Kitty, Sun Yat-Sen, Frou-Frou, Gamin de Pycombe, Lady et les autres ...
Le 10 Avril 1912, à Southampton, un chien resta cependant à quai. Et pour cause ! Il portait sur son dos deux sacoches où l'on pouvait y déposer une obole au profit des familles des marins perdus en mer. |
Certains visiteurs pourront considérer que le sujet traité ici est quelque peu déplacé face à la tragédie humaine qui se déroula une nuit d'Avril 1912. Leur désapprobation sera légitime.
Et pourtant ...
La vie des passagers ainsi que leurs habitudes ne se
sont pas arrêtées sur les quais d'embarquement des villes de
Southampton, Cherbourg ou Queenstown, mais se sont poursuivies
dans la "ville flottante" qu'était le "paquebot
de rêves" et ce, jusque dans les eaux glacées de
l'Atlantique Nord.
Les animaux faisaient partie de leur vie domestique et même
professionnelle.
C'est ainsi que certains passagers étaient accompagnés de leurs animaux de compagnie. D'autres personnes, passagers accompagnants ou non, avaient utilisé le Titanic comme moyen de transport de quelques animaux à destination de Cherbourg ou des Etats-Unis.
La présence d'animaux à bord est incontestable: preuves et témoignages l'attestent ...
Les animaux ... |
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Des chats étaient souvent emmenés à bord des navires. Une croyance les disait, en effet, porteurs de bonne chance et, de surcroît, ils y chassaient les éventuels rongeurs.
Malheureusement, aucun chat ne se trouvait à bord du Titanic pendant son unique voyage. Peut-être était-ce un signe de mauvais sort ...
Pourtant, avant le départ du Titanic, une chatte baptisée "Mouser" ("Souricière" ou encore "Attrape-souris") selon certains, ou "Jenny" selon d'autres comme l'hôtesse de 1ère classe Violet Jessop, avait fait du navire, son territoire. Dans ses mémoires, Violet Jessop raconta:
"Jenny, la chatte du navire, faisant partie de l'équipage, s'était aussitôt déniché un coin confortable, changeant ses habitudes de Noël sur les précédents navires pour offrir au Titanic une portée de chatons, en Avril. Elle installa sa progéniture près de Jim, le souillon de cuisine [probablement John Collins, 17 ans], dont elle cherchait toujours l'approbation, vu les circonstances, et qui lui manifestait un chaleureux attachement".
Mais un événement eut lieu, qui vint jeter le trouble ...
Le chauffeur Jim "Big Joe" Mullholland (chargé de la conduite et de la surveillance d'une chaudière) avait été engagé à Belfast par la White Star Line pour participer aux essais du navire et le conduire à Southampton. Amoureux des chats, il eut pitié d'une chatte tigrée qui attendait des petits et qu'il avait trouvée, errant sur les quais de Belfast. Il l'amena à bord et l'installa dans une boîte en bois, dans une soute à charbon.
Arrivé à Southampton, il resta à bord quelque temps à s'occuper de Mouser, se demandant s'il devait s'engager sur le Titanic pour faire la traversée jusqu'à New York, ou rejoindre un tramp, ce qui lui assurerait plusieurs mois de travail.
Un jour, un autre marin, regardant par-dessus bord, vit la chatte quitter le paquebot par l'échelle de coupée tout en descendant ses 4 chatons un par un, les déposer sur le quai, et abandonner le navire. L'homme appela aussitôt Mulholland et lui dit: "Regarde, Big Joe. C'est ta chatte qui descend ses petits par l'échelle de coupée". Mulholland lui répondit: "Ma décision est prise". Big Joe pensa, à cet instant, que Mouser connaissait la meilleure solution et il suivit son exemple: il prit son balluchon, quitta le Titanic, trouva un tramp et vécut heureux.C'est quelques jours plus tard qu'il fit ce récit à un journaliste de l'Irish News. Il le confirma en 1962 au Sunday Independant, à l'occasion de la centième commémoration du naufrage. Il expliqua que Mouser "savait quelque chose et qu'elle avait décidé que le Titanic n'était pas un endroit pour qu'elle et sa famille y passent leur vie".
Encore un mauvais présage ... mais aussi un marin qui eut la vie sauve grâce à un chat.
