L'installation téléphonique du Titanic

 

C'est dans un article publié en 1854 dans le journal "L'Illustration" que le Français Charles Bourseul (1829-1912) fut le premier à suggérer la possibilité de transmettre la parole par l'intermédiaire d'un courant électrique.
Cependant, le 14 Février 1876, c'est l'Américain Alexander Graham Bell (1847-1922) qui déposa le brevet d'invention du téléphone qu'il continua à mettre au point.

Cette page décrit l'installation téléphonique du Titanic (et de l'Olympic) ainsi que son fonctionnement, tels qu'ils sont exposés dans le magazine trimestriel "The Shipbuilder" consacré à la marine et publié en Juin 1911, 35 ans après l'invention du téléphone.

 

 

L'installation téléphonique est divisée en 2 parties: le groupe de navigation et le système interne.
Tous les appareils sont du tout dernier modèle et ont été installés sur la plupart des lignes agréées.

 

Le groupe de navigation

Le groupe de navigation assure les communications entre:

Les appareils utilisés sont des téléphones brevetés à pavillon fabriqués par Messrs. Alfred Graham and Co., à Londres.

 


Téléphone à pavillon

 

A l'exception de celui situé dans la cabine du Chef Mécanicien, les téléphones sont du type breveté "Universal", grâce auquel les appels sont émis au moyen d'un interrupteur ou de la voix.
L'appareil est monté dans dispositif spécial afin de pouvoir s'adapter à diverses positions.

Sur le gaillard d'avant et la poupe, les appareils sont placés à l'intérieur d'un coffret de laiton poli monté sur un support, et l'ensemble est placé dans un dispositif portable, de sorte que l'appareil peut être utilisé à deux autres emplacements dans le cas de celui du gaillard d'avant, et un autre emplacement pour celui de la poupe.

 


Téléphones de gaillard d'avant et de poupe

 

Pour le nid-de-pie, le téléphone est monté à l'intérieur d'un capot métallique et il est aussi portable.

Dans la timonerie, sur la passerelle de navigation, 4 appareils sont installés.

 


Les 4 téléphones équipant la timonerie

 

Chaque téléphone est pourvu d'un dispositif indicateur et, en plus d'un fanion indicateur comme il est d'usage, une lampe de signalisation produit un rougeoiement lors de la réception d'un appel.

Dans la salle des machines, 3 téléphones sont installés et l'appareil destiné à communiquer avec les salles des chaudières fonctionne conjointement avec un commutateur associé et un indicateur donnant les signaux lumineux et par fanion, comme dans le cas des appareils de la passerelle.

 


Téléphones équipant la salle des machines

 

Dans chaque salle de chaudières, le téléphone est monté dans un capot métallique, et un récepteur d'appel spécial est installé sur chaque poste, de même qu'un indicateur visuel.

Le téléphone situé dans la cabine du chef mécanicien est du même type que celui des cabines de passagers.

 


Téléphone retrouvé dans le champ des débris de l'épave

Sur la garniture, est indiqué:   Traduction:
PRESS PLUNGER TO CALL
DISTANT STATION
LIFT RIGHT
HAND TUBE
TO HEAR
  Presser le plongeur
pour parler au poste distant
Monter le cornet droit
pour écouter
PATENT NAVY'PHONE
ALFRED GRAHAM & CO LONDON
  Breveté NAVY'PHONE
Alfred Graham & Co Londres
SPEAK CLOSE IN TO MOUTHPIECE   Parler tout près de l'embouchure

 

Le courant faisant fonctionner le système est fourni par le circuit d'éclairage du navire, qui est réduit à une intensité adéquate à l'usage téléphonique au moyen de résistances, et le bruit de commutation, inhérent à l'alimentation de la génératrice, est éliminé par l'introduction de bobines inductives. Une batterie de secours est aussi installée et est insérée dans le circuit, en cas de défaillance de l'alimentation principale, au moyen d'un commutateur automatique.

 

Le système interne

Le système téléphonique interne assure l'intercommunication entre un certain nombre de cabines grâce à un central d'échange. Le standard possède une capacité de 50 lignes, les postes connectés étant un certain nombre cabines de 1ère Classe, les cabines des employés responsables, et divers offices. Le central est prévu pour donner un signal lumineux lorsqu'un appel est effectué, et en plus de l'habituel signal sonore, un appel vocal peut être émis vers le central depuis chaque poste qui lui est relié, de sorte que la rapidité de fonctionnement soit assurée.

