ainsi la mort.
Arrivés sur le pont des embarcations, alors que des canots de sauvetage étaient en cours de descente, Paul Maugé incita son compagnon Pierre Rousseau à sauter avec lui dans l'un d'eux. Rousseau refusa, déclarant qu'il "était trop gros".
Paul Maugé sauta donc seul dans un canot (probablement le canot N° 13) et échappa à la catastrophe. Pierre Rousseau fit partie des victimes.
Sur le même pont B, un Café Parisien, qui était une toute nouvelle particularité à bord d'un navire, avait été aménagé en liaison avec le Restaurant, et ici déjeuners et dîners pouvaient être servis par les garçons du Restaurant, dans les mêmes conditions et avec tous les avantages du Restaurant lui-même.
Ce Café, dessiné et conçu comme la copie d'un café de boulevard parisien, avait l'aspect d'une charmante véranda ensoleillée, décorée avec goût d'un treillage français de lierre et autres plantes grimpantes, et était équipé de petits groupes de fauteuils entourant de confortables tables.
Le Café Parisien, unique en son genre, ne se trouvait qu'à bord du Titanic
(sur la gauche, on aperçoit le treillage)