Sortie des chiens près du chenil d'un paquebot, en 1922
La présence des chiens sur les paquebots de la White Star Line n'était acceptée que pour les passagers de 1ère classe et était payante: de 10 $ à 25 $ (ou de 2 £ à 5 £) par traversée, selon l'animal.
On ignore exactement combien de chiens, accompagnant leurs maîtres, se trouvaient à bord du Titanic: ils n'ont pas été recensés.
Ils étaient cependant nombreux et de toutes races (airedales, bouledogues, chows-chows, loulous de Poméranie, terre-neuve, épagneuls King-Charles, etc ...) à tel point qu'un défilé canin était prévu le Lundi 15 Avril après-midi, à l'initiative du passager de 1ère classe Samuel Goldenberg, sur le conseil de son épouse Nella.
Malheureusement, ce concours n'eut pas lieu car le sort en décida autrement ...Samuel Goldenberg, cynophile réputé, éleveur d'épagneuls King Charles et de dogues, avait fondé la Société Canine de Savoie, en Italie, et le Club du Dogue Français, à Paris. Juge international dans les concours canins, il se rendait à New York car on venait de lui demander d'être l'un des juges du concours de dogues qui devait se dérouler le 20 Avril à l'Hôtel Waldorf-Astoria.
Samuel et Nella Goldenberg, qui n'étaient pas accompagnés de leurs animaux favoris à bord du Titanic, échappèrent au naufrage à bord du canot N° 5.
Samuel et Nella Goldenberg
Le peintre et essayiste américain Francis David Millet, voyageant en 1ère classe, écrivit une lettre à un ami.
Dans cette lettre postée de Queenstown, Francis Millet se plaignait, en ces termes, de ses compagnons de voyage:
"Beaucoup de gens curieux parmi les passagers et, notamment, une kyrielle d'Américaines absolument odieuses, pleines de morgue; des pestes qui empoisonnent les lieux qu'elles fréquentent, bien pires à bord d'un bateau qu'à terre."
Et, ayant observé nombre de passagers qui avaient amené leurs animaux avec eux, il ajoutait:
"La plupart d'entre elles sont affublées de minuscules chienchiens, mais ce sont leurs maris qu'elles tiennent fermement en laisse, comme des agneaux bêlants."
Sur le Titanic, les passagers de 1ère classe pouvaient être accompagnés de leurs chiens dans leurs cabines mais disposaient aussi d'un chenil composé de niches et qui était installé sur le pont F, derrière les cuisines de 3ème classe. Les chiens y étaient alors confiés aux soins du boucher des cuisines, le mieux placé pour les nourrir.
Bien que le paquebot fut flambant neuf et très propre, les niches ne furent pas jugées assez dignes pour certains passagers.
Selon certaines sources, il est possible que les plans initiaux du Titanic aient été modifiés et que le chenil ait occupé un local ouvrant sur le pont des embarcations, facilitant ainsi l'accès des chiens à l'extérieur.Les maîtres pouvaient chaque jour promener eux-mêmes leurs chiens sur le pont, ou confier leur promenade aux stewards.
Parmi tous les chiens du bord, 3 seulement furent sauvés du naufrage.
Voici de ce qu'il advint de quelques uns ...
- "Kitty" était la chienne airedale appartenant au richissime Colonel John Jacob Astor et à sa jeune épouse Madeleine.
Kitty et son maître étaient deux compagnons inséparables sur terre comme sur mer et leurs deux silhouettes étaient familières sur la 5ème Avenue de New York où le couple avait une résidence. Les Astor avaient donc emmené Kitty tout au long de leur voyage qui les avaient conduits en Europe et en Egypte.
Au moment du naufrage, J. J. Astor aida Madeleine, qui était enceinte, à monter dans le canot de sauvetage N° 4.
J. J. Astor ne put l'accompagner, cela lui ayant été interdit par les Officiers de bord. Il resta donc sur le navire.
On dit qu'ensuite, le dernier acte d'Astor, héroïque, fut de descendre rapidement au chenil, sur le pont F, à côté des cuisines de 3ème classe. Là, il libéra sa chienne, Kitty, ainsi que les autres chiens en cage.
Madeleine Astor, récupérée par le Carpathia, rapporta plus tard que, alors qu'elle regardait le bateau depuis le canot N° 4 dans lequel elle avait pris place, essayant d'apercevoir son mari resté sur le navire, elle vit Kitty courant sur le pont, tandis que le Titanic s'enfonçait, l'avant de plus en plus bas ...