 


Le standard téléphonique

 

Description: Le combiné téléphonique repose à l'avant du meuble. Juste derrière, se trouve une tablette retenant les fiches de connexion. Sur le panneau mural, se situent les arrivées des 50 lignes intérieures, signalées par une lampe, que l'opérateur relie deux à deux afin d'établir les communications demandées. Au-dessous, on voit deux plaques indicatrices identifiant les postes desservis par l'installation.

L'utilisateur, dans l'une des cabines, doit simplement prendre le combiné téléphonique et indiquer sur-le-champ à quel poste il souhaite parler et un opérateur, au standard, effectue la consigne.
L'opérateur, voyant une lampe rougir correspondant au poste appelant, effectue alors la connexion entre le poste appelant et le poste demandé, remédiant de cette façon au délai habituel en communiquant avec l'appelant.

Le central téléphonique, fabriqué par la compagnie Alfred Graham & Co. dans ses ateliers londoniens de Crofton Park, est situé sur le pont C (3 niveaux sous le pont des embarcations), dans l'une des deux petites salles se trouvant à l'avant des ascenseurs de 1ère Classe et repérées "S" (Service Room) sur le plan.
Aucun document n'indique précisément de laquelle de ces deux salles il s'agit. Probablement est-ce celle située vers bâbord (colorée en rose sur le plan), l'autre étant affectée au stockage de produits de nettoyage et divers.

En principe, les centraux téléphoniques étaient situés aussi près que possible du "centre de gravité électrique" du système, de manière à réduire les longueurs de câbles. On peut donc penser, en effet, que cette salle "S", à laquelle sont reliés des postes téléphoniques allant du pont des embarcations jusqu'au pont Orlop (c'est à dire allant jusqu'à 3 niveaux au-dessus et 5 niveaux au-dessous), est bien un emplacement nodal pour le système téléphonique interne.

 


Emplacement du standard téléphonique sur le pont C
(probablement la salle "S" colorée en rose)

 

On ignore quelles étaient précisément les cabines qui étaient équipées d'un poste téléphonique. Il devait probablement s'agir des appartements de luxe et de certaines suites et cabines de 1ère Classe situées sur les ponts A à C. Il est aussi possible que les salons aient été équipés.

L'alimentation en courant est fournie par le circuit, comme dans le cas du système de navigation, et le commutateur automatique et la batterie de secours sont enfermés dans le coffret du standard. Les postes téléphoniques de toutes les cabines sont de type intermédiaire à pavillon de Graham, et comprend un combiné avec un bouton poussoir circulaire en métal et un boîtier terminal.

 


Poste téléphonique de cabine

Sur la garniture, est indiqué:   Traduction:
TO CALL DISTANT STATION
PRESS PLUNGER
  Pour appeler un poste distant
presser le plongeur
PATENT NAVYPHONE   Breveté NAVYPHONE
ALFRED GRAHAM & CO LONDON   Alfred Graham & Co Londres

 

Pour la majorité des postes, les garnitures sont argentées, et pour les autres, elles sont en laiton poli et laqué.

Le câblage du système à été conçu selon un principe certifié, et des boîtes de jonction ont été installées de manière à faciliter le contrôle et l'extension de l'installation.

En plus du système d'échange, un groupe distinct de circuits est installé sur le pont D pour assurer des communications directes entre:

Ces téléphones sont identiques à ceux du système d'échange.

Dans l'office de 1ère Classe, un commutateur à 3 directions et un boîtier indicateur sont installés, et dans la boulangerie et l'office de 2ème Classe, un commutateur à 2 directions et des indicateurs.
Les téléphones et leurs garnitures ont été fabriqués par Messrs. Alfred Graham & Co dans leurs ateliers de Crofton Park, à Londres et les travaux d'utilisation à bord ont été réalisés par leur propre personnel.

Lawrence Alexander Perkins était le Steward de 1ère Classe en charge du standard téléphonique.
Né dans le Hampshire et demeurant à Southampton, il était âgé de 22 ans. Il avait servi sur l'Olympic avant d'être standardiste sur le Titanic, et percevait un salaire mensuel de 3£ 5s.
Perkins périt dans le naufrage. Son corps, s'il fut retrouvé, ne fut jamais identifié.

 

Le R.M.S. Titanic

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