Une rocambolesque aventure posthume
Stanley
Hubert Fox, victime de la tragédie du Titanic,
fut aussi le centre d'une âpre polémique, après sa mort.
Stanley Hubert Fox |
Stanley Hubert Fox, 38 ans, né le 13 Avril 1874, habitait 38 Gregory Street à Rochester, dans l'État de New York, avec son épouse Cora et leurs deux enfants.
Travaillant à l'origine comme mécanicien, il avait
ensuite été choisi par son employeur, les Usines Gleason de
Rochester, comme l'un de ses représentants de commence.
En 1912, les Usines Gleason lui avaient confié la mission de
vendre leurs derniers modèles de machines à des constructeurs
automobiles, en Angleterre.
Il fit ainsi la traversée transatlantique pour aller négocier
à Birmingham.
Sa mission de négociation terminée avec succès, et muni du billet de 2ème Classe n° 229236 acheté pour la somme de 13 £ auprès de la Compagnie Grand Trunk, il embarqua sur le Titanic, à Southampton, pour le voyage de retour qui devait lui permettre de rejoindre sa famille, à Rochester.
Le 13 Avril 1912, le 3ème jour de la traversée, il fêta son 38ème anniversaire. D'humeur joyeuse, il était pressé de regagner son domicile.
La nuit du 14 Avril, à 23 h 40, au moment où le flanc tribord du Titanic racla l'iceberg, Stanley Fox jouait aux cartes dans le fumoir de 2ème Classe en compagnie d'amis de rencontre. Malheureusement le sort mit fin à la partie et nul n'ignore les conséquences tragiques.
Trois jours après le naufrage, le corps de Stanley
Fox fut retrouvé par le navire câblier Mackay-Bennett
et formellement identifié grâce aux effets personnels que
portait la victime.
Le Mackay-Bennet
ramena sa macabre cargaison de victimes le 30 Avril, dans le port
de Halifax.
Les effets personnels de Stanley Fox consistaient en:
Vêtements: | costume gris, pardessus gris. |
Objets personnels: | enveloppe avec lettre de crédit, calepin, étui à cartes, calepin, 2 £ en or, 65 $, billets en boîte, montre avec chaîne, stylo, montre en nickel, 11 shillings, 25 cents, peigne. |
Moins de 24 heures plus tard, son corps fut réclamé par Lydia Fox, qui se présenta comme belle-soeur de la victime et qui déclara être venue au nom de sa veuve, Cora Fox, laquelle était "prostrée à Rochester" et incapable de voyager, en raison de la nouvelle de la mort de son mari qu'elle avait apprise par télégramme.
Les officiels, convaincus de l'identité de Lydia Fox
et de son droit d'agir, ordonnèrent à sa demande le transport
du corps de Fox par train, le soir du 1er
Mai.
Une heure avant le départ du train, les autorités reçurent un
télégramme de Cora Fox exigeant que le corps de son mari ne
soit pas acheminé aux soins de Lydia, et que les effets
personnels soient conservés par les autorités.
Déconcertés, les officiels décidèrent de ne pas retenir le
corps, mais de garder les effets personnels, lesquels
consistaient principalement en la somme de 70 $ et en deux
montres.
La gare intercoloniale de
Halifax
Alors que le train avait quitté Halifax depuis
environ une heure, les agents de la White Star Line reçurent des
informations suggérant qu'une possible escroquerie, peut-être
à l'assurance, se perpétrait. Ils télégraphièrent immédiatement
à Truro, prochaine gare d'arrêt située à environ 100 km au
nord de Halifax, ordonnant que le corps soit descendu du train.
Comme le rapporta l'Evening News, "Mrs Lydia Fox, s'il
s'agit du nom de la belle-soeur, et si elle est effectivement une
belle-soeur, ignorait tout (le déchargement du corps). Elle le
croyait encore à bord, faisant route avec elle à destination de
Rochester".
Lydia Fox continua son voyage, ignorant donc que le corps ne se
trouvait plus à bord du train. On ne sait ce qu'elle devint par
la suite.
Train maritime
intercolonial reliant, entre autres, Halifax à Truro
Finalement, rien moins que Hiram Edgerton, le Maire de Rochester, télégraphia aux autorités canadiennes de Halifax, et ordonna que le corps soit envoyé à la veuve. Les autorités acceptèrent, et expédièrent également les effets personnels.
Arrivé à Rochester le 3 Mai 1912, la dépouille de Stanley Fox fut placée dans une chapelle ardente. Un service funèbre eut lieu à son domicile de Gregory Street, puis le corps fut inhumé dans le cimetière du Mont Hope (le "Mont Espoir"), à Rochester.
La tombe de Stanley Hubert
Fox
(Cimetière du Mont Hope, à Rochester)