John Jacob Astor et Kitty périrent tous deux dans le naufrage.
Selon Nella Goldenberg, les Astor auraient été accompagnés d'un second chien, probablement aussi un airedale. Aucun élément ne vient cependant confirmer ce témoignage.
John Jacob et Madeleine Astor
Après la catastrophe, Madeleine Astor raconta que Kitty s'était perdue lors d'une croisière sur le Nil, pendant le voyage que le couple avait effectué en Egypte.
Lors d'une escale, Kitty s'était délibérément éloignée de son maître pour aller vagabonder. Le Colonel Astor fut profondément affecté par la disparition de sa chienne et passa des heures à la chercher. Même lorsqu'il dut abandonner ses recherches et regagner le bateau sur le Nil, il fit appel à nombre d'autochtones pour la retrouver, promettant une généreuse récompense à qui la ramènerait. Il n'y eut aucune nouvelle de Kitty jusqu'au voyage de retour quand, en dépassant un autre bateau, Astor aperçut Kitty qui prenait à bord le chemin du retour. Le bateau des Astor fut arrêté et Kitty retrouva son maître dans de joyeux aboiements. Kitty portait un collier sur lequel étaient gravés son nom, celui du Colonel et l'adresse "N° 840, 5ème Avenue, New York". Elle s'était retrouvée à bord du mauvais bateau, ramenée par d'autres riches Américains qui savaient à qui la chienne appartenait et recherchaient les Astor pour la leur rendre. Après cet événement, elle fut l'objet d'une surveillance plus attentive et plus tard, à bord du Titanic, elle dormit même dans la suite des Astor.
- "Sun Yat-Sen", du nom de l'homme politique chinois (1866-1925) fondateur de la Chine moderne, était le chien pékinois de Henry Sleeper Harper (dont la famille possédait une maison d'édition) et de son épouse Myra. Les Harper n'avaient pas d'enfant.
Ils avaient acheté leur chien à Paris, lors de leur voyage en Europe.
John Pierpont Morgan, propriétaire de la White Star Line, qui avait annulé sa traversée sur le Titanic car il était parti prendre les eaux à Aix-les-Bains (on dit qu'il y était aussi en galante compagnie), aurait été ravi de la présence à bord de Sun Yat-Sen car il était un fervent admirateur des pékinois: chaque année, la coupe Pierpont Morgan était décernée au plus beau pékinois lors de l'exposition de la Pekin Palace Association, club très fermé de propriétaires, qui se tenait à Chelsea.
Au moment du naufrage, les Harper et leur chien furent tous autorisés à monter ensemble dans le canot N° 3.
Ils furent sauvés par le Carpathia.
- "Frou-Frou" était la petite chienne (race inconnue) que Helen Walton Bishop, 19 ans, avait acheté à Florence, en Italie, pendant son voyage de noces avec son mari Dickinson H. Bishop, 25 ans.
Helen Bishop avait eu l'autorisation de garder son chiot dans leur cabine B49 pendant le voyage.
Pourtant, au moment du naufrage, Helen l'y laissa le coeur fendu. Le chiot venait de déchirer l'ourlet de sa robe en jouant ou, peut-être, avait-il voulu suivre sa maîtresse ...
Elle pensa "qu'on n'éprouverait que peu de compassion pour une femme portant un chien dans ses bras, alors qu'on devait sauver la vie des femmes et des enfants".
Toute sa vie, elle raconta comment la petite chienne s'était accrochée à sa robe, la suppliant de ne pas la laisser.
Le couple Bishop fut sauvé dans le canot N°7.
Helen Walton Bishop
Le quotidien Dowagiac Daily News (Michigan), dans son édition du 20 Avril 1912, rapporta avec détails le témoignge de Helen Bishop:
"J'avais le coeur brisé d'abandonner ma petite chienne Frou-Frou dans ma cabine. Je l'avais achetée à Florence, en Italie. Le steward ne voulait pas me laisser la conduire chez le boucher. Il disait qu'elle était trop mignonne, et qu'elle était la seule à pouvoir rester dans une cabine. Je lui avais confectionné une petite niche dans notre chambre, derrière deux de mes valises, mais lorsque je me suis apprêtée à partir, elle a déchiré ma robe en morceaux en tirant dessus. Je me suis rendue compte, pourtant, qu'il n'y aurait guère de compassion pour une femme portant un chien dans ses bras, alors qu'il y avait la vie des femmes et des enfants à sauver".
