L'hymne final
Plus près de toi, mon Dieu !
"Infiniment d'eau ne peut
désaltérer l'amour
et tous les flots ne peuvent l'engloutir."
Inscription
gravée sur le monument édifié à la mémoire de
Isidor et Ida Straus
dans le cimetière Woodlawn, Bronx, New York.
Les derniers instants du Titanic. Les anges veillent au-dessus ... |
L'hymne "Plus
près de toi, mon Dieu !", (en
anglais: "Nearer, my God to
Thee !"), est souvent considéré
comme étant le dernier air joué par les musiciens du
Titanic.
Les témoignages des survivants sont, en effet,
contradictoires quant au dernier air qui fut joué.
Certains citent "Londonderry Air", d'autres la valse sentimentale, lente et émouvante "Songe d'Automne" très populaire dans les bals anglais de l'époque, d'autres (l'Opérateur Radio Harold Bride) le cantique "Automne", d'autres encore (le Major Arthur Peuchen) l'air de ragtime "Alexander's Ragtime Band".
Écoutez les extraits ...
Songe d'Automne |
Automne |
Alexander's Ragtime Band |
Cependant, c'est "Plus près de toi, mon Dieu !" qui est l'hypothèse (ou la légende) la plus communément admise par d'autres passagers et dont la presse de l'époque se fit l'écho.
Il existe différentes versions de cet hymne, toutes ont été composées sur des vers écrits en 1841 par le poète anglais Sarah Fuller Adams (1805-1848).
Sarah Fuller Adams
(1805-1848)
Une version
anglaise anglicane existe sur l'air Horbury composé en 1861 par John Bacchus Dykes
(1823-1876).
Les Méthodistes utilisent la musique d'accompagnement Proprior Deo composée par Sir Arthur Seymour
Sullivan (1842-1900), tandis qu'une version américaine
est chantée sur l'air Bethany écrit en 1859 par Lowell Mason (1792-1872).
John Bacchus Dykes (1823-1876) |
Sir Arthur Sullivan (1842-1900) |
Lowell Mason (1792-1872) |
S'il s'agit bien
du cantique joué par les musiciens du Titanic, laquelle
des 3 versions interprétèrent-ils ?
Le père de Wallace Hartley, le chef d'orchestre du
Titanic, avait été chef de choeur de l'église méthodiste
de Colne en Angleterre, où la famille habitait, et c'est
la version "Proprior Deo"
qu'il chantait couramment. On peut donc logiquement
supposer que c'est cette même version que joua
l'orchestre et dont les premières notes sont gravées
sur la pierre tombale de Wallace Hartley.
La
partition anglaise de Bethany
Écoutez les extraits ...
En France, la version la plus connue est Bethany, sur laquelle ont été adaptées les strophes :
Plus
haut, plus haut ! C'est le cri de ma foi : S'il faut courber la tête sous le glaive, Je veux encor que mon âme s'élève Plus près de toi, mon Dieu, plus près de toi ! Lorsque la nuit se fait autour de moi, Quand j'erre seul dans le désert immense, Que de mon âme encor ce cri s'élance : Plus près de toi, mon Dieu, plus près de toi ! Prends, ô mon coeur, les ailes de la foi, Vole au-dessus des monts et des vallées, Chante au travers des plaines étoilées : Plus près de toi, mon Dieu, plus près de toi ! Quand tu viendras, ô mon céleste Roi, Me recueillir dans ta pure lumière, Que je redise à mon heure dernière : Plus près de toi, mon Dieu, plus près de toi ! |
Après le naufrage du Titanic, cet hymne eut un succès extraordinaire puisque plus de 50000 partitions furent vendues en quelques semaines.
La partition française
Ci-dessous, les strophes du poème anglais écrit par Sarah Fuller Adams :
1. Nearer, my God to Thee, Nearer to Thee. E'en though it be a cross That raiseth me, Still all my song shall be. Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. 2. Though like the wanderer, The sun gone down, Darkness be over me, My rest a stone, Yet in my dreams I'd be Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. 3. There let my way appear Steps unto heaven; All that Thou sendest me In mercy given; Angels to beckon me Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. |
4. Then with my waking
thoughts Bright with Thy praise, Out of my stony griefs Bethel I'll raise, So by my woes to be Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. 5. Or if on joyful wing, Cleaving the sky, Sun, moon, and stars forgot, Upward I fly, Still all my song shall be, Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. 6. There in my Fathers home, Safe and at rest, There in my Saviours love, Perfectly blest; Age after age to be, Nearer, my God, to Thee, Nearer, my God, to Thee, Nearer to Thee. |
Partition anglaise en La bémol
éditée en 1923
(existait aussi en Fa et en Sol)
La controverse sur le dernier air réellement joué par l'orchestre du Titanic existera toujours, tant les opinions et les témoignages diffèrent.
Par exemple, Fred G. Vallance, qui fut chef d'orchestre sur le paquebot Laconia de la Cunard Line, expliqua en 1957 que, quel que soit le dernier air joué par les musiciens du Titanic, ce devait être un morceau qu'ils connaissaient tous, qu'ils pouvaient jouer dans le noir sur le pont incliné d'un navire et sans partition. Selon lui, l'hymne "Automne" ne remplissait pas ces conditions, pas davantage que "Proprior Deo" version méthodiste de "Nearer, my God to Thee !" que tous ne connaissaient pas, au contraire de la valse populaire "Songe d'Automne".
C'est pourquoi, ici, nous accepterons de suivre ce qui n'est peut-être qu'une légende.
Le 26 Avril 1912, salle du Trocadéro à Paris, un vibrant hommage fut rendu aux victimes du naufrage:
A
LA MEMOIRE DES DISPARUS 5000 personnes, hier soir, ont écouté debout le cantique: "Plus près de toi, mon Dieu !" Hier
soir, dans l'immense salle du Trocadéro, pleine à faire
craquer les gradins, avant l'audition du Requiem
de Berlioz, que devait diriger l'illustre chef
d'orchestre Weingartner, les choeurs anglais de la ville
de Leeds, pieusement accompagnés par l'orgue, ont chanté
lentement, gravement, profondément, le cantique désormais
célèbre Nearer my God to Thee
(Plus près de toi, mon Dieu !) que jouèrent à la
minute suprême les musiciens du Titanic. Le Journal, 27 Avril 1912 |