Nota: Les chiens étaient confiés aux soins du boucher de 3ème Classe.
"Gamin de Pycombe" était le bouledogue français de concours, acheté en Angleterre et appartenant au banquier américain Robert Williams Daniel, 27 ans.
Ce chien bringé (à la robe de tonalité rouge traversée de bandes de poils noirs) était né en Angleterre, le 24 Janvier 1910, dans l'élevage de Gwendoline Romilly, fils de "Charlemagne of Amersham" (bouledogue né en France, importé en Angleterre, et champion en Angleterre et aux Etats-Unis) ) et de "Etincelle" (née en Angleterre).
Le bouledogue français était une race très en vogue au début du XXème siècle: apprenant que cette race était la préférée des "Belles de Nuit" françaises, le milieu huppé international l'avait adoptée et mise à la mode afin d'illustrer son esprit avant-gardiste.
Selon certains récits, c'est dans la coursive du pont A que la passagère de 1ère Classe Edith Rosenbaum "Russell" rencontra le chien et le caressa. C'est, en effet, sur ce pont que sa cabine était voisine de celle de Robert Daniel.
Cependant, dans le récit qu'elle fit en 1934, Edith Russell déclara: "En montant sur le pont, j'ai vu que la porte de la cabine d'un ami était ouverte. Cet ami venait juste d'acheter un magnifique bouledogue en France, et il gémissait et aboyait. Je me souviens l'avoir pris, fait rentrer sous les couvertures du lit et lui avoir caressé la tête".
En 1966, Edith Russell déclara à nouveau: "Le chien était effrayé, aussi je l'ai caressé et je l'ai déposé sur le lit. Il a été très obéissant, s'est assis et m'a regardée gentiment alors que je fermais la porte. J'ignorais que nous étions en grand danger car, sinon, je l'aurais emmené avec moi".
Alors que les passagers, qui avaient reçu l'ordre de s'équiper de leur gilet de sauvetage, se dirigeaient sur le pont pour évacuer le navire, Gamin de Pycombe se serait donc trouvé non pas dans le chenil mais dans la cabine de son maître.
Certains considèrent que Robert Williams Daniel est l'homme qui libéra les chiens dans le chenil. Cependant, il ne confirma jamais ce fait qui n'est probablement pas avéré.
Pendant que le navire coulait, le passager américain de 1ère classe Richard Norris Williams, 21 ans, tennisman accompli, se débattait dans l'eau glacée quand, à sa stupéfaction, il se trouva face à face avec le bouledogue Gamin de Pycombe qui faisait de même. Il fut convaincu d'avoir été victime d'une hallucination jusqu'à ce qu'un autre passager lui raconte, plus tard, à bord du canot qui les avait repêchés, qu'il s'était rendu au chenil lorsque les derniers canots s'étaient éloignés et qu'il avait libéré tous les chiens pour leur éviter de mourir noyés dans leur cage.
Ce rescapé ne pouvait être John Jacob Astor puisqu'il périt. Peut-être, cet autre passager avait-il aidé John Jacob Astor à libérer les chiens ...
Après le naufrage, Robert Williams Daniel, rescapé, réclama 750 dollars de dédommagement pour la perte de son champion Gamin de Pycombe.
Robert Williams Daniel
et "Gamin de Pycombe"
Eva Hart, une fillette âgée de 7 ans qui voyageait en 2ème classe, était tombée folle amoureuse de Gamin de Pycombe en le voyant se promener sur le pont arrière du paquebot. Toute sa vie, elle conserva pour cette race une affection particulière.
- "Lady" était une petite chienne loulou de Poméranie qui accompagnait Miss Margaret Bechstein Hays, 25 ans, et que sa maîtresse avait achetée à Paris
Au moment du naufrage, Margaret Hays quitta sa cabine après avoir enveloppé son petit chien dans des couvertures. Elle monta sur le pont des embarcations, enfila un gilet de sauvetage et attendit les instructions tout en tenant son chien dans ses bras.
Un passager nommé James Clinch Smith la croisa et lui dit en plaisantant "Oh, je suppose que nous devrions aussi mettre un gilet de sauvetage au petit chien".
Tenant toujours son loulou de Poméranie, Margaret Hays monta à bord du canot N° 7 et tous deux furent sauvés par le Carpathia.
Margaret Bechstein Hays
- Un autre loulou de Poméranie accompagnait Mr et Mrs Martin Rothschild. Mr Rothschild était fabricant de vêtements à New York.
Au moment du naufrage, Mrs Rothschild prit place dans le canot N° 6 et personne ne fit attention au chien qu'elle avait avec elle. Ce n'est que le matin du 15 Avril, quand il fit jour, que le chien fut découvert.
Lorsque le canot accosta le Carpathia, les membres de l'équipage refusèrent d'abord de prendre le chien à bord. Mrs Rothschild protesta en disant qu'elle ne quitterait pas le canot tant que son chien ne serait pas en sécurité avec elle. Elle prit donc le chien et fut hissée à bord du Carpathia.
On ne parla pas beaucoup du fait que le chien de Mrs Rothschild avait été sauvé, surtout parce que son mari avait, lui, sombré avec le Titanic.
Le sort du chien demeure ensuite un mystère. Les descendants de Mrs Rothschild déclarèrent, des années plus tard, que son chien mourut à New York lors d'une bagarre avec un autre chien, peu de temps après la catastrophe. D'autres prétendent que le chien fut écrasé sous les roues d'une voiture au milieu de la confusion qui régnait sur le quai lors de l'arrivée à New York.
Mrs Martin Rothschild
- Un vieil airedale et un épagneul King-Charles avaient pour jeune maître William Thornton Carter, 11 ans, qui accompagnait ses parents William Ernest et Lucile Carter et sa soeur Lucile.
Les Carter emmenaient aussi aux Etats-Unis leur voiture Renault modèle 1912, flambant neuve.
Au moment du naufrage, William Thornton Carter monta avec sa mère et sa soeur dans le canot N° 4, récupéré ensuite par le Carpathia. Mais il dut abandonner ses chiens sur le navire ...
Son pére, William Ernest Carter, embarqua plus tard à bord du radeau pliable C.
Après le naufrage, William Ernest Carter réclama un dédommagement de 200 $ et 100 $ pour la perte des 2 chiens.
William Thornton Carter n'aima jamais parler de la catastrophe du Titanic, non pas à cause de la perte des vies humaines ou de la tragédie dans son ensemble. C'est plutôt parce que, garçonnet de 11 ans, il n'avait jamais oublié qu'il avait dû abandonner son vieil airedale encore en laisse.
Le 2ème Officier Lightoller n'aurait pas permis aux chiens de monter dans le canot avec le reste de la famille. Le jeune Carter pleura mais fut rassuré par le Colonel Astor qui lui dit qu'il prendrait soin de ses chiens.
La dernière fois que William Thornton Carter vit son airedale fut lorsque John Jacob Astor le tint en laisse.
C'est peut-être ce fait qui fut à l'origine de la rumeur selon laquelle J. J. Astor se rendit au chenil pour libérer les chiens qui s'y trouvaient.
William Thornton Carter
- Outre ses 14 malles, 4 valises et 3 caisses, la milliardaire américaine Charlotte Drake Cardeza aurait aussi emmené 34 pékinois qu'elle dut abandonner lors du naufrage.
Il s'agit là d'une hypothèse qui n'a pu être confirmée.
Charlotte Drake Cardeza
- Un chow-chow accompagnait Harry Anderson, 47 ans, agent de change de New York, qui revenait d'un voyage d'affaires et d'agrément en Angleterre.
Anderson avait laissé son épouse Florence aux Etats-Unis, et le couple n'avait pas d'enfant.
Harry Anderson fut sauvé à bord du canot N° 3 puis du Carpathia. Son chow-chow, qu'il avait acheté 50 dollars, ne survécut pas au naufrage. Il réclama la somme à la White Star Line.
- William Crothers Dulles, 39 ans, procureur à Philadelphie, rentrait d'un voyage en Europe accompagné d'un chien de race inconnue (peut-être un loulou de Poméranie ou un fox terrier).
Tous deux périrent dans le naufrage.
- Miss Ann Elizabeth Isham, 50 ans, dont le père avait créé un cabinet juridique avec le fils du Président assassiné Abraham Lincoln, aurait voyagé en compagnie de son chien, un danois, auquel elle rendait visite tous les jours au chenil.
Certains témoins dirent qu'elle refusa de monter dans un canot de sauvetage sans son chien, ce qui provoqua sa disparition.
Ann Elizabeth Isham
- Selon des témoins, alors que l'on remplissait les canots de sauvetage, une femme se présenta sur le pont des embarcations, en compagnie d'un grand danois. Elle supplia que l'on ne les sépare pas. On lui répondit que c'était impossible car la vie des femmes et des enfants devaient être préservées avant tout. On la pressa de saisir l'occasion de sauver sa propre vie et d'abandonner son compagnon. Elle refusa de le quitter et se sacrifia avec lui.
- James Bisset, 2ème Officier du Carpathia raconta que lorsque l'un des canots accosta le Carpathia, une rescapée fut hissée sur une chaise de calfat. Il remarqua que, sous son manteau de fourrure, elle était en chemise de nuit et dissimulait ce qu'il prit d'abord pour un bébé et qui était, en réalité, un petit chien. Plus inquiète pour l'animal que pour elle-même, la femme lui recommanda: "Faites bien attention à lui !".
- Lorsque le paquebot Allemand Bremen passa quelques jours plus tard sur le site du naufrage, des passagers auraient remarqué le corps gelé d'une femme serrant un chien dans ses bras. Mrs Johanna Steinke, passagère allemande de 1ère Classe du Bremen déclara plus tard à la presse: "Nous vîmes le corps d'une femme, vêtue seulement de ses vêtements de nuit, étreignant un bébé contre sa poitrine. A proximité, il y avait une femme, serrant dans ses bras un chien hirsute ...".
Il n'existe cependant aucune preuve venant confirmer qu'il s'agissait bien de Ann Elizabeth Isham.
- Ils auraient pu être à bord ...
Les nombreux chiens de Lady Duff Gordon eurent la chance de ne pas embarquer sur le Titanic. Elle possédait, en effet, 3 pékinois, 3 chows-chows et un airedale appelé "Bobbie". Son époux, Sir Cosmo Duff Gordon, pair d'Angleterre, avait aussi un St.-Bernard qu'il n'emmena pas.
L'un des chows-chows, "Mahmud", fut l'une des mascottes de la Croix Rouge Française au début de la 1ère Guerre Mondiale.
Mais celui qui eut la plus grande chance fut le plus âgé des pékinois de Lady Duff Gordon et son chien favori, "Mr. Futze" surnommé "Footsie".
Il accompagnait toujours sa maîtresse dans ses voyages, pourtant Lady Duff Gordon le laissa à contrecoeur dans sa résidence parisienne, sous la garde de sa femme de chambre, Rachel.
Ne partant faire qu'un bref voyage d'affaires à New York où elle possédait une boutique de mode, Lady Duff Gordon avait jugé que Footsie serait beaucoup mieux à gambader dans le jardin où à quémander auprès de la table dressée pour le thé.
S'il avait été du voyage, peut-être que Footsie aurait pu accompagner Lady et Sir Cosmo Duff Gordon à bord du canot N° 1 où de nombreuses places étaient inoccupées. Qui sait ?.
Lady Duff Gordon et Bobbie
Clarence Moore, richissime homme d'affaires voyageant en 1ère classe et qui se rendait à Washington, venait d'acheter en Angleterre, 50 couples de chiens de chasse pour sa meute personnelle de Loudoun, en Virginie. Heureusement, ceux-ci n'étaient pas du voyage.
Clarence Moore
- Légendes ou réalités ?
1. Quelque temps après le naufrage du Titanic, Jonas Briggs, l'un des marins du Carpathia raconta et vendit même l'histoire suivante:
"Alors que le Titanic descendait vers sa tombe au fond de l'Atlantique, le grand terre-neuve noir du 1er Officier William Murdoch explorait les eaux glacées, aboyant énergiquement après un maître qui n'apparaîtrait plus (on ne retrouva jamais son corps).
Le Carpathia arriva au plus vite sur les lieux du naufrage. Pressé de retrouver des survivants, le Carpathia fila directement vers le canot N°4, sans se soucier de la présence du chien dans l'océan. Les passagers du Titanic, transis de froid, n'avaient plus assez de forces pour hurler vers leurs sauveteurs. "Rigel", qui barbotait en avant du canot N°4, se mit à aboyer continuellement, ce qui alerta le Commandant Rostron du Carpathia. Toutes les machines furent immédiatement stoppées et l'échelle de coupée fut abaissée. Rigel guida alors le canot vers le salut. Lorsque Rigel fut à bord du Carpathia, il ne parut pas avoir été marqué par cette épreuve et continua à aboyer après son maître disparu, jusqu'à ce qu'on le descendit pour lui donner de la nourriture et des soins."
Il semble pourtant démontré aujourd'hui que William Murdoch ne possédait pas de chien, ce que confirma son épouse Ada.
D'autre part, on peut réellement douter qu'un chien ait pu survivre plusieurs heures dans les eaux glaciales de l'Atlantique, tout en aboyant.
Laissons donc, malheureusement, ce témoignage à la légende ...
2. Dans les jours qui suivirent le naufrage, certains journaux publièrent une photographie du Commandant Smith, tenant en laisse un barzoï.
Méconnue et très peu répandue à l'époque, cette race était la favorite de la famille impériale russe.
Comment Smith put-il posséder un barzoï, comme le laisse penser ce fameux cliché ?
Le Commandant Smith
tenant en laisse un barzoï
Il est aujourd'hui tenu pour acquis que ce lévrier n'était pas un cadeau du Tsar Nicolas II ni de la famille impériale et que le Commandant Smith n'était pas propriétaire d'un barzoï. Comment, alors, Smith est-il venu à tenir ce chien en laisse ?
La photographie fut prise en Juin 1911, à bord de l'Olympic, pendant son voyage inaugural. Il semblerait que le paquebot ait transporté vers l'Amérique une "princesse russe" et que celle-ci aurait laissé le Commandant poser avec son chien. La réponse précise ne sera sans doute jamais apportée de manière définitive. Il est certain, en tout cas, que Smith n'était pas accompagné d'un chien à bord du Titanic, comme on a parfois pu le lire.
3. Bien qu'il ne s'agisse pas de la gent canine, il convient de signaler que, peu après la catastrophe, certains journaux écrivirent que le Titanic était équipé d'une étable et que la traite des vaches permettait aux passagers de 1ère classe de consommer du lait frais au petit déjeuner.
Pure affabulation ! Il n'y eut jamais d'étable à bord du Titanic, pas plus qu'à bord des autres paquebots de l'époque.
Pourtant, certains navires, qualifiés de "paquebots des pauvres", emportaient leur propre bétail, qui était abattu pendant la traversée, mais le Titanic était équipé de chambres froides permettant de conserver les denrées périssables.
Donc, point d'étable, pas plus que de porcherie, sur le Titanic.
S'il n'existait pas de chat à bord, il s'y trouvait cependant quelques volatiles.
L'un d'eux était un canari, embarqué dans sa cage à Southampton, et qui fut débarqué, avec d'autres marchandises, à Cherbourg, lors de l'escale du 10 Avril 1912.
Il était la propriété d'un certain Mr Meanwell qui demeurait en France et avait payé 5 shillings pour son transport.
Mr Meanwell désirait, en effet, faire venir d'Angleterre son précieux canari. Il avait demandé au Commissaire de bord McElroy de bien vouloir le lui ramener de Southampton à Cherbourg. Selon les témoignages, McElroy était ravi d'avoir pour compagnon de voyage cet oiseau en cage qui pépiait dans son bureau.
Le voyage du canari ne dura que quelques heures et un triste sort lui fut ainsi épargné. Ce ne fut malheureusement pas le cas de McElroy qui périt dans le naufrage, 5 jours plus tard.
Outre le canari, d'autres volatiles étaient du voyage, cette fois à destination de New York.
Confiés aux soins du boucher de 3ème classe, comme tous les animaux domestiques, ils se trouvaient dans des caisses confortables et soigneusement marquées (pour éviter qu'ils ne finissent à la cocotte), installées près des niches de chiens, sur le pont F, derrière les cuisines de 3ème classe.
Autant dire que leur sort fut moins heureux ...Dans la cabine E101, en 2ème classe, Miss Edwina Celia Troutt (devenue par la suite, Mrs Edwina Mc Kenzie), bavardait avec ses compagnes de voyage, Nora Keane et Susan Weber.
Un soir, avant d'aller se coucher, Nora raconta sa conversation avec une autre passagère, Nellie Hocking, de Cornouailles.
Cette dernière lui avait dit que, à la tombée de la nuit, elle avait entendu un coq chanter, ce qui dans le folklore de Cornouailles, est le signe d'un désastre imminent ("... Bien sûr que c'est vrai. Ecoutez ! Vous pouvez presque l'entendre vous-même !").
Il est bien possible que Nellie et ses compagnes de chambre aient entendu un coq chanter.
En effet, Miss Marie Grice Young revenait de Paris où elle avait acheté des volailles vivantes au Jardin des Plantes: deux coqs français primés et deux poules. Miss Young partageait une cabine de 1ère classe avec Mrs John Stuart White. Toutes deux regagnaient la propriété de Mrs White située à Briarcliff, dans l'état de New York.
Miss Marie Grice Young et Mrs John Stuart White
Tous les jours, Miss Young descendait de sa cabine du pont C pour voir ses coqs et ses poules qui se trouvaient dans des caisses, elles aussi confortables et soigneusement étiquetées, près des niches des chiens, sur le pont F. Les poules pondirent quelques oeufs et Miss Young récompensa quotidiennement d'une pièce d'or le jeune charpentier John Hutchinson qui veillait sur sa basse-cour. Hutchinson lui en fut très reconnaissant et s'exclama: "Cela porte chance de recevoir de l'or pendant une première traversée".
Ce fut Mrs John Stuart White qui, parmi les biens qu'elle perdit dans le naufrage, réclama un dédommagement de 207,87 $ pour la disparition de "volaille vivante, coqs et poules".
Mrs Elizabeth Nye, passagère anglaise rescapée de 2ème classe et membre de l'Armée du Salut, raconta qu'après avoir débarqué du Carpathia, elle remonta sur le navire sauveteur pour retourner chercher quelque chose qu'elle avait laissé. Chose incroyable, elle revint avec un canari dans une cage de laiton, tout ébouriffé mais chantant toujours. La petite créature avait-elle survécu au terrible naufrage et accompagné Mrs Nye dans un canot de sauvetage ? Mrs Nye ne confirma cependant jamais clairement cette histoire.
Mrs Elizabeth Nye
Mrs Charles Stengel, passagère américaine de 1ère classe, réclama après le naufrage la somme de 150 dollars pour la perte de son "oiseau de paradis". On ignore, cependant, s'il s'agissait d'un véritable oiseau ou bien d'un bijou.
Mrs Charles Stengel
Bien qu'étant un paquebot flambant neuf, le Titanic, dont le lancement avait eu lieu près d'un an auparavant, était le repaire de rats provenant des quais ou s'étant introduits avec le chargement de la cargaison. A cette époque, leur présence était courante sur les navires.
John Podesta, chauffeur comme Jim Mulholland, raconta que le Samedi 13 Avril, lui et un aide, William Nutbean, s'arrêtèrent d'alimenter les chaudières pour faire une pause. Ils se tenaient près de l'une des portes étanches et se trouvèrent à jeter un coup d'oeil au-devant. C'est alors qu'ils virent une demi-douzaine de rats, venant de la zone où la collision se produirait plus tard, filer à toute allure vers eux. Les deux hommes chassèrent les rongeurs à coups de pied alors qu'ils passaient à côté d'eux. Sur le coup, Podesta ne fit pas de cas de l'incident mais, après le naufrage, il déclara: "C'est vrai qu'ils peuvent sentir le danger". Il ne pouvait, en effet, s'empêcher de penser que les rats devaient savoir ce qui allait se passer dans la partie avant du navire et qu'il valait mieux qu'ils filent vers l'arrière pour tenter d'échapper au mauvais sort.
S'il n'y avait pas de chats à bord, la présence de l'un d'eux aurait été fort utile, notamment le soir du 14 Avril, dans le salon de 3ème classe: une soirée y était donnée après le dîner et, tout à coup, comme en témoigna Mary Katherine Gilnagh, 16 ans, un rat traversa la salle, interrompant les danses. Les garçons lui donnèrent la chasse alors que les jeunes filles poussainet des cris d'horreur ou d'excitation !
Charles Pellegrino, scientifique et écrivain américain qui a participé à plusieurs expéditions sur l'épave, estime que le Titanic était peuplé de 6000 rats !
Il ajoute, en outre, que 350 000 cafards et 2 billions d'acariens se trouvaient à bord !
Bien entendu, aucun de ces passagers clandestins n'a officiellement été enregistré comme rescapé, mais des millions d'acariens ont certainement embarqué dans les canots de sauvetage au milieu des vêtements et des couvertures ...